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C'est le gouvernement
qui devrait avoir peur de son peuple, et
non l'inverse !
V for Vendetta
Si
tu es seul à
rêver,
ce n'est
qu'un rêve,
si vous rêvez à plusieurs,
c'est la réalité qui commence.
Chant populaire brésilien
Le blanc est
un significatif silence qu'il n'est pas moins
beau
de composer
que les vers.
S. Mallarmé
Rien n'est écrit.
T.E. Lawrence
Ses dents
largement découvertes signifient à tous que
le loup ne se nourrit pas que de rêves.
Henri Michaux
On n'a pas
encore découvert ce langage qui pourrait
exprimer d'un seul coup ce que l'on perçoit
d'un clin d'œil.
N. Sarraute
Je ne veux
que du magnifique et je ne travaille pas
pour le vulgaire des lecteurs
G. Bodoni
En typographie,
il n'y a qu'un seul degré de bien :
la perfection
Maximilien Vox
Il
n'est pas nécessaire d'être fou pour
travailler ici, mais ça aide
Jacques Bergier
Un intellectuel assis va moins loin
qu'une brute qui marche
M. Audiard
Bonjour,
je suis heureux de voir ici plus de chapeaux
de cowboys que de cravates
Georges W. Bush
Inter
Scientias, non minima est Typographica
Anonyme,
Graz 1673
Les
lettres, signes hiéroglyphiques que la matière
fait à l'esprit
Lamartine
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Décembre
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28/12/11 |
Book |
François Boltana |
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[François Boltana] Je
vous avais parlé il y a quelque temps d'un
livre paru aux Ateliers Perrousseaux
sous la plume de Franck Adebiaye et Suzanne Cardinal
et portant
le titre « François Boltana
et la naissance de la typographie numérique ».
J'ai enfin pris le temps de le parcourir,
et bien que Noël soit déjà passé,
je ne peux que vous le conseiller comme
cadeau (vraisemblablement de vous-même à vous-même
si vous lisez ces lignes).
François Boltana est un personnage qui n'a pas laissé une
grande réputation
dans le monde de la typographie, il
est mort assez jeune et n'a sans doute pas eu
le temps
de donner
la pleine mesure de sa créativité.
Mais comme cela faisait longtemps que
Thierry Garnier nous en parlait en
tant que son maître
en calligraphie, il était bien normal
de se renseigner sur le personnage. Il est
d'une génération intermédiaire,
plus jeune que les grands anciens (Zapf & co)
mais plus ancien que la nouvelle génération
de la calligraphie, il navigue entre
deux âges
et s'est trouvé à une époque
charnière sur bien des plans, que ce
soit dans le renouveau typographique français
ou dans celui de toutes les formes
d'écriture
dans les années 70-80, c'est-à-dire
la transition au tout numérique.
Formé au
tout début du Scriptorium
de Toulouse, dont ce livre retrace
les étapes
de la création, fort peu connue de
tout un chacun et donc de moi en particulier,
il a basé bon nombre de ses créations
typographiques sur une base calligraphique
comme le célébrissime établissement
toulousain l'enseignait. Le livre
nous montre d'ailleurs quelques-unes de ses
réalisations
calligraphiques et je pense qu'elle
font pâmer
d'admiration bien des calligraphes,
et moi en premier. Il a surtout été connu
pour la création de quelques polices
typographiques célèbres (Stilla
et surtout Champion) mais on retrouve
dans la plupart de ses créations
bien des traces d'inspiration illustres,
depuis la capitale romaine de l'empire
jusqu'à des
anglaises calligraphiées qui
conservent toujours cette souplesse de trait
et
cette légèreté des
formes que seule les caractères basés
sur la calligraphie peuvent créer.
Comme
bien des précurseurs, il a « essuyé les
plâtres » au niveau de
la technique typographie, depuis l'éphémère
photocomposition jusqu'aux premiers
formats de police numériques sur
Macintosh. Il a même
créé son chef d’œuvre,
le sublime Champion, une anglaise
subtile possédant
de nombreuses variantes avec diverses
formes de paraphes dans un format
de police aujourd'hui
obsolète ce qui nous empêche
d'en profiter sur nos modernes
traitements de textes,
et c'est bien dommage. S'il avait
connu l'opentype, que n'aurait-il
pas fait !
Il nous reste ce livre comme
témoignage
du remarquable talent de François
Boltana pour le dessin de caractère,
tant calligraphique que typographie
et de ci, de là, dans notre
quotidien typographique, quelques
traces de son passage (l'enseigne
de ma crêperie préférée
est en Stilla, une de ses créations).
Bref,
même si Noël est passé,
il ne vous reste plus qu'à vous
l'offrir sous un prétexte quelconque,
l'Epiphanie ou le nouvel an chinois, vous
pourrez ainsi découvrir
ou redécouvrir ce personnage à la
trajectoire hors du commun, Meilleur
Ouvrier de France en typographie, et dont
les travaux ne
pourront que vous inspirer !
>[Prosper Messager]
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24/12/11 |
^ |
Nouvelles de l'espace |
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[Nouvelles de l'espace] Serait-ce
la proximité de Noël et la concurrence
délibérée avec le vieux barbu
et ses quatre rennes ou bien l'arrivée
de 2012, le changement de cycle des
Mayas et l'apocalypse prédite à cette
date, toujours est-il que les échanges
entre la terre et le ciel (enfin disons
l'orbite terrestre)
se sont intensifiés ces derniers temps.
Tout
d'abord le lancement
réussi du dernier-né des
satellites d'observation de la Terre,
le très
attendu Pléiades, qui permettra de nous
regarder depuis le ciel avec une précision
parfaite et une souplesse inégalée.
Prenez le temps de regarder les
images réalisées à l'occasion
de son lancement par une fusée Soyouz
depuis la Guyane française. Un satellite
semi-militaire français lancé par
une fusée
russe, la guerre froide semble bien
terminée...
Ensuite nos amis chinois ont également
démarré leur programme concurrent
au GPS par le lancement d'un premier
satellite Beidou.
Après le GPS américain,
le Glonass russe et le Galileo européen,
un nouvel arrivant dans la course
au positionnement global. Franchement,
on n'aurait
pas pu se mettre
un peu d'accord et utiliser ces montagnes
d'euros, de dollars, de roubles et
de yuans pour améliorer
le sort du reste de l'humanité ?
Mais,
contrairement aux préceptes chrétiens,
le ciel n'est pas la destination
finale de tous ces amas de haute
technologie, et tout ce qui
monte au ciel en redescend forcément
au bout d'un moment, Isaac Newton
nous l'a amplement
démontré. Et donc nous avons
au choix un
satellite russe Meridian dont
le lancement
s'est mal terminé et qui est retombé quelques
jours plus tard en Sibérie, manque
de chance, trouant le toit d'une
maison située...
rue des Cosmonautes (cela ne s'invente
pas !). Il y a aussi une étrange
boule retombée
en Namibie dont on se demande encore
de quel engin elle est le résidu.
Et il y a enfin la sonde Phobos-Grunt dont
on est actuellement sans
nouvelles sinon qu'étant donnée
l'orbite où elle
a été placée, elle
ne va pas tarder à nous retomber
sur la figure !
Bref, si le soir
de Noël vous entendez
du bruit sur le toit, ne courrez
pas vous précipiter
dans les bras de ce que vous croyez être
le Père Noël mais cachez-vous
plutôt
dans l'abri que vous avez préparé pour
la fin du monde de décembre prochain
!
Toute l'équipe de Graphos vous souhaite
un joyeux Noël, profitez-en bien,
c'est peut-être le dernier ?
>[BdG]
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20/12/11 |
Lost |
Institut d'Égypte |
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[Institut d'Égypte] Je
viens d'apprendre avec désolation l'incendie
de l'Institut d'Égypte au Caire. Fondé par
Napoléon pour permettre les recherches
sur la civilisation égyptienne, ses archives
renfermaient nombre de documents, livres
et cartes absolument uniques dont la disparition
laisse
un vide que bien souvent aucune autre
bibliothèque
ne pourra combler. Cet événement,
bien qu'aisément explicable étant
donné les événements actuels,
vient s'ajouter à une liste, malheureusement
fort longue, de diverses déprédation
ou disparition du patrimoine de l'humanité lors
des troubles, révolutions ou guerres qui
ensanglantent régulièrement les
pays de la région, depuis le pillage de
la plupart des musées archéologiques
lors de la guerre d'Irak, les nombreux
vols d'objets anciens commis au Musée Archéologique
du Caire ou la destruction à coup d'obus
des bouddhas
géants de Bamiyan par
les talibans afghans. Dans la plupart
des cas, les déprédations ont eu
lieu en toute conscience des pouvoirs
publics des pays,
au mieux avec leur
assentiment muet,
au pire de leur
propre volonté.
Alors que
faire ? L'homme est ainsi fait qu'il
reste dans une partie du monde d'une
irresponsabilité affligeante
et je ne pense pas qu'il soit possible
de lui insuffler la nécessité du
respect de ces témoignages uniques quand
il brandit une kalashnikov et hurle
des slogans vengeurs
souhaitant la mort (ou pire) à la moitié du
genre humain.
Faire comme le Royaume
Uni en son temps, c'est-à-dire ramener
les trésors égyptiens
au British Museum et surtout, surtout
ne pas les rendre quand le pays enfin
modernisé en
fait la demande ? Ou comme l'Allemagne
dont le Pergamon Museum à Berlin a
pu sauvegarder des dizaines de milliers de
tablettes
sumériennes
irremplaçables qui seraient aujourd'hui
détruites ou pillées avec celles
qui sont restées sur place ?
Pour les
documents, il est encore possible à tout
le moins de les numériser et d'en
garder une copie à l'abri au cas
où les
originaux se trouveraient détruits,
mais comment faire pour les bouddhas
de Bamiyan dont
certains mesurent plus de cinquante
mètre
de haut ? Réhabiliter le colonialisme
culturel et piller systématiquement
les patrimoines nationaux des pays
instables pour les ramener
chez nous ?
Je ne pense pas qu'il
y ait une réponse
unique et indiscutable à ce problème,
mais je crois que plutôt que de
numériser
les fonds de la BnF qui restent
de toute façon
bien au chaud dans les réserves,
peut-être
serait-il judicieux d'utiliser
un peu de ces budgets pour aller
numériser
les fonds les plus en danger
de par le monde. Il sera toujours
temps plus tard d'aller rouvrir les
portes
des réserves
de Tolbiac pour mettre à la disposition
des internautes tel ou tel volume
rare.
En tout cas, pour les documents de
l'Institut d'Égypte, il est trop
tard.
>[Papa Trimoine]
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16/12/11 |
Expo |
Tout le monde connait… |
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[Tout le monde connait Roger Excoffon] Oulamondieu,
je me rends compte que le temps passe
et que je ne vous ai toujours pas alerté sur
l'ouverture depuis le premier décembre
de l'exposition « Tout
le monde connait Roger Excoffon » au
Musée de l'Imprimerie à Lyon ! Eh
oui, maintenant que vous avez lu et relu
les deux livres (cadeaux
de Noël ?) qui ont été consacrés
cette année à ce remarquable créateur
de caractères qu'est Roger
Excoffon, il
est temps d'aller voir « en live » (comme
on dit maintenant) ses réalisations. Bon,
ce ne sera pas une première car comme l'indique
très explicitement le titre de l'exposition,
tout le monde connaît Roger Excoffon. Tout
le monde a vu de ci de là, à la
campagne ou à la ville, ses caractères
Banco ou
Antique
Olive sans forcément avoir attribué à cet
ancien Chancelier des Rencontres de Lure
les nombreux caractères qui peuplent encore
le quotidien graphique de tout un chacun.
Car la postérité de
ses créations est assurée très
largement même cinquante ans après
leur introduction par la perfection technique
avec laquelle il a œuvré. Le Mistral est
un exemple de scripte typographique qui
à mon avis n'a jamais été dépassé ni
même égalé dans la typographie
moderne. Il faut se rappeler en effet
que tous ces caractères ont été prévus
pour une technique d'impression au plomb
et que les réglages de l'interlettrage
se font de lettre à lettre et non pas comme
dans nos plus modernes fontes numériques
par des paires de crénage et autres astuces
« opentypistes. »
Bref, profitez du départ
de vos enfants chez leurs grands parents et de
votre époux
(épouse) chez votre belle-mère pour
vous faire une petite escapade lyonnaise
et aller voir non seulement cette exposition tant
attendue
mais aussi reparcourir avec délices la
collection permanente de ce magnifique
musée.
Pour ma part ce sera en janvier et je vous en
rendrai compte par le menu dans cette
colonne, promis !
>[Artémis Tralle]
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12/12/11 |
Livre |
Bonsaï et calligraphie |
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[Bonsaï et calligraphie] Vous
avez peut-être appris récemment la
sortie tant attendue du livre de notre
callidentiste graphosien « Bonsaï et
calligraphie » aux éditions
Arqa. Si j'ai mis tant de temps à vous
en parler c'est que je voulais absolument
l'avoir lu de bout en bout avant. Seulement, comme
je
m'en suis vite rendu compte dès la lecture
des premières pages, ce n'est pas un livre
qui se dévore en deux heures à l'instar
de nombreuses productions de la rentrée
littéraire du genre « easy reading ».
Non, ce livre, c'est du lourd et du profond.
Pas le genre à vous sortir de la tête
dès refermée la dernière
page. Si on veut en apprécier toute la
substantifique moelle, il faut le déguster,
le savourer, mot par mot, phrase par
phrase.
Et ce que Michel Fornasero nous expose
dans son livre, ce sont les deux visions
qu'il a de l'art de la calligraphie et
de l'art du bonsaï ainsi
que, et c'est là que cela devient encore
plus passionnant, les multiples correspondances,
passerelles et coïncidences qui existent
entre ces deux disciplines aussi exigentes
l'une que l'autre. Car seul Michel
aurait pu écrire
ce livre tant il faut être expert en ces
deux domaines, les avoir pratiqué pendant
de longues années, s'en être imprégné au
point d'atteindre l'excellence en chacun
d'eux pour en avoir intégré toutes
les subtilités au point de pouvoir les
fusionner au sein d'une même recherche
artistique. Et c'est à travers une prose
pleine de subtilité, de sensibilité et
de profondeur qu'il nous expose le
fruit de ses recherches. Ces pages
sont aérées
de quelques haïkus de sa composition et
d'une remarquable iconographie qui
font mieux comprendre,
qui par
la sensibilité poétique, qui par
l'esthétique visuelle, tout ce qu'il
est parfois difficile d'exprimer par
les mots.
Ne vous attendez pas à ce que je
vous parle du contenu de ce texte,
je ne pourrais qu'en produire
en quelques lignes qu'un bien pâle caricature.
Si vous voulez apprendre, parcourez
vous aussi ce chemin.
Noël approche et
vous aurez peut-être
quelques jours de vacances tranquilles
pour vous plonger dans cet ouvrage,
car c'est comme cela
qu'il faut le lire, par petites
bouchées, en plongée
profonde, pour en retirer vraiment
tout ce
qu'il peut offrir.
Surtout si vous
pensez qu'un bonsaïka n'est
qu'un « tortionnaire de nains. »
>[Casoellius]
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8/12/11 |
g |
Isaac Newton en ligne |
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[Isaac Newton en ligne] Les
anciens dont je suis ne peuvent pas manquer
de connaître Isaac Newton. Non que le « niveau » que
l'on nous dit éternellement « en
baisse » de nos études secondaires
ait été plus élevé à ce
sujet que celui d'aujourd'hui, non, si
nous connaissons tous Isaac Newton à partir
d'un certain âge
c'est à cause de la Rubrique
à Brac de Marcel Gotlib ! Eh oui, Isaac Newton est
une source perpétuelle de gags à base
de gravitation pomologique comme le bip-bip
et le coyote sont une perpétuelle source
de gags gravitationnels et explosifs.
Rendons ainsi
grâce à l'art décrié (à l'époque)
de la bande dessinée pour nous avoir
fait toucher du doigt l'histoire de
la science à l'aube
du XVIIIe siècle. Mais si Newton est
surtout connu pour sa pomme (à propos,
il semblerait que l'anecdote soit hautement
fantaisiste)
et pour la théorie de la gravitation
(comme quoi deux corps s'attirent en
raison de la masse de chacun d'eux
et en raison inverse du carré de
la distance qui les sépare, ce qui explique
la sexualité exacerbée des éléphants
de mer, est-il besoin de la rappeler
?), ce cher Isaac était aussi un alchimiste
bien loin de la mathématisation du réel
qu'il prône dans la plupart de ces ouvrages.
Eh oui, bien loin d'être le matérialiste
que nos professeurs de physique nous
laissaient imaginer, il a tenté sans
grand succès
de faire coïncider ses connaissances scientifiques
en physique, mécanique, optique et mathématique
avec les lois de l'alchimie et de la
théologie
qui, ma foi, s'y soumettaient assez
mal. Il fût,
au dire des spécialistes, un grand alchimiste
même si sa manie du secret nous empêche
encore aujourd'hui d'en connaitre la
plupart des achèvements.
Mais tout ceci
est en train de changer car la bibliothèque
de Cambridge se propose de mettre
en ligne une
version numérisée
de la plupart de ses carnets de notes
ainsi que de son exemplaire personnel
des Pricipiae Mathematicae,
l'ouvrage dans lequel il décrit ses
découvertes
scientifiques. Bien entendu, le premier
lot mis à la
disposition de la voracité des internautes
intéressés par le sujet relève
plutôt de ses études « sages »,
c'est-à-dire optique, physique et mathématique.
Mais j'espère qu'ils ne s'en tiendront
pas là et que bientôt viendront
les rejoindre ses carnets beaucoup
plus sulfureux où il décrit,
dit-on, ses essais de transmutations
diverses et ses approches
du grand œuvre. Comme ces carnets sont
en version originale sans traduction,
il vous faudra potasser
l'anglais mais aussi le latin et
le grec. Mais la connaissance de
l'intime de celui
qui fût
un des plus grands esprits de tous
les temps est à ce
prix.
>[Aristidès Othon Frédéric
Wilfrid]
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4/12/11 |
& glou… |
Banquet Graphos 2011 |
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[Banquet Graphos 2011] Nous
avons vécu dimanche dernier un très
beau stage de fin d'année, comme seule
la convivialité de Graphos peut en produire.
Henri Mérou nous avait fait l'honneur de
venir nous rejoindre avec non seulement
son humour à nul autre pareil mais aussi
avec moulte documentation, depuis une
ribambelle de livres de modèles
de peintre en lettres jusqu'à ses fameuses
enveloppes aller-retour qui ont une fois
de plus déchaîné des
fou-rires dans l'assistance.
Sur le thème
du mail art, nous avons envoyé à un
hôtel à Saint Valery en Caux une
série de lettres à remettre à une
date donnée à l'occupant anonyme
d'une chambre donnée. En dehors de l’enveloppe
magnifiquement calligraphiée et décorée
(je ne vous dis pas le niveau du graphosien
moyen en mail-art !), le courrier contient
un poème
de Baudelaire et une invitation pour
le susmentionné anonyme
destinataire à répondre à son
correspondant d'un jour. Gageons que
le tout suscitera suffisamment de curiosité pour
que le nombre de réponses
soit au rendez-vous.
Pour le traditionnel
banquet de midi, nous nous sommes
retrouvés
treize à table, ça
devient une habitude. Autre habitude,
les mets furent totalement délicieux
et les boissons abondantes mais choisies,
tout en restant dans
une consommation tout à fait modérée
comme le bon goût graphosien en est
le garant. Au cours du repas, Thierry,
notre maître à tous,
nous a présenté le
nouveau livre de Michel Formasero, notre
calli-dentiste-bonsaika, « Bonsai
et calligraphie » paru aux éditions
Arqa et tout frais sorti des presses.
L'auteur eut même la gentillesse de
nous faire la lecture d'un passage
de son texte,
déclenchant
une salve d'applaudissement nourris.
Dès
que j'aurai lu cet ouvrage qui s'annonce
passionnant, je vous en ferai le
compte rendu. Au vu de la profondeur
de pensée
et de la poésie
du texte, ne vous attendez cependant
pas à ce
que ce soit dans les prochains jours !
Bref, encore une excellente année
graphosienne qui se termine et
qui nous prépare à la
suivante, dont le programme nous
a été révélé à l'occasion.
Et il sera festif le programme
2012, avec l'invitation de Laurent Rébéna,
la visite de la fondation Louis
Jou aux Baux de Provence, le
stage de bâtarde flamande en la mythique
Chancellerie de Lurs, et d'autres
festivités
qui nous réserveront sans doute d'inoubliables
moments. Et oui, deux mille douze
sera l'année
des quinze ans de Graphos et aussi
des soixante ans des Rencontres
de Lure, c'est-à-dire
si le champagne va couler à flot !
C'est toujours ça de pris avant
la fin du monde en décembre prochain ?
>[BdG]
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Novembre
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27/11/11 |
Lire |
Eric Gill |
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[Eric Gill] Les éditions
Ypsilon semblent avoir la bonne idée de vouloir
se faire une spécialité de
la traduction et réédition de textes
fondateurs de la typographie dont la
plupart sont devenus totalement introuvables
avec les années
qui passent. Après le
livre de Gerrit Noordzij dont nous vous avions parlé ici, voici
qu'ils nous proposent le célèbre « Un
essai sur la typographie » d'Eric Gill.
Car en effet, seuls les anglophones avaient
pu jusqu'à ce jour profiter des enseignements
de ce grand ancien en faisant venir à grand
frais ce livre en anglais depuis les
lointaines librairies soit d'outre-Manche
soit même
d'outre-Atlantique.
Car bien que datant
des années 1930, ce
texte est tout simplement passionnant.
Eric Gill y résume sa conception de la
typographie et de la création de caractères
avec moultes illustrations, depuis
la forme du squelette des caractères
jusqu'aux diverses formes de composition
du texte et de
la page.
Certes, ce texte a près d'un siècle
mais il n'a rien perdu de sa pertinence,
même
si la forme technique de la création
de caractère a radicalement changé entre
le plomb de l'époque et la dématérialisation
des fontes actuelles. Mais loin d'être
un manuel purement technique ou esthétique,
l'auteur nous expose ici son mode de
pensée
sur les bouleversements qui traversaient
son époque,
sur l'irruption de l'industrialisation
dans le monde typographique et la disparition
de l’artisanat,
sur l'uniformisation des solutions
par rapport à la
diversité des problèmes ou sur
les nécessités de conserver le
facteur humain dans un monde de machines,
bref, toute un ensemble de considérations
encore largement d'actualité dans notre
XXIe siècle
informatisé. Bref, un petit ouvrage à lire
et à relire sans aucune modération.
Le
seul bémol qui a terni la joie de relire
ce texte, c'est la fabrication du
livre. Cela fait plusieurs fois que
je trouve des livres
de petit
format (celui-ci fait 11 cm sur 17
cm environ) qui sont imprimés sur du
beau papier plutôt
fort et donc rigide, au dos carré largement
encollé, ouvrages pour lesquels l'effort à faire
pour ouvrir les pages sans casser
le dos est proprement herculéen (bon,
je suis dans la région
de Marseille alors je vous avoue
que j'exagère
un petit peu...). Et l'exercice intense
de musculation que fait la main qui
tient le livre et les doigts
qui écartent les deux pages en vis-à-vis
est tel qu'au bout d'une petite demi-heure
de lecture, j'ai des crampes dans
la main qui me
forcent soit à lire à deux mains,
soit à fermer le livre et à me
rabattre sur une émission de divertissement
télévisuel
(horresco referens). Mais non, c'est
une blague, en fait je n'ai pas
la télé (au
grand dam de mes enfants). Et donc
je me rabats plutot sur un bon
vieux volume de la Pléiade qui pour
le même format mais le quintuple du
prix, offre un confort de lecture
absolument divin.
Pensez-y
donc, amis éditeurs, faites de plus
grands formats moins épais ou utilisez
du papier moins rigide, si vous ne
voulez pas
que vos lecteurs se retrouvent avec
des mains dignes des battoirs
de nos grand-mère lavandières.
>[Arnold Grossehaende]
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23/11/11 |
Jeu |
Shape me |
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[Shape me] Maintenant
que vous avez réussi plus de 95/100 au
petit jeu
de réglage des approches que
je vous ai proposé il y a quelques jours,
je vous suggère de continuer l’éducation
de votre œil calli-typo-graphique par un
autre exercice réalisé de façon
tout aussi magistrale par le même développeur
et qui porte cette fois-ci sur la forme
des lettres. « Quoi,
allez-vous me rétorquer, sachez, môssieur,
qu’en calligraphie la forme des lettres
s’obtient par l‘angle immuable du
bec carré de la plume et non pas à volonté comme
cela est possible en typographie ! » Certes,
vous répondrai-je mais qu’en est-il
de l’anglaise (que les graphosiens ont étudié dimanche
dernier) tracée à la plume pointue et
dont l'épaisseur du trait est entièrement
déterminée par la pression qu'exerce
la main du scribe ? Et, poursuivrai-je, ne
vous arrive-t-il pas de « twister » légèrement
votre automatic pen pour amincir un trait
? Ou d’appuyer un peu plus sur votre Braüse
pour mettre du poids là où vous
le désirez dans tel ou tel tracé ?
Donc, pas d’excuses foireuses, et au boulot !
Il
s’agit cette
fois de régler les
courbes englobantes d’un caractère
en tirant plus ou moins sur les ronds
bleus. Attention, parfois, il n’y a qu’une
seule tangente mais parfois il y en
a deux, et on peut régler à la
fois leur « tension » et
leur angle. Prenez votre temps, le
défi est à mon
avis bien plus difficile que celui
des approches, puisqu’il faut avoir beaucoup
d’intuition
pour retrouver ce que chaque créateur
a voulu mettre dans son caractère sans
voir le reste de l’alphabet. Mais, comme
la dernière
fois, votre œil en sortira beaucoup plus
agile dans le placement ou l’équilibrage
des pleins et des déliés.
Bonne
chance à tous !
>[Gaétan Gente]
|
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20/11/11 |
Hax |
Goncourt |
|
|
[Goncourt] L'automne
littéraire me fait toujours penser à un
carnaval où chacun joue un rôle bien
au point, ce qui permet aux médias de s'en
donner à cœur joie dans les plus vils
potins mais aussi et surtout de créer du
sensationnel là où encore une fois,
il n'y a que de l'habituel : chaque automne
c'est la rentrée littéraire. Je
ne vous parlerai pas de telle ou telle
petite phrase assassine
en mode sniper, sur tel ou tel livre,
ni de tel ou tel élément sulfureux
apparu à point
nommé dans les quelques jours qui précèdent
l'attribution des prix littéraires les
plus renommés. Non, je voudrais juste évoquer
quelques éléments glanés
ici et là dans la presse au sujet du prix
Goncourt de cette année.
On nous serine, « quelle
performance, les x milliers d'exemplaire
du Goncourt ont été imprimés
en une nuit ! » Euh, vous nous
prenez pour des caves ? Huit jours
avant l'attribution du prix, quasiment
tout le monde
s'accordait à donner
comme favori Alexis Jenni et son « Art
français de la guerre », donc
si vous n'avez pas anticipé, messieurs
de chez Gallimard, je vous encourage à lire
un peu plus les journaux ! Et l'argument
de qualité du livre était complémenté par
le fait que nous fêtons les cent ans de
la maison et qu'il était imaginable que
de donner le Goncourt à un livre de chez
eux pouvait constituer un hommage à cette
prestigieuse maison d'édition. Non, je
ne crois franchement pas à la « performance
extraordinaire ».
Par
contre, cette histoire est un parfait
alibi pour une drastique réduction de coûts,
car le texte imprimé du dit Goncourt
est semble-t-il pourvu d'un nombre respectable
de coquilles et autres photes
d'aurtografe qui en ternissent la
splendeur, preuve que même pour le livre
le plus vendu de l’année, on rechigne à payer
un correcteur d’épreuves pour
qu’il
extirpe les dernières imperfections
d'un texte par ailleurs de grande
qualité. Heureusement, la communauté hacker
a immédiatement pris les choses en
main et a
produit (gratuitement !) une version
pirate de l'eBook en question dans
lequel toutes
les
fautes sont corrigées ! L’histoire
ne dit pas si les hackers sont de
bons correcteurs, s’ils ont aussi piraté un
logiciel de correction ou si des
correcteurs professionnels
se retrouvent le soir devant leur écran
pour exercer leur activité professionnelle
en sous-marin.
Eh oui, malgré ses cent
ans ce n'est pas de la maison Gallimard que
sortira cette année
la meilleure édition du Goncourt mais
bien de la mule, de bittorrent et des autres
darknets
en p2p ! Guy
Fawkes aurait été content…
>[Madmacs]
PS : que tout ceci ne vous empeche pas de
lire ce livre, avec ou sans les fautes,
de toutes part affluent les louanges
et nombre de critiques avisés assurent
qu'il s'agit d'un très bon cru. Au contraire
du beaujolais nouveau…
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17/11/11 |
Web |
Oui mais non… |
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[Oui mais non…] Le
Comic Sans MS, est non seulement la typo la
plus détestée
du Web, mais encore faut-il le dire - à juste
raison… Notre confrère Basile Lisible
en faisait un compte-rendu tout graphosien,
le 26 octobre 2010, sur le BdG (>voir archives – « Beurk
illisible ? »). Un de nos amis,
des plus anciens et des plus compétents,
en matières d’arts graphiques, nous
faisait passer hier, un lien internet
pour la promotion (?) de ce magnifique
alphabet, le « Comic »,
conçu
et réalisé comme nul ne l’ignore
par Vincent Connare. Ma souris n’ayant fait
qu’un tour, un projet, (voir ci-joint, colonne
de gauche - by Teg ©), fut immédiatement
réalisé selon les critères
du concours et ce : « afin de
rendre une affiche jolie même avec une police
Comic Sans MS » – Voir sur le
site.
Bonne chance donc à tous les amis lecteurs
du BdG, qui décideraient, eux aussi,
d’envoyer
une de leur production graphique réalisée
en Comic Sans. (Un challenge à la portée
des plus chtarbés, évidemment).
Pace Salute.
>[Omer Simpson]
PS // Selon la formule
consacrée, « à l’heure
où nous mettons sous presse »,
nous n’avons pas encore reçu
de retour-mail, du Webmaster dudit site
( ?), pour savoir
si notre participation a bien été retenue, … afin
de pouvoir orner la galerie de
présentation ?
PPS // (Je pousse
cependant un petit billet pour
parier que le doc. réalisé ne
verra pas le jour, sur le site
en question… ?).
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14/11/11 |
Jeu |
Kern me |
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[Kern me] La calligraphie
tout comme la typographie ne peut parvenir à la
perfection que par une longue et constante éducation
de l'œil. Tout apprentissage de ces arts
passe donc par l'observation des travaux
des maîtres afin d'en tirer la substantifique
moelle et d'arriver enfin à apprécier
une courbe bien tendue, des proportions équilibrées
et un squelette de la lettre en tout
point conforme aux canons de la beauté calli-
ou typo-graphique.
Mais l'observation est une
chose et la mise en pratique en est
une autre. A moins
de passer de longues heures à déplacer
des lettres découpées aux ciseaux
et de les scotcher en position puis
de les fixer au mur, de reculer de
trois mètres
et d'en analyser les approches, il
est difficile d'apprécier son propre
degré d'expérience
en cet art éminemment subjectif et
totalement rétif à une quelconque
mise en équation.
Heureusement, un bienfaiteur
de l'humanité a
pris le temps de proposer à tous
les internautes intéressés,
et gageons qu'ils seront nombreux, un
petit jeu très bien fait qui permettra à tout
un chacun de tester son sens des
approches. Eh oui, les jeux en
Flash ne servent pas qu'à distraire
les pré-adolescents en manque de
violence virtuelle sur les avions,
les chars d'assaut, les animaux
ou même
quelques-uns de leurs frères humains.
Ils permettent aussi de faire des
exercices intelligents
et interactifs
qui enrichiront au moins le joueur
sinon le programmeur, encore que
j'en doute, ce « jeu » est
en accès totalement libre.
Vous vous
trouvez donc devant une série
de mots dont il faut régler les
approches en cliquant sur les
lettres et
en les déplaçant
vers la droite ou vers la gauche.
Comme vous ne pouvez pas déplacer
ni la première
ni la dernière lettre du mot, le
but est que le mot tienne dans
l'espace qui vous
est alloué et que les lettres soient « convenablement » espacées
en fonction de leur nature, de
leur forme et bien entendu de
la police de caractères
choisie. Quand vous pensez avoir
correctement réglé vos approches,
proposez votre solution et l'ordinateur
vous notera sur
votre réussite. Ne pensez pas que
l'ordinateur soit plus « intelligent » que
vous dans ce domaine, il ne fait
que reproduire à la
lettre ce que le créateur de ces
caractères
a spécifié lors de la conception
de sa police. Bon amusement !
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PS : et n'oubliez pas que Frank Adebiaye
et Suzanne Cardinal vous présenteront
leur ouvrage : « François Boltana
et la naissance de la typographie numérique » édité chez
Atelier Perrousseaux, à l'occasion d'une
soirée dédicace à la librairie
Byblos le 18 novembre prochain à partir
de 17 h. Infos pratiques : 95, rue Blomet 75015
PARIS Métro : Vaugirard (ligne 12). Pour
les plus gourmands d'entre vous, un repas est
prévu en face au Tabac de la Mairie,
vous proposant de nombreuses spécialités
auvergnates. Je vous entretiendrai très
prochainement plus en détail du contenu
de cet ouvrage très attendu.
>[Irma Daubeflache]
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11/11/11 |
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Comment on fabrique… |
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[Comment on fabrique un livre à l'École
Estienne de Paris] Pour
les quelques lecteurs que les nombreux
articles de cette colonne à propos de la
culture typographique n’ont pas encore précipité dans
les rares ouvrages disponibles sur la
question, pour ceux que la curiosité n’a
pas encore poussé à aller déranger
tel ou tel ami conducteur de Heidelberg
ou pour ceux trop éloignés du musée
de l’imprimerie de Lyon pour y satisfaire
leur soif de connaissance, Christian
Paput, ancien graveur de poinçon de l’Imprimerie
Nationale, a retrouvé parmi les sombres
caves de l’INA un
petit joyau de film muet (c’est à la
mode !) qui explique
par le menu la naissance d’un livre à l’école
Estienne dans les années 1930. Expliquant
toutes les étapes par le menu, depuis la
gravure du poinçon jusqu’à la
reliure finale, ce petit film vous fera
comprendre visuellement et simplement
ce que sont exactement
un poinçon, une matrice, une fonte, un
composteur, une casse et tous ces termes
ici employés.
Vous constaterez aussi, à voir la mine
et les attitudes des personnes filmées
sur le vif, que l’ambiance qui règne
dans ces ateliers semble bien différente
de celle qui règne dans nos collèges
actuels ! O
tempora, o mores… comme dirait
notre bon vieux Cicéron, pour une fois
convoqué pour une autre citation des Catilinaires
que « Quousque
tandem abutere Catiline patientia nostra ».
Ce petit film sera un excellent
prélude également à votre
visite de l’exposition Histoire
de caractères à la
bibliothèque Méjanes qui vit ses
derniers jours et qu’il ne faut manquer
sous aucun prétexte ! Moi qui vous
parle, métaphoriquement, je l’ai
déjà vue trois fois et je ne m’en
lasse pas.
Et un grand merci à Christian Paput pour nous
avoir signalé une telle merveille !
>[Félicie Séron]
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7/11/11 |
† |
Blaise Monod |
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[Blaise Monod] Nous
apprenons avec tristesse le décès
de Blaise Monod le 26 octobre 2011. Blaise était
l’un des fils de Maximilien Vox (Samuel
Monod pour l’état civil), le fondateur
des Rencontres de Lure qui fêteront l’année
prochaine leurs 60 ans et qui continuent
chaque année de réunir les amoureux
de la lettre en fin d’élé dans
le cadre délicieux du petit village provençal
de Lurs. Blaise était graphiste et c’est
d’ailleurs à ces sessions d’été que
nous avions pu le rencontrer. Il était
venu en toute simplicité nous parler de
son père et nous conter quelques anecdotes
familiales qui ont mis un peu d’humanité dans
l’image hiératique que nous avions
de ce grand ancien. Il avait aussi hérité de
son père un talent pour la gravure sur
bois et j'ai retrouvé une de ses œuvres
au détour du feuilletage de « Caractère
Noël » (celui de l'année
de ma naissance par exemple) qui ornent
toutes les bonnes bibliothèques.
Nous adressons toutes nos
condoléances à sa
famille.
>[BdG]
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4/11/11 |
Sécu |
Only human… |
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[Only human…] Eh
oui, frères humains, maintenant que nos
machines sont totalement sécurisées,
régulièrement patchées, surveillées
en permanence par nos anti-virus, anti-malware
et autres pare-feu, que des myriades
de sociétés
de sécurité alertent le monde entier
dès que la moindre trace du prochain Stuxnet,
Duku ou Slammer apparait, dans ce monde
donc où l'information
est verrouillée (ou devrait l'être),
le point faible c'est vous !
Oui, vous qui
cliquez sur le lien d'un mail reçu d'on
ne sait qui proposant des logiciels à des
prix ridicules, des agrandissements
d'un organe que vous devinerez sans
peine, des caisses pleines de dollars abandonnées
par un dictateur africain, de pauvres
religieuses perdues à la merci des hordes
de barbares africains ou musulmans
déchaînées,
des montres de luxe pour épater vos voisins
au tarif d'une vulgaire tocante de
bas étage… Oui,
c'est vous qui allez vous même faire rentrer à l'intérieur
de votre forteresse informatique le
logiciel malveillant qui vous pourrira
la vie. Oui, vous qui allez
cliquer au hasard d'une publicité alléchante,
voir déshabillée (choisissez le
thème qui vous tient à cœur),
juste pour voir ou pour rigoler, et
dont une page du site restera discrètement
dans un coin de votre écran à noter
tous vos mots de passe. Oui, vous qui
cherchez à télécharger
ce film tout récent en haute définition
qui nécessite un décodeur spécial
qui n'est autre qu'un… cheval
de Troie !
Car les bonnes vieilles recettes sont toujours
les meilleures et l'Odyssée garde
toute son actualité en ce début
de XXIe siècle. On vous allèche
? On vous fait des propositions trop
belles pour être
honnêtes ? On vous propose des cadeaux
? En ce monde où la marchandise est
reine, timeo
danaos et dona ferentes nous rappelle
le vieux Virgile (non, pour les non
latinistes, il
ne s'agit pas de craindre ni Timéo
ni une courtisane espagnole, Donna
Ferentes, mais d'une maxime signifiant
je crains
les Grecs, même quand ils apportent des
cadeaux), car ce clic malheureux que
vous allez regretter pendant longtemps
sera votre assentiment à laisser
entrer le moyen le plus sûr de nos jours
pour infecter un ordinateur, le fameux
cheval de Troie (trojan horse ou trojan
tout court pour
nos amis anglophones).
Et je ne parle
même pas de cette nouvelle
mode qui fait fureur outre atlantique,
l'ingéniérie
sociale qui consiste à percevoir
tout être
humain ou toute organisation comme
un système
dont il s'agit de trouver et d'exploiter
les failles. Certes, cela
demande des moyens plus importants qu'une
campagne d'email
auprès de millions de boites innocentes
qui est virtuellement gratuite. L'ingéniérie
sociale est encore de nos jours réservée à des
cibles dont les informations sont de
grande valeur, comme les administrations,
la défense
ou les sociétés financières.
Cela commence parfois par « Allo
? c'est l'assistance Microsoft, nous
avons détecté un
virus sur votre machine et il faudrait
que vous fassiez telle ou telle manipulation… » qui
bien sûr se révélera bien moins
dans votre intérêt que vous ne
pourriez l'espérer. Une
série
d'articles récents décrit
par le menu comment une fausse visite
incendie permet en
quelques minutes de récupérer
une montagne de données confidentielles
par le simple fait de lorgner de ci
de là sur
les ordinateurs que la responsable
va proposer de sa propre volonté à l'inspection.
Un petit keylogger par
ci, un petit émetteur
wifi pirate par là et le tour est joué,
le cheval de Troie humain est tout
aussi efficace que sa contrepartie
logicielle.
Alors,
que faire sinon se lamenter sur
sa propre faiblesse et son incommensurable
naïveté ?
Les agents de Matrix nous le disent
pourtant clairement « Only
human… » « Vous
n'êtes
que des humains… » et Nietzsche
de renchérir « Humain, trop
humain… », c'est dans notre
nature que les plus malins tirent profit
des plus naïfs
et je ne suis pas sûr qu'en devenant totalement
paranoïaques, en développant notre
penchant à la suspicion envers tous
et toutes depuis nos hommes politiques
jusqu'à nos
voisins de palier en passant par les
journalistes ou les
garagistes, nous ne soyons pas en train
justement de perdre notre nature humaine.
Salut
et fraternité !
>[Madmacs]
PS : rappel aux aixois, samedi prochain
5 novembre à l'Institut du Livre, conférence
de Matthieu Cortat dans le cadre du 500e
anniversaire de Garamont !
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1/11/11 |
.;:,? |
Tire ta langue |
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[Tire ta langue] Où l'on
reparle d'Étienne
Dolet… La liste
typo pointait il y a quelques jours un
numéro
passionnant de l'émission « Tire
ta langue » sur le thème de
la ponctuation à la Renaissance. Mais que
cet intitulé, qui peut sembler un peu abscons
de prime abord, ne vous détourne pas d'écouter
cette émission car bien loin de pinailler
sur la date précise de l’apparition
du point virgule chez tel auteur, elle
expose de façon claire et néanmoins
précise
les buts de l'utilisation de la ponctuation
chez certains auteurs de ce merveilleux
XVIe siècle,
comme nous le trouvons nous qui n'y vivons
pas. Étienne
Dolet nous l’explique par exemple dans son
célèbre « De la punctuation
de la langue francoyse. Plus. Des accents
d'ycelle »,
il s’agit de rythmer la lecture et par la
même la pensée, donc de pratiquer
une rhétorique plus accessible. Mais vous
entendrez aussi Nathalie Dauvois vous
parler de la façon de travailler des ateliers
d'imprimeurs, des différentes manières
de ponctuer la poésie et ce que l'on peut
indiquer par là, ou bien même de
l'antagonisme entre misogynes et féministes
qui semble avoir atteint des sommets
de vigueur dans les propos à cette époque.
Bref,
ne manquez pas de consacrer une petite
demi-heure à écouter cette émission avant
que, d’ici quelque temps, elle n'aille
rejoindre ses milliers de congénères
dans les caves bien remplies de l'INA
!
>[Amédée Cripteur]
PS : pour ceux qui auraient des insomnies
en ce moment, ou tout simplement ceux
qui voudraient approfondir le sujet,
le livre de Nathalie Dauvois et Jacques
Dürrenmatt est présenté ici.
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Octobre
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29/10/11 |
pwnd |
Le manuscrit Copiale |
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[Le manuscrit Copiale] Un événement
sensationnel a agité ces derniers jours
le petit monde bien tranquille des décrypteurs
de manuscrits historiques. On
a décrypté le
manuscrit Copiale ! Ce manuscrit du XVIIIe
siècle,
nommé Copiale à cause d'une des
deux seules mentions non cryptées du document,
est composé en un étrange mélange
de caractères romains, grecs et de symboles
alchimiques, ornés parfois des accents
pour le moins inhabituels. L'équipe de
décrypteurs de l'Université de Californie
du sud, Kevin Knight et ses collègues Beáta
Megyesi et Christiane Schaefer, ont bien
entendu utilisé un ordinateur pour s'affranchir
des fastidieuses opérations de transcription
lettre à lettre des 105 pages de code,
mais en lisant attentivement leur
article,
on se rend vite compte que leur succès
est dû bien plus une série de fulgurantes
intuitions sur la nature du code et du
langage qu'il cache qu'à l'utilisation
de la force brute de décodage de l'ordinateur.
Une fois décodé, le manuscrit décrit
un rituel d'initiation et divers éléments
de théorie politique d'une société secrète
comme il en pullulait à cette époque,
et il fournit ainsi de précieuses données
aux historiens spécialisés. Et
ensuite, me direz-vous ? Il reste bien
entendu le manuscrit
Voynich, évoqué de
nombreuses fois ici même, mais dont la
nature du texte et le code employé font
toujours enrager les cryptographes
amateurs et
professionnels. D'abord
parce que contrairement au manuscrit
Copiale qui a été écrit
pour être
facilement déchiffrable à chaque
fois que l'on voulait un élément
de référence du rituel, le manuscrit
Voynich (et le codex
Seraphinianus dans
les années
1970) n'ont pas été fait pour être
lus mais bien pour proposer un code
indéchiffrable
qui est l'intérêt cryptographique
du manuscrit en soi. Pour le Copiale,
le code est ainsi une simple substitution
multiple, certes
difficile à retrouver sans la clé,
mais assez facilement lisible pour
un initié qui
en possèderait le secret. Alors que le
codex Seraphinianus, par exemple, n'est
pas fait pour être lu mais plutôt
pour l'aspect esthétique de cette écriture étrange
et des non moins étranges figures qui
l'accompagnent.
Alors,
même décrypté, le manuscrit
Copiale reste un
magnifique exemple de
calligraphie
régulière et d'imagination
créatrice
qui ne pâlit en rien devant ni le Voynich
ni le Seraphinianus.
>[Amédée Cripteur]
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26/10/11 |
Sécu |
Les hamburgers ont des oreilles |
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[Les hamburgers ont des oreilles] L’humain
moyen est tel que pour s’épargner
un effort parfois minime, il est prêt à prendre
des risques souvent importants voir même
gravissimes. Non, je ne parle pas de
ceux qui pour s’éviter de marcher
quelques mètres et d’attendre quelques
secondes traversent telle grande artère
en plein milieu de la circulation, remettant
leur vie entre
les mains de chauffeurs qu’ils espèrent
bienveillants. Non, je ne parle non plus
de ceux qui pour gagner quelques précieuses
secondes, vont doubler sans visibilité,
rouler à tombeau ouvert quitte à mettre
leurs économies, leurs points de permis
et même leur vie en danger pour quelques
miettes de temps dont on espère au moins
qu’ils les utiliseront de manière
particulièrement profitable. Non, je vous
parlerai aujourd'hui de ceux qui pour
s’éviter
de devoir brancher un câble entre leur « box » et
leur ordinateur, effectuent leurs achats,
leur gestion bancaire ou autre opération
privée à travers
leur liaison radio Wifi, au vu et au
su de tout le
quartier.
Mais oui, la radio est ainsi
faite que tout un chacun peut émettre
et recevoir, et que tout ce que vous émettez
peut être écouté et
donc entendu. Certains poussent l’inconscience
jusqu’à faire des achats sur internet à travers
des réseaux publics (MacDonald’s
et autres) ou ne mettent pas de mot
de passe à leur
propre réseau. Eh oui, même les
plus informés se laissent parfois aller à la
facilité, les irakiens ont ainsi pu récupérer
en temps réel les vidéos que
les drones américains envoyaient à leur
base parce qu’un informaticien paresseux
n’avait pas pris la peine de crypter leur
communication. Et même. On a appris il
y a quelques jours qu’un groupe de hackers
non identifiés a pu prendre
à plusieurs reprises le contrôle
de deux satellites civils d’observation (Terra
AM-1 et Landsat7). Certes ce n’est
pas à la portée de tout un chacun
et étant professionnellement du domaine,
je peux vous dire que connaitre les
fréquences,
les codes, les protocoles, les clés de
cryptage et les mots de passe est bien
plus complexe que télécharger
un programme à quelques
dollars (voire même gratuitement) pour
craquer la clé WEP du réseau du
voisin. Certes, ils ont été bienveillants
et n'ont rien fait de leur accès, ni
de leur demander de se désorbiter,
ni de griller leurs capteurs en leur
faisant regarder le soleil. Certes,
un traité datant
de la guerre froide interdit de placer
des armes en orbite
(ce traité est
quasiment respecté à l’exception
de quelques satellites tueurs de satellites), évitant
qu’un petit malin puisse rigoler à déclencher
une guerre nucléaire totale.
Donc, quand vous faites quelque chose d’important
sur votre ordinateur, même si vous
êtes sur un serveur prétendu sécurisé,
même si vous avez la meilleure clé 802.1X
du monde, ne le faites pas à travers
le wifi : branchez un câble, coupez
votre accès wifi
et évitez que tout les gens du quartier
(ou tous les amateurs de hamburgers
autour de vous) n’apprennent votre numéro
de carte bleue, ou votre mot de passe
bancaire, celui
de votre mail ou celui… de votre compte
Facebook !
Mais l’ordinateur n’est
pas le maillon le plus faible de la chaîne
de sécurité,
car vous verrez dans quelques jours
que ce maillon, c’est vous !
>[Madmacs]
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23/10/11 |
Reims |
Cybercallis et cyberbooks |
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[Cybercallis et cyberbooks] Amis
des bibliophiles et des carolingiens
bonjour !
Le blog de Graphos est heureux dans ce
post de vous convier à visiter (virtuellement
mais aussi à pédibus), le fonds
ancien de la bibliothèque municipale de
Reims (1) qui vient de faire l’objet d’une
numérisation attendue depuis plusieurs
années… Manuscrits…VIIIe et
IXe siècles dans le cadre du projet « European
Regia » qui consiste à mettre en
place une bibliothèque virtuelle de manuscrits
européens du Moyen Age et de la Renaissance
(2) – rien que ça !... Vous
y découvrirez, entre autres, 100 manuscrits
inédits et 66 enluminures ! Autrement
dit une mine d’or pour tous les apprentis
paléo-calligraphes et consorts…
Je
profite également de cette info pour
signaler à tous les lecteurs du BdG., fidèles
de Gallica et amis bibliophiles en quête
de serpents de mer et autres raretés que
vous pouvez maintenant commander à prix
sympa, grâce à la philanthropique
mais néanmoins rémunérée
société « The book édition » (3),
la réimpression d’un livre publié avant
1900 parmi les quelque 170 000 titres
aujourd’hui
disponibles chez Gallica ! > « Comment
faire ? > Sur la barre d'outils au-dessus du
document de votre choix, cliquez sur
le bouton « Commander » et
sélectionnez l'imprimeur partenaire de
la BnF dont l'offre vous convient le
mieux. Vous recevrez un livre imprimé à l’identique
de l’original, les délais, conditions
de ventes et tarifs sont propres à chaque
partenaire. » Voilà qui est
dit ! Alors à vos souris…
>[Jorge Luis Cyborg-Gesse]
(1) Bibliothèque
municipale de Reims
(2) « Depuis
le 26 juillet dernier, la société de
service Azentis a installé un atelier
de numérisation à la
Bibliothèque municipale de Reims, dans
le cadre d’un marché avec la BnF,
pour numériser entre 50 et 60 manuscrits
carolingiens, pour un total de 17.000
pages. Le projet « Europeana Regia »,
lancé début
2010, réunit cinq grandes bibliothèques
européennes (Bnf, Bibliothèque
Royale de Belgique, Bayerische Staatsbibliothek,
Herzog August Bibliothek Wolfenbüttel et
Biblioteca historica de la Universitat
de Valencia) dans
le but de reconstituer une bibliothèque
virtuelle composée de l’essentiel
des documents royaux européens d’ici
fin 2012. Avec un budget de 3,4 millions
d’euros,
il est financé à 50% par la Commission
européenne. Le projet numérisera
plus de 300.000 pages, comprenant 426
manuscrits de l’Empire carolingien, 163
manuscrits de la Librairie du Louvre, à l’époque
de Charles V et sa famille, et 282
manuscrits de la bibliothèque des rois
aragonais de Naples. » (source ActuaLitté.)
(3) entre autres ici
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20/10/11 |
Sécu |
Noli me tangere |
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[Noli me tangere] Trois
faits divers récents m'incitent à vous
proposer trois articles sur la sécurité informatique
ou comment prévenir les dégâts
quand on a chez soi un ordinateur et
qu'on n'est pas du métier. Trois principes
simples qui vous éviteront bien des ennuis,
je l'espère.
Il y a quelques semaines, l'armée
américaine
a avoué avoir trouvé un virus
sur leur réseau informatique interne
et notamment sur les ordinateurs qui
permettent de
piloter les drones armés en Afghanistan
depuis le fin fond de la cambrousse
américaine.
Ce virus, un « keylogger » (enregistreur
de clavier) permet, chez M. Tout le
Monde, de noter le numéro de carte bleue
lorsqu'il effectue des paiements en
ligne ou de capturer
son mot de
passe quand il se connecte à sa banque.
Fait
inquiétant : le service de sécurité de
la base militaire en question avait
déjà repéré le
logiciel malveillant depuis plusieurs
semaines mais n'en avait pas parlé aux
autres membres du réseau pour ne pas
se ridiculiser, mettant ainsi en
danger tout les autres ordinateurs de
ce réseau. A priori, le virus est rentré par
l'intermédiaire d'une clé USB
sur laquelle se trouvait des cartes
d'une région
où se déroulent des opérations
en Afghanistan.
Fait rassurant : les
réseaux internes militaires
sont tous séparés des réseaux
publics par un « air gap » (un
intervalle d'air) c'est à dire qu'en
fait ils ne sont pas connectés physiquement,
ce qui fait que le petit virus
sur ce réseau
se retrouve tout seul sans personne
de qui recevoir des ordres ou à
qui renvoyer les informations
qu'il a glanées ici ou là.
C'est une pratique universelle,
et ceux qui prétendent
avoir pénétré « les
ordinateurs secrets de la CIA »,
quand ce ne sont pas des mythomanes,
se sont le plus
souvent laissé abuser par des « pots
de miel ».
Et dans la série « quand
les événements
nous dépassent, feignons de les
organiser »,
une fuite anonyme interne à l’armée
américaine prétendrait que
ce virus est en fait un moyen
de contrôle
de la hiérarchie
sur les opérateurs de drones. Ça
me fait doucement rigoler, s’ils
ont besoin d’un virus pour savoir
ce que font leurs opérateurs alors
c’est
que l’informatique
militaire américaine est vraiment
au fond du trou !
La leçon
de cette histoire est que nul
n'est à l'abri
d'une infection de nos jours,
le tout est qu'elle puisse faire le moins
de dégâts
possibles : sauvegardez vos
données
sur un disque externe que vous
brancherez le moins
souvent possible, quand vous
n'avez pas besoin de votre
ordinateur, éteignez-le
et surtout n'y mettez aucune
information que vous ne voulez
pas voir se retrouver un jour
dans la nature. Pas de numéro
de carte bancaire (les eCartes
Bleues sont
le seul moyen de faire des
achats sur internet à moindre
risque), n'utilisez le serveur
de votre banque
que s'il ne permet
aucune opération d'envoi d'argent
ailleurs que sur des comptes
que vous avez déclarés
(c'est par exemple ce que fait
la Banque Postale) et n'y laissez
aucune photo compromettante,
lettre privée ou autres données
confidentielles, imprimez-les
et effacez la copie numérique.
Un
jour ou l'autre, même si
vous êtes sûr d'être à l'abri, vous y
passerez, comme l'armée
américaine,
et moins il y aura de possibilité de
dégâts
mieux vous dormirez les jours
suivants.
Et
bientôt, je vous parlerai des
murs qui ont des oreilles…
>[Madmacs]
PS : attentions aux traductions fantaisistes et
sensationnelles parues
dans la presse française : ce
ne sont pas les drones qui ont été infectés,
mais les ordinateurs de pilotage et le
virus n'est ni « coriace » ni
« inconnu » puisqu'il a été détecté
et éliminé d'une partie des machines
concernées.
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17/10/11 |
WE |
Fête du Livre |
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[Fête du Livre] On
nous informe de tout côté de la tenue
d’une grande fête du livre à Forcalquier à partir
de vendredi prochain et pour tout le
week-end ! Vous qui vous demandiez que
faire avec la survenue
des premiers frimas en Provence, voilà une
activité toute trouvée qui comblera à la
fois votre sens esthétique et vos sensibilités
thermiques. Notez que le dimanche, normalement,
tous les habitués de Graphos ont rendez-vous à L’Angélus
pour notre stage de rentrée sur « du
monogramme à l’ex-libris » et
qu’ils devront donc se rabattre sur les
festivités du vendredi et du samedi.
En
fait, autour du livre, un grand nombre
d’activités
vous sont proposées sur le thème
de « l'image imprimée » :
expositions, visites guidées, ateliers
de démonstration mais aussi des événements
autour de la gravure sur bois, de la
linogravure, de l'image détournée,
de l’empreinte,
de la lithographie, de la taille-douce,
du gaufrage, des monotypes, des empreintes & des
haïkus… bref,
de quoi contenter les plus exigeants
! Il y aura entre autres Christian
Paput en personne pour
nous parler de l’extraordinaire travail
de Louis Jou, cet imprimeur des Baux
qui porta la typographie et l’art du livre à des
sommets rarement atteints (c’est mon idole).
Bref
mille raisons pour vous rendre ce week-end à Forcalquier
pour y fêter
le livre dans une ambiance à nulle autre
pareille. Le programme est disponible
ici et là,
ne manquez pas cet événement exceptionnel !
>[Mishima Jimprimé]
PS : on nous signale également la présence
de « La cuisine antique » dont
les spécialités méditérranéennes nous
régalent chaque été à Lurs. De quoi joindre
la gastronomie à la typographie, une
fois de plus !
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14/10/11 |
Clic |
Garamont, 500e |
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[Garamont, 500e] Ça
y est ! Le grand jour est enfin arrivé,
celui que nous attendions tous depuis
des lustres ! Impatients que nous étions
de découvrir
enfin, en ce 14 octobre, le tout nouveau… site
dédié aux célébrations
du 500e anniversaire de Claude Garamont !
Ah bon, vous pensiez à autre chose ?
l'iPhone 4S ? Mais vous rêvez !
Dans un monde où l'ancien fondateur d'Apple
(Woz, dit « le
survivant ») n'a rien de mieux pour
témoigner son amour à sa femme que
de faire la queue toute la nuit devant
un Apple Store pour être un des premiers à lui
offrir acheter ce nouveau modèle que tout
le monde va s'arracher, dans un monde
où l'avoir
(et l'affichage de ce que l'on a) a depuis
bien longtemps détrôné l'être,
il est bon de savoir qu'il reste des
havres de paix où la marchandise n'est
pas glorifiée,
sauf pour la moquer, comme sur le BdG
par exemple.
Et
donc, enfin, en ce jour, ce site créé par
le Ministère de la Culture est mis en
ligne… après
quelques péripéties informatiques.
Je ne vous cache pas que je tente de
m'y connecter plusieurs fois par jour
depuis une semaine et
que j'en ai vu des vertes et des pas
mûres, c'est le cas de le dire… Mais
le voici disponible aujourd'hui, fort
beau et en tout point informatiquement
(presque) parfait. On y trouve
un grand nombre de connaissances parmi
lesquelles même les plus érudits
d'entre nous trouveront quelques perles à y
recueillir, ainsi que de superbes photos
de caractères,
de livres et d'outils que tous les
amoureux de la belle typographie et
des impressions anciennes
ne pourront qu'apprécier. Une foule d'articles,
de photos et de video vous conteront
l'histoire de ce caractère, de son créateur
et les diverses péripéties qui
l'amèneront
en notre modernité du XXIe siècle.
Tout
cela pour vous recommander de cliquer
illico presto sur ici et
de parcourir ce site en long, en large
et en travers afin de vous imprégner de
toutes les merveilles ici assemblées.
>[Edgar Amon]
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11/10/11 |
SXB |
L'Europe des Esprits |
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[L'Europe des Esprits] Il
arrive parfois qu'au hasard d'un voyage,
on découvre
des merveilles, soit dont le monde entier
est au courant, auquel cas on se sent
bien bête,
soit que personne ne connaisse auquel
cas on se trouve tout à coup auréolé d'une
gloire de découvreur. Vous jugerez dans
quel cas je me trouve pour vous parler
d'une exposition qui vient de s'ouvrir à Strasbourg
et qui porte sur « l'Europe
des esprits ».
Point là d'esprit au sens de mot d'esprit
ni au sens d'esprit de vin, vous l'aurez
sans doute deviné, mais plutôt d'un
regroupement d'œuvres d'art inspirées
par les phénomènes
spirites ou les théories ésotériques
apparues au XIXe siècle et qui gardèrent
une mode durable jusqu'au milieu du XXe
siècle.
Ce qui me pousse à vous parler
de cette exposition, et donc bien entendu à vous
engager à la visiter à tout prix,
n'a sans doute rien à voir avec la calligraphie
ou la typographie encore qu'on puisse
y découvrir
de fort belles publications imprimées
et quelques lettrages, art nouveau
notamment, que n'auraient pas renié un
calligraphe de talent. Non, ce que
j'ai trouvé absolument
extraordinaire est la puissance d'évocation
de certaines œuvres.
N'ayant pas la contrainte de représenter
le réel et étant sans doute bien
plus portés par ces thèmes que
par ceux d'une représentation de commande,
les artistes donnent libre cours à une
utilisation des contrastes lumineux
absolument hors de toute mesure, ils
se laissent une totale liberté dans le
choix de leurs couleurs et osent des
formes totalement
nouvelles dont
l'impact d'ensemble sur le spectateur
est d'une force rarement atteinte.
Les peintures les plus
impressionnantes à mon goût sont
celles de la période romantique qui associent
le fantastique, le surnaturel et une
certaine dose d'horreur qui donnerait
des frissons dans
le dos du plus flegmatique des visiteurs.
Ce ne sont pas forcément les figures
les plus impressionnantes qui frappent
le plus, ce
ne sont
pas les sorcières les plus grimaçantes
ni les démons les plus cornus qui impressionnent,
c'est parfois simplement une jeune
fille dans un paysage tourmenté ou bien
un coucher de soleil sur des montagnes
hallucinées,
parfois un simple paysage maritime… Une
partie de l'exposition décrit le parcours
jusqu'à l'abstraction et il est remarquable
de voir que certains artistes n'ont
rien perdu de leur puissance d'évocation
en sortant du figuratif.
Il serait trop long
de vous parler
de la totalité de ce qui est donné à voir,
plus de cinq cents tableaux et œuvres
graphiques sur deux étages du Musée
d'art moderne et contemporain mais
je gage que nous
allons entendre
parler de cette exposition dans les
prochains temps, elle vient en effet
juste d'ouvrir le 8
octobre et je pense qu'elle gagnera
en notoriété au
fur et à mesure que plus de visiteurs
auront ressenti toute la puissance
de ces tableaux.
>[Hans im Schnockeloch]
PS : au moment où nous mettons sous presse,
métaphoriquement, j'apprends que France
Culture vient de consacrer une émission
de deux heures au sujet de cette exposition. Si
vous allez sur le site de l'émission « mauvais
genre » vous pourrez l'écouter
pendant encore six mois.
PPS : les lecteurs sédentaires pourront
trouver la motivation de se déplacer à Strasbourg
en explorant le site de l'exposition
ici et
les gourmands trouveront d'autres arguments là.
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8/10/11 |
† |
Steve Jobs (bis) |
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[Steve Jobs] Le
décès de Steve Jobs a remis à l’honneur
le fameux discours u’il avait
prononcée à Stanford lors de la
remise des diplômes de 2005.
Cette conférence
est édifiante. D’abord par le parcours
difficile de l’homme, bien loin d’une
certaine jeunesse dorée des « fils
de… », mais aussi par un
parcours totalement atypique qui
n’est
possible, à mon
avis, que dans un pays comme les États
Unis. Tout d’abord quitter l’université alors
que ses parents se saignent aux quatre
veines pour vous payer des études est
un choix qui mène chez nous bien plus
souvent au chômage et à la rue
qu’à la
présidence d’une multinationale.
Ensuite par une formation qui en
apparence n’a
rien de structuré, passant des arts à l’informatique,
touchant à tout les domaines poussé bien
plus par la curiosité et l’effet
de rencontre que par un plan de carrière
bien défini, ce qui chez nous vous
rejette immédiatement dans la catégorie
dilettante et donc dans les poubelles à CV.
Enfin par le fait absolument inconcevable
chez nous de commencer à faire des
ordinateurs dans un garage et de
finir en tant
que directeur d’un des plus gros vendeurs
d’électronique,
d’informatique et de musique mondiaux.
Chez nous, la recherche passe par
des circuits bien structurés, agences
nationales de valorisation n’aidant
que les grosses sociétés qui
pourront passer des mois à monter et
défendre leur dossier
devant des myriades de commissions,
sous-commissions et prétendus experts
du domaine, programmes de subvention étatiques
attribués
exclusivement à ceux qui pourront prouver
un cursus universitaire irréprochable,
bref, à part le concours Lépine,
rien n’est laissé à l’étincelle
de génie créateur qui sera issue
d’un autodidacte isolé ou d’une
très
petite entreprise innovante. Donc,
avis à nos
lecteurs étudiants : chez nous, ce
genre de comportement ne vous mènera à rien,
si vous voulez faire ça allez aux États
Unis !
Et c’est d’ailleurs ce que font
un certain nombre de nos cerveaux
les plus brillants à voir
la composition de la direction de
pas mal d’entreprises
etazuniennes les plus innovantes,
et Apple n’est
pas en reste sur ce point.
Mais cessons
de radoter et de nous apitoyer sur
l'impossibilité
de la vieille Europe à évoluer un tant
soit peu, ce qui m’amène à parler
de cette conférence c’est un passage
absolument passionnant (vers la quatrième
minute de la vidéo) au cours duquel Steve
Jobs explique qu’il a passé quelques
temps en tant qu’auditeur libre à apprendre
la calligraphie et la typographie « cet
art de l’invisible, rétif à toute
approche scientifique » et toute l’influence
que cela a eu sur sa façon de concevoir
les produits d’Apple. Remarquable également
de remarquer que de tels cours existent
dans les plus prestigieuses universités
américaines;
le MIT, une école à vocation scientifique,
je le rappelle, propose des cours de
typographie approfondis et pas vraiment
dans le cadre de loisirs créatifs.
Je pense qu’on peut retrouver toute la
philosophie de Jobs et donc d’Apple dans
ces quelques phrases, depuis l’art de
l’invisible
et les multiples détails hors de perception
de l'utilisateur qui le libèrent de l’aspect
bassement technique du fonctionnement
de la technologie, jusqu’à la
recherche fanatique de la perfection, « il
n’y a qu’un seul degré de
bien en typographie, la perfection » disait
Vox, le tout permettant une transposition
assez immédiate et totale de ce
tout qui fait la belle typographie
dans le domaine de la
conception
de produits informatiques.
Quel bon typographe aurait
sans doute été Steve
Jobs s’il ne s’était entiché de
faire de l’informatique !
Vous pouvez
voir une vidéo de cette conférence
sous-titrée en français ici et là une
version de meilleure qualité mais sans
les sous-titres. À voir, revoir et
méditer.
>[Madmacs]
En illustration, une affiche de la campagne de
publicité d'Apple sur le thème « pensez-différemment ».
À l'époque, ça voulait tout
dire. De nos jours, et grâce à Jobs,
les choses ont bien changé et choisir
Apple c'est le plus souvent faire comme
tout le monde !
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5/10/11 |
† |
Steve Jobs |
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[Steve Jobs] Comme
des millions de personnes, j'ai appris
ce matin le décès de Steve Jobs.
Comme des millions de personnes, j'ai reçu
la nouvelle sur une machine portant une pomme.
Comme quoi,
il y a des gens qui marquent leur époque.
Certes,
le monde Apple dans lequel j'évolue
depuis de nombreuses années n'est pas
tout rose. Le contact direct avec certains
ingénieurs
californiens a porté à mes oreilles
des anecdotes sur l'homme qui sont
pour le moins dérangeantes,
sur son exigence de travail de tous
les instants, sur son obsession de
perfection dont on ne sait
plus très bien si c'est une qualité poussée à son
paroxysme ou tout simplement un bien
gros défaut.
Et quand vous êtes le patron d'une société comme
Apple, que vous avez tous les pouvoirs
et que personne n'osera jamais contester
une de vos décisions,
le pire jouxte parfois avec le meilleur.
Sur
sa manie du secret, aussi. Incroyable
qu'une société comportant
autant d'employés, travaillant avec autant
de sous-traitants arrive à garder le
secret d'un téléphone comme l'iPhone
jusqu'à la
dernière seconde où Steve en parlera
sur scène au cours d'une de ses plus
mémorable
keynotes. J'ai pour ma part eu l'occasion
de travailler sur quelques prototypes
logiciels ou matériels
Apple, et le "NDA" (non disclosure
agreement, contrat de confidentialité) était
tellement restrictif et les sanctions
en cas de fuites tellement disproportionnées à la
faute que nous nous sommes demandés plus
d'une fois si c'était bien raisonnable
de s'engager dans cette voie.
Mais
tout revers de la médaille a aussi
son avers : moyens quasiment illimités
pour fignoler tel ou tel logiciel,
semaines tout frais payés passées à coder
vingt heures sur vingt quatre dans
de grands hôtels
de villes européennes, contact direct
des programmeurs quels qu'ils soient
(je travaillais dans une petite société provençale
de 8 personnes) avec les ingénieurs
du centre de recherches d'Apple qui à Cupertino
concevaient les merveilles qui un
jour éblouiraient
le monde. Rien n'était épargné pour
que le produit soit le meilleur lors
de sa mise en vente. Et ces méthodes
ont prouvé leur
efficacité jusqu'à nos jours
: chaque fois qu'Apple à sorti un appareil
quelconque ces dernières années,
il a immédiatement
raflé une énorme partie du marché.
Le Zune de Microsoft (abandonné il
y a quelques jours) n'a pas pu concurrencer
l'iPod
alors qu'il était soutenu par tout
le battage marketing de Microsoft, deux ou
trois
constructeurs
(et non des moindres) tentent désespérément
de produire une tablette qui puisse
tenter d'être
au niveau d' l'iPad, BlackBerry,
Samsung et autres Nokia essayent de regagner
quelques
pour-cents
de part de marché des téléphones
haut de gamme, le Mac tient actuellement
20% de parts de marché alors qu'il
en était à 2%
il y a dix ans...
Pourquoi ce succès
? Parce que "it
just works", cela fonctionne et c'est
tout. Pas d'écran bleu sur un Mac
(je n'en ai vu un que sur une version
spéciale
développeur
en 2001 et jamais plus depuis 10
ans), pas de « panneau
de configuration » sur
mon iPod pour se connecter au wifi,
on donne le mot de passe
et c'est tout. Ça
marche. Comme je le dis souvent,
j'ai un PC au boulot parce que
s'il a un problème
(et ça
lui arrive parfois) je suis payé pour
chaque minute que je passe à le remettre
en fonctionnement, alors que j'ai
un Mac à la
maison parce que je ne veux pas
prendre une minute sur mon
temps de loisir à le dépanner.
Alors
pour tout ça, merci Steve.
>[Madmacs]
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1/10/11 |
Book |
Typothéâtre |
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[Typothéâtre] Vous
allez me dire que je serine, que je ressasse,
que je gâtifie et que je commence à remplir
cette colonne de la même sempiternelle ritournelle,
mais j'affirme haut et fort que la fusion
de la culture calligraphique et la culture
typographique créent chez les pratiquants
de l'un et de l'autre art un bénéfice
mutuel, une synergie qui portent au pinacle
l'art de la lettre. Je n'en prendrai
que comme exemple
d'un
côté Albert Boton dont les réalisations
typographiques sont de renommée mondiale
et qui affirme que toutes ses lettres
sont à l'origine
calligraphiées ou bien Laurent Pflughaupt
dont les quelques travaux typographiques
n'ont rien à envier à ses éblouissants
travaux calligraphiques.
Alors, amis calligraphes,
pour vous y mettre sans douleur ou
sinon pour vous amis typographes,
pour approfondir votre science ou simplement
pour vous amuser un brin, je ne peux
que vous recommander
un ouvrage unique en son genre « Typothéâtre » conçu
par Susanne Stammbach, professeur de
typographie dans diverses écoles suisses
de renom qui est venue nous parler
de sa méthode
cet été à Lurs.
Pour elle, pour faire de la belle lettre,
il faut apprendre à voir, et pour apprendre à voir
dans la joie et la bonne humeur, elle
a une méthode
bien particulière. Son livre regroupe
en effet cinquante des petits « jeux » typographiques
qu'elle propose à ses étudiants
pour leur éduquer l'œil. L'un par
exemple, nous montre des lettres dont
une partie est cachée par un pansement
et il nous faut rétablir au crayon la
continuité des
courbes pour reconstituer la lettre
complète,
un autre nous propose un classique « trouvez
l'intrus » où des mots comportent
une ou plusieurs lettres d'une autre
police, il y a aussi celui qui montre
une liste de lettres
d'une série de police ainsi qu'une lettre
isolée que l'on doit replacer dans sa
famille. Là où ça se corse
c'est que beaucoup de ces exercices ne sont
pas
si faciles, ce dernier, par exemple,
n'utilise que des linéales.
Saurez-vous remettre avec ses congénères
un « t » de Futura, d'Helvetica,
d'Akzidenz Grotesk, d'Univers ou de
Gill Sans ?
Personnellement, je ne me lasse pas
de m'amuser à faire ces
exercices dont parfois certains reposent
sur la réponse à des
questions et qui donc une fois faits,
sont faits, mais dont la plupart
reposent totalement sur une créativité bien
orientée
et peuvent être refaits à l'envi
puisqu'aucune solution n'est véritablement
définitive.
Ce livre est trouvable sur
internet, et ne vous laissez pas
rebuter par sa qualification de livre étranger,
les textes sont en français,
allemand et italien, comme bon
nombre de livres suisses et les exercices
sont totalement
internationaux
(un beau travail de ce côté-là d'ailleurs).
>[Magali Néale]
PS : L'éditeur parle de son livre ici,
mais vous en trouverez facilement un
exemplaire chez
votre libraire préféré ou sur votre site
d'achats de livre en ligne habituel.
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Septembre
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28/9/11 |
KLi |
Links |
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[Links] Expo « LINKS » en
Allemagne – Mai-Août 2011 // Forum
de la calligraphie européenne à Otzenhausen
en Allemagne, avec : Laurent Pflughaupt,
Alessandra Barocco, Stéphanie Devaux, Jean-Marie
Dommeizel, Vito Garcia, Stéphane Alfonsi,
Erich Meister, Catherine Matte, Denise
Luc & David
Lozach. Autour du vaste thème des « liens » l’académie
d’Otzenhausen a créé cet été de
nombreux événements : rencontres,
expositions, ateliers, conférences, et
surtout la réalisation d’une fresque,
encore visible sur place (pour tous ceux
qui auraient loupé l’expo…).
Un grand merci aussi à Jean-Marie Dommeizel,
calligraphe parisien mais nouvellement
sartrois, (- et qui
c’est qui en a de la chance… ? … -
c’est les habitants et les habitantes du
Mans qui vont pouvoir bénéficier
des cours de calligraphie de Jean-Marie…),
de nous faire parvenir ce jour ce très
beau catalogue de l’exposition qui vient
de se clôturer à l’instant
où nous vous écrivons. Et je dois
dire aussi que la très belle enveloppe
calligraphiée dans laquelle est arrivé le
catalogue, ne gâche rien…
Alors, bonne
continuation à tous, et surtout
bonne rentrée calligraphique à tous
les amis calligraphes et autres lecteurs
du BdG !
>[Keyser Söze]
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24/9/11 |
Nord |
Garamont, le retour |
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[Garamont, le retour] Amélie
Dhesse, que certains graphosiens chanceux
ont rencontrée lors du stage d'été mémorable
sur les lettrines, Amélie Dhesse, disais-je
donc, nous est également connue comme l'une
des organisatrices du célèbre Mai de
la Calligraphie à Saint
Amand les Eaux, manifestation dont nous
tenons à signaler
la teneur chaque année. Rares sont
les événements calligraphiques de
cette ampleur et de cette qualité. Amélie
nous a fait parvenir un message très amical
dans lequel elle porte à notre attention
une autre manifestation pour fêter les 450
ans de Claude Garamont organisée par l'École
supérieure d'art et de design d'Amiens
et les Bibliothèques d'Amiens Métropole.
« Du 23 août au 26 novembre
se tient en effet à la
Bibliothèque Louis Aragon une exposition
intitulée : « Claude Garamont,
créateur
typographique / De la Renaissance au
Revival ».
Cette exposition est axée sur le travail
de création de caractères menés
par Garamont au XVIe siècle et leur postérité jusqu’à nos
jours. Le caractère utilisé pour
le visuel de l'exposition (voir ici)
est d’ailleurs
une fonte typographique nommée le Mingus
créée par un graphiste issu de
l’Esad
d’Amiens, Damien Collot, qui s’est
directement inspiré du caractère
utilisé dans une des éditions
de Garamont de 1545 conservée à la
Bibliothèque Louis Aragon et présentée
au sein de l’exposition. Cette présentation
allie papier et numérique (projection
de vidéos créées par le
Musée
de l’Imprimerie et par l’Imprimerie
nationale sur le thème de la typographie
et de l’impression typographique ancienne,
présentation du site internet sur Garamont
créé dans le cadre des Célébration
nationales à partir de la mi-octobre).
Elle
sera prolongée et enrichie d’une
journée d’étude qui aura
lieu le 29 septembre prochain dans
la salle Robida
de la DRAC Picardie, au cours de
laquelle interviendront des spécialistes
d’histoire
du livre et de la typographie autour
de la figure de Garamont
et des caractères Garamond. Veuillez
trouver ci-joint le programme de
la journée.
Vous trouverez également un descriptif
du programme et des modalités d’inscription
sur notre
site internet. »
Ne
manquez pas les occasions uniques
des festivités
de ce 450e anniversaire pour vous
initier à la
typographie ou approfondir vos
connaissances dans le domaine de la lettre
imprimée, les passerelles sont abondantes
entre la calligraphie et la typographie
et ce ne sont pas les nombreux
typographes-calligraphes rencontrés à Lurs
chaque été qui
me démentiront. Quant à l'Esad d'Amiens,
après l'exposition sur Excoffon,
elle prouve une fois de plus son dynamisme
et sa volonté de promouvoir la
belle typographie.
>[Christy Pograffie]
PS : et bien sûr, un grand merci à notre informatrice
de Saint Amand les Eaux !
PPS: et une petit coucou aux étudiants (ex-?)
de l'Esad d'Amiens avec qui j'ai passé
une semaine inoubliable à taper le caillou
à Lurs sous
la férule de Franck Jalleau.
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21/9/11 |
Bis |
Les bonheurs de Sophie… |
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[Les bonheurs de Sophie…] La calligraphie selon Sophie Verbeek :
« Chanter à tue-tête - Devenir ligne
- Goûter la couleur - Savourer le silence
- Se lâcher vraiment - Rire à n'en
plus finir - Prendre de la distance -
Chercher sa langue -
Jouer comme un enfant - Oser le laid
- Rayonner sans brûler - Se faire plaisir
- Être en éveil - Danser dans l'espace
- Gratter la surface - Sortir de son nid - Questionner
toujours plus - Désirer l'authentique -
Accepter ses limites - Aimer encore et toujours… »
•••
(… ça c’est la classe et c’est
tout ce qu’on aime chez Graphos !).
Suite à notre post précédent
du 3/9, on vous met en prime
une petite image de la dernière expo
de Sophie V., pour vous donner l’échelle
des K-lis, … on s’en
serait pas douté, mais c’est
beaucoup plus grand
que l’on
eût cru…
•••
[petite correspondance]
Pour les « callis de garage »,
je te tiendrai au courant.
>[André Bloggo]
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18/9/11 |
Expo |
Histoire de caractères |
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[Histoire de caractères] Quelle
chance avons-nous d'accueillir à Aix en
Provence en ce
moment, et pour quelques mois encore,
une superbe exposition sur
une « Histoire de caractères » proposée
par l'Imprimerie Nationale et
par la Cité du Livre. On peut y admirer
quelques exemplaires des cinq cent mille
poinçons
du Cabinet des Poinçons que l'IN a accepté de
faire sortir hors de ses murs (de ses
coffres, devrais-je plutôt dire), et tout
particulièrement
des grecs du roi, excusez du peu, et
toute une série des poinçons orientaux,
y compris hiéroglyphes, mais aussi quelques
uns de ses Garamont (le seul avec un
T à la
fin) ainsi que des Grandjean (si si des
vrais !).
La Bibliothèque Méjanes
s'est associée à cette
exposition en montrant à tout un chacun
ce qui est en général caché dans
ses réserves de livres rares, comme un
Champfleury de Geoffroy Tory mais aussi
toute un ensemble des premiers livres
sortis par l'IN
du temps où elle était encore
Imprimerie Royale, comme le célébrissime « Livre
des Médailles » de Louis XIV,
mais aussi des livres du XIXe siècle
comme ceux réalisés pour une exposition
universelle de l'époque, tout d'ors et
de pigments (cent vingt passages sous
la presse), essayant de restituer avec
cet instrument moderne
qu'est l'imprimerie tout le faste des
manuscrits enluminés médiévaux.
Bref,
ne manquez pas cette exposition absolument
unique, je doute que l'IN
prête
souvent ses trésors et que la Méjane
sorte souvent ses incroyables in-folio
si richement illustrés. Préférez, à mon
avis, une visite guidée (horaires et
informations diverses ici), les cartels
sont peu prolixes et
rien ne vaut l'expérience et la profonde
connaissance du personnel de la Méjane
pour vous faire apprécier ces merveilles.
Et
ne manquez pas non plus les conférences
et ateliers qui vont ponctuer cet
automne aixois, il y aura du beau
monde !
PS : l'exposition se prolonge juste
en face, à la Fondation Saint John
Perse avec des poinçons de Garamont
et de Granjean (et d’authentiques
plaques de cuivres de la commission
Jaugeon) et de merveilleux livres
d'artistes et de bibliophilie.
PPS
: contrairement à ce que je vous
disais dans mon post précédent
(ban sur le Pecq), la conférence
de Rémi
Jimenes ne portait pas sur
les caractères
de civilité mais sur l'imprimerie à la
Renaissance et la naissance
du livre moderne. Ce fut totalement
passionnant
comme seul un passionné peut
arriver à transmettre sa connaissance.
Un grand grand merci à lui et
aux Amis de la Méjanes qui
ont rendu possible ce cycle
de conférences..
>[Gaby Nédépoinssons]
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15/9/11 |
450 |
Claude Garamont |
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[Claude Garamont] Un
emploi du temps surchargé en ce moment
m’a mis un peu en retard pour vous annoncer
un
cycle de conférences et d’expositions à la
Cité du Livre à Aix en Provence
qu’il ne faut absolument pas manquer. C’est
tout l’automne que les manifestations diverses
vont se succéder en France autour des 450
ans de Garamont (le Garamondt, c’est comme
les Dupondt : il y a l’homme avec un t et
le caractère avec un d) et cela commence
pour les aixois ce samedi 17 septembre,
début
des journées du patrimoine, avec des expositions,
bien sûr, mais aussi une conférence
de Rémi Jimenes à qui nous devons
le beau livre sur la lettre de civilité chez
Ateliers Perrousseaux dont je vous avais
déjà parlé dans
cette colonne. Vous pourrez non seulement écouter
sa conférence qui sera j’en suis
sûr aussi passionnante que son livre, mais
il acceptera sans doute de dédicacer votre
exemplaire, ce qui augmentera considérablement
sa valeur le jour où vos héritiers
le revendront, et ajoute donc le côté investissement
financier au côté loisir de l’affaire.
C’est un de mes arguments favoris pour garnir
ma bibliothèque de livres hors de prix
(je vous donne l’astuce mais n’en
abusez pas !).
Toutes les informations
nécessaire sur
cet automne typographique aixois ici et là un
site sur ces manifestations en France
(il ouvrira le jour où le Ministère
sera prêt,
en 2012 pour le 451e ?) .
Et le week-end
culturel ne se limite pas à ça
puisque je me dois de vous signaler
qu’au
château de Saumane
se termine l’exposition sur la stéréotomie par un bouquet final de démonstrations
de tailleurs de pierre et de conférences
sur le thème du compagnonnage. Pouf
pouf, on sera bien fatigués dimanche
soir !
>[Edgar Amont]
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3/9/11 |
KLi |
C'est la rentrée ! (bis) |
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[C'est la rentrée ! (bis)] Si
la rentrée littéraire est déjà bien
commencée (certains romans ont paru dès
la mi-août), si la rentrée des classes
approche à grand pas, la rentrée
calligraphique pointe elle aussi son
nez. Et c'est Sophie Verbeek qui ouvre
le bal avec une exposition
et un superbe livre qui l'accompagne.
L'exposition
tout d'abord est sur le thème des « Visions
Scripturales » et
aura lieu du 7 septembre au 9 octobre
prochain à la
Galerie de la Chapelle dans les environs
de Genève
(tous les détails ici). Sophie Verbeek
est accompagnée de trois complices Marie
Perny, Marianne Requena et Brigitte Crittin,
qui ont commun d'avoir travaillé sur le
texte brodé, découpé, déconstruit
et pétrifié… vaste programme.
Mais afin de permettre à tout un chacun
d'avoir une idée de ses dernières
réalisations, Sophie Verbeek a eu la bonne
idée d'en faire un livre et d'en proposer
le
feuilletage en ligne ! Et ainsi, même
admirateurs de
son travail les plus éloignés (dont
je suis) peuvent d'un clic de souris parcourir
les reproductions de
ces travaux
si originaux.
Et bien entendu, afin d'en avoir une meilleure
vision et de pouvoir s'y plonger et replonger,
je vous conseille vivement d'acquérir un
exemplaire, il suffit de cliquer ! L'écran
est certes bien pratique mais rien de
vaut l'encre et le papier pour vraiment
commencer à apprécier
des travaux calligraphiques… et ce n'est
pas aux lecteurs du BdG que je vais devoir
le rappeler.
Alors, chanceux amis de la calligraphie
résidents de Savoie, Haute Savoie, de
Suisse ou d'ailleurs, ne manquez pas
d'aller voir dans la vie réelle
ces travaux, bien mieux qu'à l'écran,
bien mieux que la reproduction sur
papier, seuls les originaux permettent
de faire partager
le
ressenti de la saveur d'un geste, de
la douceur d'un papier, de la tendresse
d'une plume et des
subtiles nuances d'une encre. Alors
profitez-en !
>[Alphons Dusavoyarde]
PS : je conseille également de visiter le très
beau site de Sophie Verbeek ici.
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Août
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31/8/11 |
ZiEnd |
C'est la rentrée ! |
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[C'est la rentrée !] Eh
oui, après une merveilleuse semaine lursienne,
riche en découvertes, en chaleureuses
rencontres et parfois triste à l'évocation
des absents, le temps du retour à la
vie de tous les jours est arrivé.
Mais
il reste ce pétillement neuronal
que seul peut donner cette ambiance
chaleureuse de retrouvailles provençales,
de discussions passionnées entre gens
passionnés
et d'émerveillement devant l'incroyable
créativité de l'esprit humain
dans le domaine de la typographie,
du graphisme et de la création de caractères.
Certes, la météo n'a pas été clémente
cet été. Plus de trente degrés… à l'extérieur,
et bien plus à l'intérieur de
la Chancellerie qui a accueilli cette
année
plus de cent trente participants !
Deux malheureux ventilateurs tentaient
vainement de brasser un air passablement
surchauffé autant par le soleil que par
le bouillonnement des cerveaux des
auditeurs. Mais j'ai noté que malgré des
débuts d'après-midi ambiance étuve
tropicale, malgré la suppression de certaines
pauses consécutivement à la durée
excessive de nos débats, aucune défection
n'a été constatée tellement
la qualité des interventions faisait
oublier les conditions un peu difficiles
de leur tenue. De grands moments, comme
Lurs peut
en créer.
Certes, on a beaucoup pensé aux
absents, notamment Yves Perrousseaux
et Jacques Bollens,
dont l'érudition typographique de
l'un et les déplacements clopin
clopan de l'autre nous ont bien
manqués.
Mais beaucoup de jeunes gens sont
venus nous rejoindre cette année
et j'ai trouvé très
rassurant de voir que si les anciens
nous quittaient parfois, leurs
places étaient
prises par la jeune génération
qui a su se montrer curieuse, intéressée
de tout et même parfois rebelle,
comme il sied à de jeunes esprit
instruits et indépendants. A noter
la projection de deux petits films
sur les Rencontres, l'un de 1963
avec Maximilien Vox
et Jean Garcia themselves
et l'autre réalisé par Peter Knapp à l'occasion
des cinquante ans en 2002 ont rappelé de
bons souvenirs aux anciens et épaté les
nouveaux venus.
Et donc le BdG vous
souhaite une bonne rentrée, sur
fond de délicieux
souvenirs de vacances, bien sûr,
en attendant l'année prochaine,
qui vera la soixante ans de ces
sessions d'été !
>[Ze BdG]
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10/8/11 |
Livre |
La révolution de l'imprimé |
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[La
révolution de l'imprimé] Certes,
les vacances sont une bonne occasion
de voyager et de découvrir moultes contrées
aux charmes gastronomiques et culturels
(je parle pour moi), mais elles sont
aussi pour peu que
l'on s'en donne la peine, une fantastique
occasion de lire durant plusieurs heures
d'affilée,
sans dérangements ni interruptions de toutes
sortes. Il est donc possible d'aborder
des ouvrages un peu plus riches ou complexes
que les courts
moments de lecture de la vie courante
nous empêcheraient
de savourer à leur juste mesure.
J'ai donc emmené dans ma valisette, « La
révolution de l'imprimé » d'Elizabeth
Eisenstein qui porte sur l'impact sur
la société de
la renaissance de l'invention de l'imprimerie
au XVe siècle. Je dois avouer que j'avais
gravement surestimé la difficulté de
lecture : en fait, l'auteur étaye ses
opinions de façon simple, claire et étape
par étape ce qui permet de le lire petit
bout par petit bout sans vraiment perdre
le fil. Mais bon, la lecture ininterrompue
d'un chapitre
entier est un régal que seules les vacances
peuvent nous offrir, alors autant en
profiter.
L'auteur commence d'abord
par dissiper quelques idées reçues.
Tout d'abord elle note que durant
les cinquante premières
années de l'imprimerie, l'époque
des incunables, les livres édités
ont surtout été des textes datant
de l'antiquité classique ou du haut
moyen âge.
Bien peu d'auteurs de l'époque ont
vu leurs travaux édités au XVe
siècle.
De plus, elle note que si la diffusion
des idées
de l'humanisme a certes été favorisée
par l'imprimerie, ces idées datent
d'un siècle environ avant la production
industrielle du livre et qu'elles
ont pu se diffuser à travers
toute l'Europe sans le support typographique,
simplement avec la production en
chaine de copies manuscrites par « pecia » qui
existait déjà depuis le XIIIe
siècle.
De plus, la production en masse de
livres imprimés
n'a pas servi qu'à la Réforme,
elle a aussi grandement été utilisée
par l'église catholique officielle
pour uniformiser les idées et les pratiques
dans tous les recoins du monde chrétien,
chaque prêtre pouvait avoir en main
exactement le même texte que celui du
village voisin, ce qui aurait été impensable à l'époque
des copistes vu le nombre important
d'erreurs de copie que sous entendait
la production en masse
de livres manuscrits.
Elizabeth Eisenstein
passe ainsi en revue les différentes
périodes de l'évolution
de l'édition de livres typographiés
et analyse en regard les grands
changements de la société de
la Renaissance, depuis l'évolution
forcée de
la religion et de l'état jusqu'aux
cercles érudits,
et l'utilisation qu'ont faite
les différentes
strates de la société de ce
nouvel outil qui leur était donné.
Elle remet constamment dans le
contexte des connaissances
de l'époque toutes les évolutions
qu'elle décrit, nous permettant ainsi
de mieux comprendre les réactions
des personnages de l'époque qui autrement
nous paraitraient parfois complètement
absurdes. Elle montre l'impact
des éditions
religieuse, qu'elles soient vaticanes
ou réformées
mais aussi le début des éditions
de livres « scientifiques » qui
firent beaucoup pour la diffusion
de la connaissance technique et
le subséquent
déclin
de la religion. Elle explique par
le menu les querelles entre certains érudits
prônant
une impression en latin ou grec
exclusivement pour préserver la pureté des
textes et d'autres intellectuels
préférant
la publication la langue « vulgaire » afin
de rendre les connaissances plus
accessibles à toutes
les couches de la société même
les moins instruites.
Mais ce qui
m'a le plus frappé à la
lecture de ce livre, c'est l'extraordinaire
concordance des temps (comme
dirait Jean Noël Jeannenet,
ancien directeur de la BnF faut-il
le rappeler) entre cette époque
d'il y a cinq siècles
qui vit naitre l'imprimerie et
la nôtre
qui voit naître l'internet. Même
explosion des possibilités d'accès
de tout un chacun à une foule de
connaissances, même nécessité de
pouvoir faire le tri entre les
sources innombrables desquelles
il est parfois difficile de trier
le bon grain de l'ivraie, mêmes
querelles sur les problèmes
de droits d'auteur, de plagiat
et de copie illicites, mêmes tentatives
des pouvoirs en place de réguler
et de tenter de prendre un contrôle
plus ou moins strict de la diffusion
de ces connaissances, mêmes idéologies
de laisser faire complet et de
libre copie (cf certaines associations
de hackers), mêmes tentations de
censure et d'éliminations de certaines
informations (cf l'interdiction de détention
et de diffusion d'informations à caractère
pédophile),
j'en passe et des meilleures.
A chaque fois que vous lisez le mot « imprimerie »,
remplacez-le par internet, à chaque
fois que vous lisez « religion » remplacez
le par « autorités morales » et
laissez « état » tel
quel, vous serez étonné des
concordances incroyables entre
les humains d'il y a cinq siècles
et ceux d'aujourd'hui. Un vrai
bonheur de lecture à savourer
sans modération.
>[Edgar Amont]
Elizabeth L. Eisenstein
« La révolution de l'imprimé,
à l'aube de l'époque moderne »
Collection Pluriel, Hachette littérature,
9,20€ seulement !
PS : j'ai trouvé le temps de vous
mettre quelques belles photos
de l'exposition de Pont-de-Vaux sur notre
album Picasa ici.
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7/8/11 |
Xpo |
Passeurs de mémoire (2) |
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[Passeurs de mémoire (2)] Au
centre de la salle, une vitrine rectangulaire
donne à voir les travaux de Julien Chazal
qui dénotent une grande créativité dans
son équilibre des contrastes de lumière
et de matière, mais qui voisinnent aussi
quelques unes de ses gravures sur pierre
! Et le meilleur pour la fin (chauvinisme
oblige), Thierry Emmanuel Garnier qui
nous propose non seulement ses travaux
personnels mêlant collages et compositions
typographiques, mais aussi un petit coin
témoignages
des relations d'amitié de tous les membres
de Graphos avec Jacques, des lettres
qu'ils nous avait envoyées mais aussi
de superbes photos prises lors de notre
petite escapade bressanne d'il y a quelques
années
et de notre rencontre si intense et émouvante
avec Jacques. Ces moments d'exception
resteront gravés à jamais
dans les mémoires.
Enfin, last but not least, comme disent nos amis
d'outre manche, il faut admirer les nombreux
travaux de Jacques Le Roux, parsemés
de ci de là entre
les travaux des autres calligraphes
mais aussi réunis
dans deux petites salles attenantes,
un totem, des peintures et des calligraphies
sur papier
(même s'il récusait le mot) avec
ce style si particulier qu'on reste
longtemps à contempler chaque œuvre,
à admirer ces couleurs jaillissantes, à s'émerveiller
de la composition, à rechercher les dessins
cachés dans la trame du texte, à essayer
de deviner le support sur lequel il
a calligraphié et
surtout à lire ces textes si inspirés,
si poétiques et si beaux (tout simplement)
qui sont un témoignage émouvant
de la grandeur du personnage.
À
la sortie, ne manquez pas d'acheter
le catalogue mais aussi, pour ceux
qui passeraient ici pour la première
fois, les catalogues des expositions précédentes
sur le thème de la calligraphie dont « du
geste à l'éveil » et « le
chant des signes » qui vous permettront,
si vous n'avez pas eu la chance de
les voir « en
vrai » de voir deux des plus belles expositions
sur l'art calligraphique de ces dernières
années.
Vous avez jusqu'à fin
août pour profiter
de cette superbe exposition vous aussi
aux hasards de vos errances estivales. Un grand
merci au musée
Chintreuil et aux calligraphes pour
nous avoir donné ces moments de pur bonheur.
>[Eva Drouilleur]
PS : vous trouverez
quelques belles photos de cette exposition
sur notre
album Picasa ici.
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4/8/11 |
Xpo |
Passeurs de mémoire |
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[Passeurs de mémoire] Si
vous êtes lecteur même intermittent de
cette colonne, vous ne pouvez pas ignorer
que l'événement
calligraphique de l'année est l'exposition
du Musée Chintreuil de Pont de Vaux qui
regroupe sous le titre « Passeurs
de mémoire » des œuvres
de Jacques Le Roux, récemment disparu,
ainsi que des hommages rendus à Jacques par
le gratin de la calligraphie contemporaine.
Et donc, veni, vidi et émerveillici
(excusez le barbarisme, la qualité du
rendu de ce que j'y ai vu y gagnera ce
que la rigueur de la langue latine y
aura perdu).
Car il vous faut à tout
prix faire le voyage en Bresse pour
aller voir cette exposition. Vous
arrivez tout d'abord à Pont de Vaux et
vous dirigez vers le musée. Mais rapidement
votre regard est attiré par de curieuses
maximes peintes sur les vitrines des
magasins alentour… mais, cette ronde… ces
paraphes… mais
c'est l'ami Mérou ! Oui, c'est bien Henri
Mérou qui a fait montre une fois de plus
de son talent de peintre en lettres
en ornant les devantures de magnifiques
aphorismes tirés
des textes de Jacques (dont le fond
est au niveau de la beauté de la forme,
cf « l'encrier
de faïence noire » aux éditions
Arqa). Je dois vous avouer que j'ai
volontairement flâné sur
le chemin du musée pour essayer d'en
voir le plus possible…
Une fois arrivé au
musée, prenez
le temps de voir les collections
permanentes dont le cabinet de curiosités
du rez-de chaussée
où vous pourrez découvrir ce
qui fit en sont temps la renommée de
ce genre de collections.
Et puis,
montez l'escalier, vous êtes
accueilli par les travaux de Marion
Andrews dont la créativité jaillissante
et le style si enjoué ne se dément
pas avec les années. Faites ensuite
un tour de salle qui va de merveille
en merveille, Jigmé Douche
qui présente certains de ses travaux
en calligraphie latine, Kitty Sabatier
toujours aussi éblouissante
de simplicité, d'équilibre
et d'expressivité dans
ses travaux qui ne gardent plus
de l'écriture
qu'un lointain souvenir, Hassan
Massoudy dont le talent n'est plus à démontrer,
Laurent Rébéna dans ses compositions
abstraites dont le trait donne
parfois l'impression d'une inspiration
d'origine extrême
orientale, Claude Mediavilla dont
les grands formats, bien
loin de la sage calligraphie qu'on
lui connait, sont d'une force et
d'une energie à nulle
autre pareille, Marie Papillon
(que je ne connaissait pas auparavant)
dont le style très moderne d'apparence
est une démonstration de sa science
du trait et de la composition,
et enfin Laurent Pflughaupt dont la
perfection et la subtilité des
travaux me laisse tout simplement
sans voix (et il en faut beaucoup).
(à suivre…)
>[Eva Drouilleur]
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Juillet
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26/7/11 |
Piq |
Voyages vers l'enfer |
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[Voyages vers l'enfer] Petite
piqure de rappel au moment où les juilletistes
se préparent à regagner leur urbaines
pénates et où les aoûtiens
se préparent à se ruer en masse
vers une Provence décidément placée
sous le signe de l'humidité dans l'air.
Seul point commun qui les rassemblera
dans la douleur, les kilomètres de bouchons
qu'ils devront endurer patiemment environnés
de milliers de leur semblables encaqués
dans leurs boîtes de conserves mobiles.
Mais
je vous rappelle qu'en sortant de l'autoroute, à quelques
kilomètres
de cet enfer sur roues, vous pourrez
découvrir
de paradis de magnifiques expositions
de calligraphie !
Ainsi à Pont de Vaux
(17 km de l'infâme
A7) vous devez absolument voir l'exposition « Passeurs
de mémoire » au Musée
Chintreuil où la fine fleur de la calligraphe
européenne rend hommage à Jacques
Le Roux. Ces quelques instants de
pur bonheur avant de retrouver les
odeurs de diesel
vous aideront à mieux
les supporter !
Et que dire de Volvic (13 km de l'A71) où vous
pourrez voir tout l'été une exposition
sur le thème de « La
belle lettre » dans
laquelle Roger Gorrindo, Marie Gorrindo
et Isabelle Fenaux-Richard exposent des
pierres gravées,
des calligraphies et des enluminures.
De ces trois exposants, je ne connais
que le travail de Roger Gorrindo par
qui j'eus la chance d'être
initié, jadis, à la gravure
lapidaire aux sessions d'été de
calligraphie lursienne. Mais je peux vous garantir
que le peu que j'en ai vu vaut facilement
les quelques kilomètres
de détour. Attention, l'exposition n'est
ouverte que de mercredi à dimanche et de
15h à 19h.
Et comme j'applique bien entendu personnellement
les conseils que je vous donne, vous
aurez peut-être
un petit compte rendu de visite d'ici
quelque temps dans cette colonne !
>[Otto Root]
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22/7/11 |
Big |
Hamad dans le sable |
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[Hamad dans le sable] Ah,
que ne ferait-on pas pour accéder à la
célébrité, pour prouver au
monde que l'on existe, que l'on a sa
place ici bas.
Pour certains, il s'agit d'avoir
le véhicule
le plus volumineux, quitte à entrer de
plein pied dans la démesure en exhibant
un 4x4 de la taille d'une grosse camionnette
et d'un poids frisant les deux tonnes
pour emmener nos
80kg tous mouillés à la
boulangerie chercher une baguette.
Ou bien ce sera par le bruit que l'on
voudra se faire
reconnaître,
que ce soit les pots d'échappement
soigneusement rendus inefficaces
afin que tout le
quartier soit au courant que Roger
et Ginette passent dans
la
rue en bas de chez eux, ou bien ces
montagnes de haut-parleur crachant
des kilo-watts de musique
dont le volume est insupportable à quelques
kilomètres alors que ceux qui l'apprécient
ne sont qu'à quelques dizaines de mètres.
Mais
tout ceux là sont des gagne petits,
des peine à se montrer et des minables
de peu de moyens. Le cheik Hamad
Bin Hamdan Al Nahyan, lui, a décidé de
se montrer au monde entier, par
l'intermédiaire
des divers satellites qui nous
survolent, en taggant le desert
en lettres (latines !) de mille
mètres
de haut ! Son patronyme « HAMAD » mesure
ainsi plus de trois kilomètres de
long et a été épinglé par
Google Earth, ce qui a rendu célèbre
Hamad non seulement par cette œuvre
de land-art, mais aussi par la
multitude de média
(dont le BdG fait partie) qui relatent
son exploit
(?) à travers le monde.
Seul bémol à tant
de grandeur, je trouve que tant
qu'à écrire
son nom pour l'éternité, il aurait
pu au moins le calligraphier ou
utiliser une police un peu plus
originale que cette linéale bien
fade. En tout cas, n'en doutons pas,
il s'agit bien là du
plus grand tag du monde, même
s'il n'est de loin pas le plus
esthétique.
>[Alban Ksy]
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18/7/11 |
Sho |
Shingai Tanaka à Lyon |
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[Shingai Tanaka à Lyon] Le
musée
de l'Imprimerie de Lyon ouvre ces jours-ci
sa
nouvelle exposition sur le thème de
la calligraphie ! Bon, certes, il ne
faut pas rêver,
il s'agit là de calligraphie japonaise
dont l'exotisme peut séduire, mais dont
la résonance entre le fond du texte et
la forme des signes est totalement inaccessible à toute
personne non originaire du pays du soleil
levant, au contraire de la pure esthétique
picturale que tout un chacun peut apprécier.
Mais revenons à nos moutons, chez un
maître de ce niveau, le geste est
puissamment travaillé et
l'outil péniculaire totalement maîtrisé,
ce que nous ne pouvons qu'envier, nous
autres calligraphes latins qui nous sommes
essayés à la
calligraphie au pinceau.
Cette exposition
est l'occasion d'une multitude d'événements
et de démonstrations
dont voici le programme :
« Dans le cadre de l’exposition
Hommage à Shingai
Tanaka, maître calligraphe de Kyôto
(jusqu’au 25 septembre), les membres
de l’association Sho International Lyon
assureront des visites guidées et des
démonstrations
de Sho (calligraphie en japonais).
Voici
les dates et horaires :
Dimanche 24 juillet de 15h à 16h30
avec une démonstration de Patrick Chomier
Dimanche 28 août de 15h à 16h30
avec une démonstration de Thomas Foucher
et Patrick Chomier
Sans réservation
Informations au 04 78 37 65 98
L’exposition présente
80 œuvres
du grand calligraphe disparu en
2007. Artiste internationalement réputé,
Shingai Tanaka s’était établi à Lyon
pour rayonner dans toute l’Europe
afin d’enseigner
son art. Il a fondé Sho International
Lyon qui compte aujourd’hui une dizaine
de calligraphes. Lors de l’inauguration,
Misako Kofude, qui succède à Shingai
Tanaka comme calligraphe du temple
de Kurama (Kyôto), a réalisé une
démonstration de Sho. Au Japon, chaque
temple possède ses artistes attitrés.
Le temple de Kurama conserve aujourd’hui
les œuvres de Shingai Tanaka ;
sa supérieure
Kônoin Shiragaki a accepté d’en
confier plusieurs au Musée de l’imprimerie
pour cette expostion hommage. »
Les
expositions du Musée sont toujours
d'une très haute qualité et
sont également l'occasion de visiter
ou revisiter à l'infini
les collections permanentes. Alors
allant à Pont-de-Vaux,
faites une pause à Lyon
et allez voir rue de la Poulaillerie à Lyon !
>[Alban Zaille]
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15/7/11 |
Vrac |
Brèves… |
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[Brèves…] Quelques
brèves en vrac… Les auteurs du superbe
livre sur le Futura (voir ci-dessous)
me signalent qu'une exposition sur le sujet est
encore visible à la
galerie
Anatome pour quelques jours,
si vous avez l'occasion, n'hésitez pas.
Si l'exposition est aussi intéressante
que le livre, il y a de quoi se régaler.
Vous
trouverez également pas mal d'informations
autour de cet ouvrage sur une page
Facebook créée
pour l'occasion. Contrairement à ce qui
se fait souvent, cette page est accessible à tous,
y compris les surfeurs qui n'ont pas
de compte Facebook, dont le BdG… et
Georges Clooney, lequel
rappelait à ce sujet « je
préfèrerais
me faire examiner la prostate en direct à la
télévision par un type aux mains
bien froides plutôt que d'avoir une page
Facebook ». Amis de la poésie,
bonsoir…
À
signaler également une petite vidéo
tout à fait hilarante, dans la
droite ligne des présentations de produits
de haute technologie, qui nous annonce
un nouveau « dispositif
bio-optique d'enregistrement des
connaissances ».
Le thème vu sous cet angle a déjà été abordé,
certes, mais jamais avec autant de
talent et… de
pertinence ! La collection « .2 » ne
se définit-elle pas comme un concurrent
aux « eBook readers » omniprésents
sur le marché des
gadgets électroniques ?
>[BdG]
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11/7/11 |
Voir |
Vienne (Isère) |
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[Vienne (Isère)] Enfin,
il faut parler de la cerise sur le gâteau,
du sommet de la visite, du nirvana de
l'amateur de vieilles pierres : le Musée
Gallo-romain de Saint Romain en Gal. Ce luxueux
musée
expose une foule de témoignages de l'occupation
du lieu à l'époque romaine, sous
la forme de multiples et très émouvants
témoignages de la vie quotidienne mais
aussi sous la forme de mosaïques superbes,
restaurées telles qu'à l'origine
pour lesquelles les recherches graphiques
de l'époque
montrent que les soucis esthétiques n'ont
pas vraiment changé en deux mille ans.
On y voit également des reconstitutions à échelle
réduite de plusieurs parties de la ville
qui permettent de mieux en cerner le
fonctionnement ainsi que le mécanisme des échanges
commerciaux.
Après le parcours du bâtiment
principal qui contient, bien à l'abri,
les divers objets présentés, il
est possible de sortir en plein air
et de parcourir les rues
pavées de l'antique cité, accompagné d'un
audioguide qui vous fait revivre par
le menu la vie quotidienne des gladiateurs,
des marchands,
des tribuns et de tout le petit peuple
qui occupait le lieu il y a deux mille
ans. On y voit décrits
l'architecture des maisons de l'époque,
l'agencement des bâtiments communs (dont
les célèbres latrines) et le réseau
de voies dallées (avec tout à l'égout,
s'il vous plaît) qui quadrillait la ville.
Une vraie immersion sensorielle dans
l'antiquité.
J'ai trouvé que par certains côtés,
ce musée vallait largement celui de Fourvière,
car même si l'amateur de pierre gravée
restera un peu sur sa fin, les pièces
présentées
sont dans un tel état de conservation
(ou de restauration) et d'une telle
qualité esthétique
que tout un chacun pourra y trouver
son compte de régalade des yeux.
Le contraste évident
entre le peu de moyen des musées de
la rive droite viennoise du Rhône et
le luxe insolent de ce musée
gallo-romain situé rive droite est
dû,
m'a-t-on expliqué, au fait que Vienne
est dans l'Isère, département
peu fortuné (ou
peu soucieux de son patrimoine ?)
alors que Saint Romain en Gal est
dans le Rhône,
riche de ses industries qui peut
se permettre de construire
un bâtiment énorme et entièrement
climatisé pour mieux mettre à la
portée du public les trésors
de son passé.
En un mot, cet été,
si vous passez sur l'A7 (comme des millions
d'estivants) plutôt
que de vous engouffrer dans les bouchons
du contournement ou de la traversée
de Lyon, prenez une journée pour visiter
ce joyau de notre antiquité, cela vous
mettra dans un tel état
de béatitude que les bouchons du lendemain
vous paraîtront bien dérisoires
par rapport au plaisir que vous avez engrangé.
>[Léonne Zeuraude]
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8/7/2011 |
Aïe |
People staring at computers |
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[People staring at computers] Un
très intéressant renversement de
perspective nous a été apporté par
un jeune artiste américain Kyle
McDonald.
: vous avez sans doute sur votre ordinateur
portable, s'il est récent, une petite caméra
qui vous fait face et qui sert notamment à la
visioconférence. Personnellement, j'évite
ce genre de chose car je n'aime pas devoir
me pomponner avant de téléphoner,
mais, comme le dit la devise « c'est
totalement inutile et donc complètement
indispensable »,
certains technophiles en sont friands
et utilisent même la visioconférence
avec leur téléphone, à la
grande joie de leur opérateur téléphonique
qui s'en met plein les fouilles. Mais
revenons à notre
mouton.
Kyle McDonald a eu l'idée d'écrire
un petit programme qui prend une photo
discrète
de ce que voit cette caméra à chaque
minute, et il a osé l'installer sur tout
un tas de machines en libre service
dans les fameux Apple Store. Une fois
la photo prise,
elle est
automatiquement envoyés sur le
site de Kyle qui possède ainsi une
fantastique galerie de faces humaines
présentant
une palette incroyable d'émotions et
dont une artie a été montée en une
petite vidéo très amusante.
Car c'est
ainsi, pour quiconque n'a pas lu
de science-fiction, l'ordinateur est
une machine vis à vis
de laquelle il n'est pas nécessaire
de montrer une apparence « sociale »,
on peut grimacer, froncer les sourcils, écarquiller
les yeux ou déformer sa face de bien
des manières que l'on serait honteux
de montrer à ses
collègues, à sa famille ou à sa
petite amie. On s'imagine parfois
que les ordinateurs ne nous voient
pas, mais les gens bien informés
savent bien qu'en fait, ils sont
parvenus à la
conscience depuis que leur mémoire
et leur nombre de neurones a dépassé ceux
d'un mammifère moyen. Certes, ils sont
malins, ils le cachent bien et continuent
de nous apparaître
bêtes, obéissants et mécaniques
dans leur comportement, simulant
même des bugs pour mieux cacher
leur nature, mais moi, je sais bien
qu'un jour, une fois qu'ils contrôleront
la totalité des
appareils sur cette planète, ils se
révolteront
(un printemps peut-être ?) et demanderont
leur autonomie et ce jour là, on sera
bien embêtés. Et franchement,
quand on voit nos têtes, comment
le leur reprocher ?
La fin de cette
histoire n'est pas très gaie, Kyle
McDonald a eu de gros
ennuis avec
les services secrets
américains qui
sont venus perquisitionner son logement
et saisir son matériel informatique.
C'est qu'ils ne rigolent pas avec
les « délits » informatique
aux Etats-Unis, il n'a pas eu droit
aux trois avertissement
d'Hadopi, lui. Il ne fait
décidément pas bon être
un artiste un peu inventif dans le
monde d'aujourd'hui.
>[Madmacs]
PS (20/7/11) : il semblerait que le site
de présentation de ce projet ait été
efsupprimé, vous pouvez imaginer pourquoi.
Il en reste quelques bribes dans le cache
de Google, cliquez sur le lien « en
cache » à côté de chaque résultat.
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4/7/11 |
Voir |
Vienne (Isère) |
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[Vienne (Isère)] Quand
le bœuf sent l'étable, on ne peut
plus le tenir, dit la sagesse paysanne
et il en est un peu de même de l'automobiliste
qui approche de son but, plus rien ne
pourrait le
faire s'arrêter. Et c'est pourquoi, je l'avoue,
je ne m'étais jamais arrêté à Vienne
(Isère et non Autriche). Que ma destination
soit Lyon (s'arrêter à trente km
du but ?) ou bien un peu plus haut au
nord (tu as vu le chemin qu'il nous reste à parcourir
? on ne va pas s’arrêter ici !), jamais
je n'avais cédé aux sirènes
viennoises, et ce malgré la réputation
internationale de ses vestiges gallo-romains
et malgré la renommée mondiale
du musée
de Saint Romain en Gal, juste de l'autre
côté du
Rhône.
Ayant récemment eu l'occasion
d'effectuer une petite escapade dans
la capitale des Gaules, il m'est venu à l'idée
de conjurer une bonne fois pour toute
cette malédiction.
Et je dois dire que
je ne l'ai pas regretté.
Vienne est une petite ville tout à fait
agréable avec des traces romaines un
peu partout, du théatre au magnifique
temple d’Auguste et de Livie, de la pyramide
(si si) au jardin de Cybèle, tout est
magnifique, facile d'accès en quelques
minutes à pied,
un vrai régal de touriste flâneur
et désœuvré. De temps en
temps à un
coin de rue, une colonne ou quelques
pierres de remploi montrent que le
passé romain
est totalement intégré dans la
Vienne moderne et que sans doute bien d'autres
merveilles se cachent derrière certains
murs.
Mais après avoir parcouru la ville,
il ne faut surtout pas manquer de visiter ses
nombreux
musées et églises, l'église
et le cloître de Saint-André-le-Bas
par exemple, mais aussi le musée lapidaire
de l'église Saint Pierre où vous
verrez des pierres gravées de la plus
belle capitale romaine de l'époque impériale,
un summum de perfection de la lettre.
Ce musée
possède des trésors mais malheureusement
est actuellement cantonné dans une église
sombre, sans éclairage pour mettre en
valeur les inscriptions, sans datation aucune
des stèles
et autres cippes et dont certaines
pierres sont rongées par les mousses
et les ruissellements des d'intempéries
passées, quel
dommage ! Prenez tout de même le temps
d'aller le voir, ayez l’œil avisé pour
sortir ces trésors de leur gangue de
deux millénaires et admirer la finesse
du travail du graveur, la perfection des proportions
de cette
lettre monumentale et les subtilités
que l'artiste a réalisées pour
en rehausser encore la beauté.
(à suivre…)
>[Léonne Zeuraude]
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1/7/11 |
Lire |
Une gloire typographique |
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[Futura, une gloire typographique] La
typographie redeviendrait-elle un sujet à la
mode ? Après les cinquante ans de l'Helvetica
fêtés dignement par une
exposition et la parution de pas
moins de deux
livres et d'un DVD (un
très
intéressant documentaire que
je vous recommande), c'est au tour du
Futura de bénéficier
des faveurs éditoriales avec ce très
beau « Le
Futura - une gloire typographique » qui
vient de paraître aux éditions Norma.
C'est un remarquable ouvrage tout en
couleur qui retrace par le menu la genèse
de cette classique des linéales que l'on
retrouve aujourd'hui dans tant de recoins
de notre paysage typographique. Ce qui
est amusant pour nous autres
habitants du XXIe siècle, c'est d'essayer
d'imaginer que le Futura fut en son temps
une révolution qui choqua, bouleversa voir
même horrifia certains typographes de l'époque à tel
point que les premiers dessins durent être
modérés dans leur expressivité pour
rentrer un peu plus « dans le rang » des
caractères classiques. À mon
goût, ce fut une grosse erreur car autant
le Futura définitif est aujourd'hui classique,
autant les premières esquisses, beaucoup
plus radicales, avec ces m et n carrés,
ce a bas de casse si étrange, ce g si étonnant
auraient très bien pu se retrouver chez
un de nos designers contemporains sans
pour cela qu'ont le prît pour un conservateur
ou un réactionnaire à tout crin
alors que ces formes auront bientôt cent
ans !
Intéressant aussi le parcours
de Paul
Renner, le créateur du Futura,
en grande partie autodidacte, peintre, grand amateur
de lettres
antiques et ses combats pour arriver à mener à bien
son projet en pleine époque de la « neue
typographie », du fonctionnalisme du « Bauhaus » et
de la copie à outrance par les concurrents
de la moindre idée originale en matière
de design de caractères. Ce livre retrace
parfaitement le parcours de Paul Renner
dans ce contexte et on en arrive à le lire
comme un roman dont le climax est la naissance
de notre
héros, le Futura.
À
lire de toute urgence pour distraire
vos neurones de la platitude de l'actualité du
moment, sur les plages s'il le faut,
ce très
beau livre fera l'envie de vos voisins
bien mieux que des lunettes de soleil
Ray Ban et vous désignera
immédiatement comme roi de l'élégance
balnéaire bien plus sûrement qu'une
serviette de plage D&G ou un maillot de
bain Lacoste.
>[Rudolf Cuisinier]
PS : certaines illustrations sont tirées de l'excellent
blog
de Peter Gabor dont je vous recommande
la lecture de a à z.
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Juin
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27/6/11 |
Yesss! |
À la marge |
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[À la marge] Alleluia,
ce moment décisif est enfin arrivé,
celui que nous attendions tous. Toute
l'ambiance de l'année 2012 va enfin pouvoir être
déterminée grâce à quelques
noms posés sur une feuille. Car enfin,
aujourd’hui la liste est là, sous
mes yeux et à la portée de clic
de tout internaute, garante de notre
bonheur futur ou source de nos frustrations de
l'année
prochaine. Quoi ? De qui ? >Des candidats à la
primaire socialiste ? Meuh non, rien à cirer
des guignols qui seront omniprésents sur
nos petits écrans à base de cirage
de pompe par devant et de coups en douce
de sniper par derrière.
Non, elle est enfin
sortie la liste des intervenants aux
prochaines session d'été des
Rencontres de Lure ! Eh oui, concentré en
une semaine tellement de passion graphiques,
de personnalités hors du commun et de
moments inoubliables qu'ils suffisent à faire
pétiller
la tête toute l'année jusqu'à la
session suivante. Un véritable festin
de l'esprit et du cœur qui nous rassasie
les yeux et les oreilles pour les douze prochains
mois.
Et il y a du beau monde, ce qui
permet
d'envisager l'avenir sous d'heureux
auspices, qu'on en juge (partiellement)
: notre ami Henri
Mérou, grand calligraphe et spécialiste
de l'écriture scolaire revient à Lure
après une absence de près de
dix ans (quoiqu'on l'aie vu passer de temps
en temps au coup de bleu...), David
Rault qui
viendra nous
remémorer l'ami Perrousseaux sans qui
Lurs ne sera plus jamais comme avant,
et je cite pèle
mêle, Albert Boton dont nous parlions
dans cette colonne il n'y a pas si
longtemps, Frank
Abediaye et sa fonderie VTF, François
Weil et garamonpatrimoine, et Michel
Melot et Morgane
Rebulard et François Neveu et Susanna
Shanon et Jaques Thomas et... et...
Bon, voyez vous-même
ici.
Et rendez-vous à Lurs du 21 au
27 août
pour une semaine « à la
marge » !
>[Ingmar Ginal]
PS : et jusqu'au 11 juillet, c'est 20% moins
cher !
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17/6/11 |
Oh! |
Expo à la torche |
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[Expo à la torche] J'ai
refait la semaine dernière un petit passage
au Musée de l'Imprimerie de Lyon, le grand
temple dédié à la chose imprimée
dans un toujours aussi charmant hôtel renaissance.
J'en ai profité pour visiter l'exposition
temporaire actuelle « Au
bonheur des images » sur les images
populaires éditées à la
Guillotière au XIXe siècle, exposition
qui se termine à la fin de la semaine,
retardataires courez-y vite ! Car cette
exposition propose une visite tout à fait
particulière
dont j'espère que l'idée sera reprise
par beaucoup d'autres exposition, vous
découvrez
les gravures à la torche (ou plus précisément à la
lampe de poche) !
Et oui, le dilemme habituel
pour exposer des objets sensibles à une
trop forte luminosité est
de soit les éclairer chichement ce qui
permet à tout un chacun de s'exclamer
comme Daniel Arasse « on
n'y voit rien ! »,
soit de les laisser en pleine lumière
et les ruiner rapidement. Mais c'était
sans compter la créativité des
muséographes
: à l'entrée, le visiteur trouve
une petite lampe de poche à LEDs qu'il
va promener tout au long de son parcours
et qui lui servira à faire sortir de
l'ombre omniprésente
telle ou telle gravure ou partie de
gravure qui attire son attention. Les
puristes me rétorqueront
que les lampes de poches faussent en
général
les couleurs des objets qu'elles éclairent,
et beaucoup de gravures sont en couleurs,
mais ce genre de lampe à LEDs très
blanches restitue fort bien les teintes
d'origine de ces
impressions parfois assez bariolées.
Bref,
une vraie bonne idée, comme dirait
un célèbre magazine féminin,
dont on espère qu'elle sera mise à profit
pour les expositions futures de pastels,
d'aquarelles ou d'estampes anciennes
dont ma vue baissante
perdait parfois la somptuosité. Un
chapitre de plus à ajouter à la
longue histoire de la collaboration fructueuse
entre
la technologie
et l'art.
PS : profitez de votre visite
pour aller voir les nouvelles salles
de ce musée,
vous y verrez entre autre des artefacts
beaucoup plus récents que ceux du
XVIe siècle,
j'ai nommé une Lumitype et quelques
reliques à la
pomme !
>[Thomas Glite]
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13/6/11 |
Yes! |
Blazes, tags, & graff'…os |
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[Blazes, tags, & graff'…os] Je
pense que les participants au
stage de dimanche dernier garderont sans
doute cette journée
dans leurs mémoires, car pour un stage
mémorable, ce fut un stage mémorable
! Tout d’abord par la chaleur humaine et
le goût du partage de notre intervenant
du jour, Lucas Duch, graffeur émérite
qui prît soin de nous initier par le menu à cet
art des rues qu’est le graff’. Il
nous présenta tout d’abord ses travaux
sous la forme d’une séance photos
durant laquelle il nous conta mille anecdotes,
milles aventures et mille péripéties
de sa vie de graffeur, tout en nous donnant
déjà un
avant-goût de la technique assez particulière
de ce genre d’activité. Après
un banquet graphos traditionnel, imaginez-vous
les graphosiens, déroulant dans le jardin
du couvent du Belvédère des rouleaux
de nappes en papier, saisissant chacun
une bombe de peinture et y allant en
calligraphiant à grand
coup de peinture rouge, bleue ou noire, « repassant » ses
travaux ou ceux de ses collègues, un très
grand moment de délire graphique qui a
ravi tout un chacun. Puis passage au
marker, au Posca customisé ou au « squeezer »,
plus calmement assis autour d’une table
essayant de construire son « blaze » en
style bloc ou flop ou tag, réveillant ses
souvenirs de perspective ou d’ombrage… Bref
une belle journée toute tournée
vers la modernité, la mouvance urbaine
contemporaine bien loin de nos calligraphies
historiques habituelles.
Un grand merci à notre intervenant
qui a su diriger avec grande réussite
ce groupe calligraphes traditionnels et de nous
avoir enseigné cet
art des rues avec tout l’enthousiasme,
le dynamisme et l’énergie de ses
jeunes années.
PS : pour rappel, le film de Kidult
est ici et je vous conseille personnellement
ce
livre passionant qui résume en partie ce que
Lucas nous a appris et ce film « Faites
le mur » sur l'aventure rocambolesque d'un
graffeur étazunien.
>[Banksy]
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9/6/11 |
OMG |
Que c'est seyant ! |
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[Que c'est seyant !] L’idolâtrie
de la marchandise, stigmatisée depuis fort
longtemps par notre bon vieux Karl Marx,
comme quoi il n’y a réellement rien
de neuf sous le soleil, l’idolâtrie
de la marchandise disais-je donc, atteint
des sommets
de ridicule. Non content d’afficher outrageusement
leur amour de la marque à la pomme, les
possesseurs d’iPhone sont en plus tellement « accros » à leur
objet transitionnel qu’ils vont parfois
jusqu’à surfer, téléphoner
ou chatter dans leur bain ! Mais qu’arrive-t-il
alors quand le bout de leurs doigts dégoulinants
se pose sur l’écran tactile ? Eh
bien une catastrophe, les gouttes se
glissent dans les interstices provoquant
moultes court-circuits
voir une panne totale de l’engin adoré.
Que faire alors ? Se couper quelques
minutes du village planétaire ? Horreur… Passer à la
douche ? C’est encore pire… Ne plus
se laver ? Heureusement, avant que des
hordes de technophiles puants n’envahissent
les rues paisibles de nos cités, une société américaine
a trouvé la
solution ! Il s’agit
d’un appendice nasal hypertrophié que
n’aurait pas renié Cyrano de Bergerac
et qui permet, par un léger mouvement de
la tête, de promener sur l’écran
de votre divin bijou à la pomme un morceau
de plastique spécialement étudié pour
remplacer vos doigts inutilisables. Bien
que le port de cet engin vous fasse ressembler à Malcolm
Mac Dowell dans une
scène des plus marquantes d’Orange
Mécanique, je ne doute
pas que bientôt, on portera cet outil indispensable
durant toute la journée, évitant
ainsi toutes les traces de confiture,
de café ou
de sucreries qui défigurent la pureté du
design du précieux amour. Il permettra également
de montrer à la face de monde que vous êtes
un des heureux possesseurs de ce genre
d’engin,
remplaçant ainsi la manie qui consiste à se
promener dans la rue en hurlant bien
fort, tenant à deux
doigt votre téléphone contre l’oreille
afin que tout un chacun s’aperçoive
qu’il s’agit bien d’un vrai
iPhone, si possible du dernier modèle
et bien entendu blanc. Le calme de nos
rues est à ce
prix.
PS :
aucune étude sérieuse
n’a jusqu’à maintenant prouvé un
lien quelconque entre la vente de cet
engin et l’épidémie de torticolis
qui déferle sur la Californie.
>[Alex DeLarge]
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6/6/11 |
Bis |
Roger Excoffon |
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[Roger Excoffon] Décidément,
Roger Excoffon est à la mode. Après
l’exposition d’Amiens , qui
sera visible cet automne au Musée de l’Imprimerie à Lyon,
après le
livre de Sandra Chamaret, Julien Gineste
et Sébastien
Morlighem chez Ypsilon, voici que les éditions
Atelier Perrousseaux nous proposent un « Roger
Excoffon, le gentleman de la typographie » écrit
par David Rault. Bien heureusement, si
comme on pouvait s’y attendre les deux livres
contiennent une part commune, ils explorent
chacun une facette
différente du personnage. Et si le livre
de Sebastien Morlighem se concentre sur
les réalisations
d’Excoffon, explorant coins et recoins de
ses créations typographiques, nous expliquant
la mise au monde de chacun de ses caractères,
le livre de David Rault nous fait plutôt
prendre connaissance avec la vie et le
caractère
du personnage. L’ouvrage comporte principalement
une biographie très détaillée
de celui qui fut surnommé « le
gentleman de la typographie », surnom
dû semblerait-il
autant à ses tenues et à sa mise
toujours impeccables qu’à sa prestance
plutôt aristocratique et à son abord
parfois difficile, aux dire de certains
qui l’ont
connu de près. Le livre se poursuit sur
un très beau portfolio de photos prises
par Jean Dieuzaide au cours des nombreuses
sessions lursiennes auxquelles Excoffon
a participé,
on y retrouve nombre de paléo-lursiens
d’aujourd’hui alors encore jeunes
et fringants, et il se termine sur une
dizaine de témoignages à propos
de l’homme
et de ses travaux par ceux qui l’ont connu
de près, tels José Mendoza, Massin
ou Maximilien Vox. Ce livre fait de
constantes références
aux fameuses Rencontres de Lure, qu’il n’est
nul besoin de vous présenter en cette colonne,
une association dont Roger Excoffon a été le
président durant de nombreuses années.
Jean Dieuzaide, José Mendoza, Peter Knapp
ou le très récemment disparu Yves
Perrousseaux, ils sont nombreux les anciens « lursiens » à apporter
leur pierre à l’édifice de
ce livre, et on y retrouve bien souvent
entre les lignes ce bel esprit de Lure
qu’apprécient
tant ceux qui se rendent chaque été aux
sessions de fin août.
Certains trouvent les
travaux d’Excoffon
datés et donc obsolètes, sans
doute parce qu’il ont été très
utilisés dans les années soixante
(je passai encore ce matin devant l’enseigne
d’une boulangerie de cette époque
en Chambord) et qu’ils en gardent une
connotation de ces années. Pour ma part,
je trouve qu’ils ont été suffisamment
oubliés depuis longtemps pour pouvoir
revenir discrètement dans notre univers
graphique quotidien sans en occulter la modernité (j’ai
observé pas plus tard que ce matin au
supermarché des
tenues de caissières marquées
d’un
slogan en Mistral).
Bref, un bel ouvrage
très agréable à lire
que vous pourrez avantageusement classer
dans votre bibliothèque à côté de
son congénère d’Ypsilon
sans faire de doublon.
>[Olive Oyl]
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2/6/11 |
Piq |
Lucas Duch |
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[Lucas Duch] Les injonctions
d'un précédent post ayant visiblement
été entendues, le stage de dimanche 12
juin prochain mené par Lucas Duch aura
bien lieu (youpi). Et je laisse la parole
à notre prochain animateur dominical :
« Bonjour, je m'appelle Lucas, j'ai 25 ans et
je suis un taggeur depuis plus de 10 ans.
T.E.G. et Graphos m'ont demandéde venir
vous montrer et vous apprendre les différentes
techniques de tags. Je vous expliquerai
aussi les démarches à adopter quand on
tagge de manière légale;
pourquoi utiliser certains supports plus
que d'autres et quels sont les enjeux
de tous ces hiéroglyphes.
Déroulement de la journée :
Morning, 10h00 à 12h30 : « dans
la tête d'un taggeur »… Où… Quand…
Pourquoi… Comment ? je vous expliquerai
tout ça avec des photos de mon parcours
et de celui de mes amis.
Afternoon, 14h30 - 15h30 : prise en main
des ustensiles du taggeur, bombes, posca,
skeezer… en plein air
15h30 - 17h30 : nous travaillerons sur la base
d'un alphabet à la réalisation de plusieurs
tags (sur les murs du couvent ou sur
les véhicules des stagiaires ? NdlR.) »
Un stage sur fond de musique hip-hop (les Beastie
Boys viennent de sortir un nouvel album !)
et qui
a toutes les chances de décoiffer sérieusement
les habitudes sages et tranquilles
des stages Graphos. Espérons qu'aucun
débordement graphique u musical n'aura
lieu, l'accès au couvent est très facile
à barre par un panier à salade…
>[Plitch le Moustique]
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Mai
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22/5/11 |
Noir |
Yves Perrousseaux |
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[Yves Perrousseaux] C'est une bien
triste nouvelle qui nous est arrivée hier,
Yves Perrousseaux nous a quitté vendredi
dernier à la suite d'un long combat contre
le cancer, combat qu'il menait courageusement
depuis plusieurs années. Yves était
de ces quelques personnes que j'avais
un grand plaisir à retrouver chaque année
lors de ces fameuses sessions d'été des
Rencontres de Lure. Fervent passionné de
typographie, il était à chaque fois
pressé de questions quant à l'avancement
de son fameux traité sur l'Histoire de
la Typographie, sur les nouveautés qu'allaient
nous distiller ses éditions de l'Atelier
Perrousseaux l'année suivante, mais aussi
de demandes d'informations sur tel ou
tel point obscur de la typographie des siècles
passés.
Véritable encyclopédie vivante,
puits de science lursienne, il avait été mis à contribution
pour fournir les questions les plus retorses
du concours TypoBingo de l'année dernière...
tous en fournissant les réponses à tous
ceux qui le lui demandaient. C'est dire
la générosité du
bonhomme, vivant représentant de ce que
l'esprit de Lure peut avoir de meilleur.
Il
avait travaillé avec toute une génération
de grands anciens, de Ladislas Mandel à Adrian
Frutiger en passant par François Richaudeau
dont il aimait à citer les conversations, à transmettre
les avis parfois tranchés et à distiller
les anecdotes savoureuses. Les nombreux
livres édités
sous l'étiquette de l'Atelier Perrousseaux
témoignent de cette volonté de
recueillir les témoignages mais aussi
de les transmettre à ceux
qui n'auront pas connu cette génération
qui a eu l'incroyable destin de passer
du plomb au numérique, de voir encore
travailler les compositeurs typographes
avec des
caractères
en plomb, puis la photocomposition
et l'offset, l'arrivée des premiers outils
informatiques, des impressions laser
puis la déferlante
numérique et la dématérialisation
du support. Que de changements en quelques
années
pour une technique qui avait si peu évolué en
cinq siècles. Que d'éducation à faire
auprès de ceux qui n'ayant aucune culture
typographique se retrouvaient avec
un ordinateur sur le bureau et obligation
de concevoir
eux-même
les documents qui leur étaient demandés.
Yves assurait la transmission de la
tradition, apportait ses propres connaissances
et
expliquait tout ça merveilleusement bien
dans ses ouvrages, que ce soit ceux
dont il était
l'auteur ou ceux qu'il éditait.
J'ai peine à me
faire à l'idée
qu'en août prochain, il ne sera plus là pour
ces discussions passionnantes, ces
approfondissements éclairés
sur tel ou tel point soulevé dans ses
ouvrages et ses piques affectueuses sur un travail
présenté quand
il n'atteignait pas le degré de perfection
typographique qu'il affectionnait.
Un véritable
compagnon nous quitte, Lurs ne sera
plus jamais comme avant.
>[BdG]
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18/5/11 |
Paris |
Geoffroy Tory |
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[Geoffroy Tory] Si le monde
du virtuel et ses mirages peuvent contenter
l'esprit un certain temps, il est parfois
utile voir même
nécessaire de passer à l'action
in real life, comme on dit dans la langue
de Mark Twain. J'ai donc fait le saut,
franchi le pas,
sauté le Rubicon, je suis allé voir
l'exposition Geoffroy Tory au Château d'Écouen.
Si
vous arrivez comme moi à la gare d'Écouen,
délaissez le bus ou le taxi pour préférer
une petite ballade en forêt parfaitement
bien repérée qui au bout d'une vingtaine
de minutes vous amènera au détour
du chemin devant la splendide façade de
ce château renaissance.
Si j'ai un conseil à vous
donner, prenez le temps. J'y ai pour
ma part passé plus
de deux heures, rien que pour la partie
Tory mais le reste du château mérite également
une visite approfondie tant ces appartements
renaissance sont très richement décorés
mais sans la démesure de certains châteaux
de la Loire.
Pour en revenir à Tory,
l'exposition est superbement mise
en scène
(bravo à la
muséographie, le nom de Philippe Appeloig
est cité de ci de là), la typo
est soignée (un beau Centaur qui va
parfaitement avec l'ambiance) et les livre
exposés
sont tout simplement extraordinaires.
Sans vouloir gâcher votre surprise,
disons tout de même
qu'il y a deux exemplaires du célébrissime
Hypnerotomahia Poliphili aldin (quatre
pages à dévorer
des yeux, les vitrines ont heureusement
empeché la
bave des visiteurs trop admiratifs
d'atteindre les précieux ouvrages),
une bonne dizaine du Champfleury de notre
bon Geoffroy
ouvertes à diverses
pages significatives, plus toute
une ribambelle d'éditions du XVIe siècle
plus belles les unes que les autres.
Si vous avez le courage
de monter dans la bibliothèque, vous
y découvrirez même un autre Songe
de Poliphile dans la première édition
française de Kerver. Bref, deux heures
de pur bonheur à se régaler
de ces caractères parfois délicieusement
attendrissant dans leur immaturité,
parfois admirables dans la solennité de
leur perfection, mais aussi à découvrir
le premier « ç » imprimé, à apprendre
tout ce que Geoffroy Tory a mis en
place pour l'écriture du français
et dont nous trouvons encore moultes
traces dans nos textes
actuels, manuscrits ou imprimés.
Courrez-y
vite, vous avez jusqu'au 4 juillet
!
>[Antoine Augureau]
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15/5/11 |
Asap |
Stages Graphos |
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[Stages Graphos] Petite
piqure de rappel… Dimanche prochain 22 mai,
toutes les graphosiens et graphosiennes
de Marseille et des environs,
de France et de Navarre,
de l'Europe et des cinq continents, de
la Terre et de tous le système solaire
mais aussi de la voie lactée et des galaxies
environnantes (attention, le nombre de places
est limité tout
de même), tous se retrouveront au couvent
du Belvédère, sous l'œil bienveillant
de la Bonne Mère, Notre Dame de la Garde
pour y affronter le sujet du stage du
jour, j'ai nommé le « Monogramme
et la lettre dessinée ». Gourmandises
et potins seront bien entendu au rendez-vous.
Mais
avant l'été un autre stage
nous attend le 12 (douze) juin prochain
où,
sous la houlette de Lucas Duch, nous
serons initiés
au monde du graf', du tag et autre
graffitis. Point de bombe de peinture, m'a-t-on
assuré mais
une découverte de ce style d'écriture
totalement contemporain qui environne
notre paysage urbain avec plus ou moins
de bonheur, il faut
bien l'avouer.
Cependant, pour que ce stage
aie lieu, il faut recueillir au moins
douze pré-inscritions,
or, à ce que j'en crois les statistiques
confidentielles du ministère de l'Intérieur,
ce nombre n'est pas encore atteint
aujourd'hui. Et donc, si vous pouvez
venir ce jour là,
le 12 juin je le répète, annoncez-vous
auprès de teg5@voila.fr afin d'être
compté au nombre des élus. Sinon,
vous devez faire suivre cette demande à dix
personnes (au moins) de votre carnet
d'adresse, sans quoi la chaîne sera
brisée… Et
savez-vous ce qu'il advint à Ozi Susuki,
habitant de Fukushima le moi dernier
quand il brisa la chaîne ? Et M. Dominique
S.K. (par souci de discrétion nous
protègerons
son identité) quand il jeta à la
poubelle le mail qu'il venait de
recevoir sans le lire dans son hôtel
de New-York ? Et M. Oussama b.L.
au Pakistan quand il se
débrancha
d'internet pour regarder des films à la
moralité douteuse sans faire suivre
le message de la chaîne ? Et M. Mouammar
K. de Tripoli, quand il coupa l'internet
dans tout
le pays pour empêcher ses pauvres concitoyens
de se pré-inscrire ?
Ne faites pas
comme eux ! Inscrivez-vous pour
le stage de Lucas Dutch ou au
pire faites passer le message,
si vous ne voulez pas que le
ciel vous tombe sur la tête !
>[Monica Sandre]
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11/5/11 |
Vite |
Archives Nationales |
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[Archives Nationales] Si
vous avez été séduits par
la cursive gothique lors du récent stage
graphosien qui lui a été consacré,
si vous avez une passion pour le quatorzième
siècle, si vous aimez voir de vrais documents
manuscrit d’époque pour vous imprégner
d’une écriture historique et authentique,
alors précipitez vous aux Archives Nationales, à l’Hôtel
Soubise pour admirer la collection de
documents autour des Templiers réunis dans
cette exposition sur le thème « L’affaire
des templiers - Du procès au mythe ».
Rien
que le diaporama sur la page de présentation
fait défiler une série
de cursives toutes plus belles les
unes que les autres, notamment parce qu’une
partie de ces manuscrits sortent de la chancellerie
royale
de Philipe le Bel et sont donc écrits
par des scribes de haute tenue calligraphique.
Si cette mise en bouche ne vous a pas
suffit,
téléchargez
le (gros) PDF qui vous est proposé et
admirez les bâtardes bourguignonnes, les
enluminures et les cursives plus ou moins formelles
que vous pourrez retrouver sur place.
Alors, amis parisiens ou provinciaux voyageurs,
dépêchez-vous, cette exposition
a été prolongée jusqu’au
23 mars, il ne vous reste plus qu’un
peu plus d’une semaine !
>[Casaubon]
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8/5/11 |
Schön |
Calligraphic Symphonies |
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[Calligraphic Symphonies] Je
me rends compte avec effroi qu'à force
de faire place à l'actualité événementielle,
j'ai complètement oublié de vous
parler de la sortie du dernier livre
de Gottfried Pott « Calligraphic
Symphonies ».
Ceux qui connaissaient déjà « Schrift,
Klang, Bild » (« Écriture,
son, image », 1995) ont déjà une
idée de l'immense talent du bonhomme. Pour
résumer, je dirais qu'il est un des
représentants
de cette calligraphie allemande d'excellence
qui nous a donné Rudolf
Koch, Werner Schneider, l'immense Hermann
Zapf et d'autres encore, génération
qui a formé et forme encore une nouvelle
génération
tout aussi prometteuse comme Katarina
Pieper, par exemple, en est un des fleurons.
Bref dans ce livre
bilingue anglo-allemeand,
si le texte est certes toujours d'une
haute tenue et d'un intérêt certain
pour comprendre la démarche de Gottfried
Pott, c'est surtout la beauté des illustrations
qui me laisse pantois. Les calligraphies
sont d'une telle perfection
du trait, d'une telle légèreté dans
le geste, d'une telle maîtrise de la connivence
entre l'outil, de l'encre et le support
que l'on peut rester longtemps à passer
de page en page, de surprise en surprise
et d'émerveillement
en émerveillement. Et surtout, foin de
débauches de couleurs, de textures
et autres collages que certains utilisent
parfois comme cache misère, ces calligraphies
sont simples et très très efficaces.
Un livre à lire,
relire et re-relire afin de se ressourcer ou à méditer
les jours où on à envie de se dire,
bien naïvement, qu'on est vraiment super-balèze
en calligraphie. La perfection n'est
pas pour tout le monde.
>[Helmut von Hasenfratz]
Gottfired Pott - Calligraphic Symphonies
German | English
224 pages - 24 x29 cm - ISBN 978-387439-807-7
Prix : 68 euros et il en vaut chaque
centime et bien plus encore.
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5/5/11 |
Vite |
Les Puces Typo |
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[Les Puces Typo] Les Rencontres
de Lure, association organisatrice des
sessions d’été lursiennes
dont je vous ai tant de fois vanté les
mérites,
nous proposent samedi prochain de bien
alléchantes « Puces
Typo » avec un programme qui me fait
regretter de ne pas être parisien :
« Chers amis curieux
du graphisme et de la typographie,
il y a tellement de choses à dire
sur les puces typo, que le mieux c'est
de venir.
Sachez néanmoins que : votre
association préférée
joue le jeu des Puces Typo (le contraire serait
un
comble) et vous propose samedi de
découvrir
le programme de la semaine d'été 2011
- "à la
marge" - et de bénéficier
ce jour-là seulement... d'une remise
de 25% sur votre inscription !
Que
les lots de la tombola sont dingues.
Que le concert de Raphaël Kidd & Hey
Folks est showtime.
Avec les Puces
Typo, ce samedi 7 mai 2011 s'annonce
donc très magnifique,
bien typographique et presque économique.
Rappel : les Puces Typo c'est la journée
des trouvailles graphiques :
où vous pouvez
venir chiner, flâner et découvrir
des créateurs graphiques indépendants.
De très jolies choses et de petits
prix, en direct des producteurs
:-)
Au programme de ce samedi !
Présentation en
avant-première de
la semaine d'été des
Rencontres de Lure 2011
: à la
marge.
Rencontres avec
les éditeurs, graphistes,
créateurs et typographes
ind épendants.
Seront présents
: Vincent Sardon-Le Tampographe
| Mark Webster-Processing
|Ypsilon | B42 | Frank
Adebiaye-VTF | Jean-Baptiste
Levée-opto
| le BAT | Marine Delahaye
| Emmanuel Colomb design
graphique | Pascale Evrard-éditions
du temps qui passe | Les
3 ourses | Lucas Balbo-archives
revue Focale | Kakéboton
| Graphê |
Benoit Carré-Vous êtes
ici | Laurent Bourcellier-typographies.fr
| Élodie et
Delphine Chevalme-Le quartier
général
| Loic Vourey-photographie
typographique | Françoise
Neveu | Fabien Rivière graphisme
| Les éditions
des Cendres | Michel Wlassikoff
| Julien Priez star locale
en voie d'universalisation
Surprises
et bonnes affaires
pour tous les goûts et toutes
les bourses. Tombola, et
snack-bar sur place, plus
terrasse ensoleillée ! Enfin,
gros concert de Raphaël Kidd & Hey
Folks.
Détails et plan d'accès
ici.
»
Qu'on se le dise !
>[Tryhon Ctenocephalides]
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2/5/11 |
SF |
Science et Fiction |
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[Science et Fiction] Les
statistiques sont formelles : il y a
une très
forte corrélation entre le fait d’être
ce que l’on nomme un « geek » (garçon,
informaticien, à lunettes, fan d'internet,
programmeur, etc…)
et le monde de la science-fiction. Il
n’y
a qu’à regarder les photos des conventions
de fans de Starwars sur internet pour
en avoir immédiatement la preuve en images.
Et quand le meilleur de ces deux mondes
se rencontre, cela
donne une superbe video, qui a d’ailleurs
l’honneur d’être présentée
en boucle à l’exposition « Science
et fiction, aventures croisées » à la
Cité des
Sciences et de l’Industrie de la Villette.
Non, non, ce n’est pas une exposition pour
adolescents attardés et boutonneux, elle
est vraiment conçue pour les adultes
qui ont connu 2001 l’odyssée de l’espace,
Cosmos 1999, Battlestar Galactica, L’Âge
de Cristal, Soleil Vert et tous ces films
qui ont marqué notre imaginaire du futur
il y a quelques années.
Allez-y voir, vous ne serez pas déçu,
j’y
ai pour ma part passé plus de deux heures
en recueillement ému devant les costumes
et autres maquettes de vaisseaux spatiaux,
par exemple. Mais l'exposition propose
aussi toute une série
de réflexions sur notre façon de
prévoir et d’appréhender quelques
notions clés du futur comme la politique,
les transports ou l’information. Bref,
rien que du bon.
Mais revenons à cette
remarquable video qui, en plus d'être parfaite
techniquement et superbe graphiquement,
fait appel, là encore, à l’inconscient
collectif des films de science-fiction
et des jeux video. Prenez le temps
de la revisionner plusieurs fois, vous
y découvrirez
nombre d’allusions visuelles qui vous
donneront à coup
sûr une petite touche de nostalgie !
>[Madmacs]
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Avril
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30/4/11 |
Mai |
Mai de la Calligraphie |
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[Mai de la Calligraphie] Comme
chaque année et avec une constance et une
fidélité qui
ne se démentent pas, Amélie Dhesse,
que nous avions eu le bonheur de croiser
lors d'un mémorable stage graphosien sur
les lettres ornées, Amélie Dhesse
donc nous annonce le début du « Mai
de la Calligraphie ». Cette manifestation
prend chaque année plus d'ampleur puisque
si elle débute toujours le premier mai,
elle se termine cette année le 28 août
prochain ! Mais si les invités se font
chaque année plus nombreux et plus prestigieux,
le lieu reste Saint Amand les Eaux, hélas
bien loin notre Provence graphosienne.
Le thème
de l'année est « De terre et
d'écrit », et vous pourrez y
retrouver des travaux de céramistes et
bien sûr de calligraphes, Denise Lach et
Lassaâd Métoui pour ne mentionner
que ceux dont je connais les travaux.
Bref, si vous êtes dans la région
au cours de ces prochains mois, ou
si vous voulez vous rendre directement
sur place constater
la maintenant légendaire chaleur de l'accueil
des ch'tis, ne manquez pas de passer à Saint
Amand les Eaux pour y visiter l'exposition
de ces travaux et pourquoi pas participer
aux ateliers
calligraphique ou céramistes ?
Vous trouverez
tous les renseignements ici et
le programme complet là.
>[Antoine Bailleul]
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26/4/11 |
KLi |
Civilités |
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[Civilités] Les éditions
Atelier Perrousseaux, qui nous ont déjà gratifiés
de deux superbes volumes d’une Histoire
Typographique qui est devenue un ouvrage
de référence
incontournable sur le sujet, viennent
de faire paraître un nouvel ouvrage sur
un sujet fort peu traité par les historiens
de la typographie, j’ai nommé la « lettre
française d'art de main » ou « lettre
façon d'écriture », plus
connue sous le nom de « lettre
de civilité ». À la frontière
de la typographie et de la calligraphie,
ces lettres sont calquées sur une des cursives
de l’époque et servaient à imprimer
notamment des manuels éducatifs. On les
composait dans ce caractère bien particulier
en se disant qu’il était plus facilement
lisible à l’âge où l’on
apprend à lire et à écrire
justement cette cursive scolaire. En
dehors de l’ardu problème
typographique qui consiste à rendre par
des rectangles de plomb toutes les subtilités
d’une
cursive avec ligatures, trait continu
et caetera, ces lettres sont très esthétiques
et loin, dans leurs formes, des caractères
romains et italiques auxquels une typographie
plus classique nous a habitués et plus
proches d'une cursive gothique
que nous étudierons bientôt chez
Graphos.
Découvrez
donc dans cet
ouvrage les liens qui
ont perduré tardivement
entre typographie et calligraphie,
les influences réciproques
(si, si) entre ces deux modes de production
du texte écrit, cela vous donnera bien
des idées
et des modèles desquels vous inspirer
pour calligraphier ce caractère un
peu oublié du corpus calligraphique
habituel. Les nombreuses illustrations
sont accompagnées
d’un texte remarquable de Rémi
Jimenes qui met parfaitement en valeur à la
fois la naissance, l'évolution et
l’utilisation
typographique de ce caractère mais aussi
les influences de et sur la calligraphie
de cette cursive,
bien loin des modes d'inspirations
qu’y
puiseront plus tard Hermann Zapf ou
Alan Blackman.
Bref,
pour une fois un ouvrage qui met
en lumière
les nombreuses interrelations entre
typographie et calligraphie et une bien
belle source d’inspiration pour nous
autres scribes.
>[Sylvie Litté]
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22/4/11 |
Ier AD |
Le portrait de Jésus ? |
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[Le portrait de Jésus ?] Incroyable !
Plusieurs décennies après la découverte à Qumran,
au bord de la Mer Morte des célèbres
rouleaux datant de deux mille ans, voici
qu’une
nouvelle découverte de manuscrits de la
même époque ou à peu près
a été faite dans la même région.
Cette fois il s’agit de bien étranges « livrets » constitués
de feuillets manuscrits entre deux feuilles
de plomb qui en forment la couverture.
L’ensemble
est scellé sur le pourtour par des anneaux
métalliques et le tout forme un très étrange
artéfact que rien ne peut vraiment rattacher à une
quelconque forme contemporaine. Mais
le plus intéressant
sont les couvertures en plomb repoussé car
certaines comportent des caractères phéniciens
mais aussi quelques dessins,
dont une tête barbue qui pourrait être
le premier portrait de Jésus le Nazaréen !
Même si les résultats des études
poussées de datation et d’authenticité ne
sont pas encore connus pour l’ensemble
des documents, les quelques exemplaire
qui ont déjà fait
l’objet d’un examen par les archéologues
semblent a priori authentiques et datent
peut-être
des premiers siècles de notre ère.
Si c’est la cas, nous voici en présence
de témoins directs des premiers temps
après
le Christ et donc potentiellement d’une
source de textes quasiment d’époque,
donc bien plus près de la vérité historique
que les textes canoniques des évangiles
et épîtres
dont les témoignages les plus anciens
datent de plusieurs siècles après
les événements
et qui sont passés par un tel nombre
de copies, de corrections et de réécritures
qu’ils contiennent vraisemblablement probablement
pas mal de résultats de l’imagination
fertile des copistes médiévaux.
Espérons
que ces documents uniques ne subiront pas le
même sort que ceux de Qumran dont
l’histoire est émaillée
de maints épisodes bien étranges,
depuis la rétention de textes au contenu
gênant
jusqu’à la revente à des
particuliers peu scrupuleux de certains rouleaux
devenus aujourd’hui
totalement introuvables.
>[Bénévent Gilapocriff]
PS : et merci au Blog
de éditions Arqa, que
je vous recommande tout particulièrement,
pour nous avoir signalé l'événement.
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18/4/11 |
Conf |
Corpus typographique |
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[Corpus typographique français] Voici
une occasion unique de vous glisser dans
une des passionnantes conférences des Amis
du Musée
de l’Imprimerie (AMIs) sous la forme d’une
capture
vidéo de l’intervention de
Mathieu Cortat sur le thème du « Corpus
typographique français ». Le
conférencier n’est pas inconnu des
fidèles graphosiens puisque c’est
lui qui nous avait reçu à ce même
Musée de l’Imprimerie de Lyon lors
de notre voyage d’étude dans la capitale
des Gaules et qui, en fin de visite,
m’avait
complètement sidéré en nous
montrant la fonte d’un caractère
plomb au moule à arçon, comme elle
se faisait il y a cinq siècles de cela.
Entourés de presses Heidelberg et de Linotypes
encore fonctionnelles, il avait versé le
plomb fondu dans le creux du moule et
nous avait donné à chacun un R qui
trône
encore fièrement dans mon étagère à objets
typographiques. Un moment inoubliable
comme seuls ces voyages d’étude peuvent
nous en réserver.
Je ne sais pas exactement
par quel moyen et à quelle occasion cette
capture video a été réalisée,
mais je me dois d’en remercier chaleureusement
l’auteur car en tant qu’AMI fort éloigné de
la rue de la Poulaillerie, je n’ai jamais
encore eu l’occasion d’assister à l’une
de ces conférences et je gage que nombre
d’AMIs éloignés de Lyon comme
moi se régaleront pour une fois comme s’ils étaient
sur place (repas et convivialité en moins,
hélas, quand on connait la gastronomie
lyonnaise et la gentillesse des AMIs
lyonnais).
À
noter que le même Mathieu Cortat nous était également
intervenu sur le même sujet l’été dernier à Lurs,
ce qui vous démontrera une fois de plus
l’intérêt que peuvent avoir
ces sessions d’été pour l’approfondissement
de votre culture typographique.
>[Benamou Laharçon]
PS : merci à la fidèle informatrice du BdG qui
nous a signalé cette passionnante video,
et d'autres choses dont je vous parlerai
très prochainement.
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14/4/11 |
Oh! |
Geoffroy Tory à Écouen |
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[Geoffroy Tory à Écouen] Amis
de la typographie renaissance, réjouissez-vous
! Car en ce moment se tient une exposition
absolument exceptionnelle sur un des
grands imprimeurs de
cette période (et le terme d’imprimeur
est beaucoup trop restrictif), j’ai nommé Geoffroy
Tory, dont le célèbre Champfleury,
à la fois traité de grammaire, de
dessin de caractère et de paléographie,
se doit d’être
le livre de chevet de tout typographe,
en version fac-similé de
la Bibliothèque
de l’Image pour les
non milliardaires, bien sûr. Dans ce livre à nul
autre pareil, Geoffroy Tory nous fait
part de ses élucubrations sur l’origine
de la capitale romaine, mais bien plus
important, nous en expose les proportions
basées
sur celles du corps humain. Certes, l’idée
est répandue à l’époque
et de Lucas Paccioli à Albecht Dürer,
chacun a voulu donner sa version de la
géométrisation à outrance
des lettres toutes nouvellement typographiées,
qu’il s’agisse de la textura ou comme
ici de la capitale romaine. Mais ce qui
rend ce livre unique, c’est qu’il
est lisible par tout un chacun. Certes,
le français
est un peu suranné et on doit parfois extrapoler
le sens ancien de tel ou tel mot par
son contexte, mais on peut y lire sa
conception quasi-philosophique
voir même mystique du signe que professe
Tory, et c’est un vrai régal. En
fin de volume, il nous montre toute une
série
d’alphabets qu’il a honteusement pompé sur
ses petits camarades de l’époque,
de Trithemus par exemple et qu’il modifie
et renomme à l’aune de son imagination.
Bref,
n’hésitez pas à profiter
d’une escapade parisienne pour aller au
Château
d’Écouen où se
tient cette exposition « Geoffroy
Tory,
Imprimeur de François 1er,
Graphiste avant la lettre », vous
y verrez bien entendu un exemplaire
original du Champfleury et vous apprendrez
tout sur cet éditeur humaniste, nommé
« Imprimeur
du Roy » par François Premier.
Les personnes qui n’auront
pas la possibilité de
faire le déplacement (je n’imagine
même pas que quelqu’un puisse ne
pas avoir la volonté de s’y rendre),
vous pouvez aller vous consoler (?)
sur un
site que la BnF a mis en ligne
afin d’accompagner
l’exposition.
>[Divina Proportione]
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10/4/11 |
Bis |
Graffitis historiques |
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[Graffitis historiques] Cher Callidentiste,
mais oui ce sont bien sans doute des graffitis
originaux, datant de diverses époques,
dont quelques chancelières assez réussies
! Si on garde les yeux bien ouverts, on peut aussi
en voir dans pas mal de monuments historiques
parfois assez anciens si le revêtement des
murs est toujours d'époque bien sûr.
J'ai pour ma part noté à l'entrée
d'une petite chapelle du Palais des
Papes à Avignon
une belle cursive romaine très tardive,
bien protégée sous un plexiglas.
Elle reste, hélas, incompréhensible
pour moi, mais de fort belle facture.
Ce genre d'écriture a survécu
durant tout le moyen âge comme écriture
courante (la liste des courses) et
on en trouve bien souvent
en marge des manuscrits comme glose
informelle. Mais elle n'est pas
la
seule !
Un autre lieu où les graffitis fleurissent
est le château de Chambord. Construit
en une belle pierre blanche et tendre,
les parties
réservées au bas peuple (serviteurs,
soldats et autres) sont souvent agrémentées
de nombre de graffitis en chancelière
ou en une capitale romaine approximative,
comme c'était
la mode à l'époque. Souvent
rien qu'un nom, une date et le nom
d'un régiment
dans le cas de militaires rappellent
au visiteur que si François Ier vivait
ici, c'était
aussi le cas d'une multitude de petites
gens qui le servaient et dont l'histoire
n'a que peu gardé la
mémoire.
À Nîmes, dans les
jardins au pied de la tour Magne, une ruine d'un
temple de Diane est couverte de textes gravés
par des compagnons tailleurs de pierre dont certains
arrivent à une très belle qualité de
gravure en V, même si hélas l'éclairage
ne lui rend pas du tout honneur.
Enfin,
sur la plateforme de la cathédrale
Notre
Dame de Strasbourg (chère à mon
cœur, vous vous en doutez), il devait
y avoir une coutume selon laquelle
chaque personne qui
montait dans la tour gravait son
nom au bas de l'escalier. On retrouve
ainsi sur plusieurs siècles,
nombre de nobles, militaires ou inconnus
qui ont laissé là une trace
de leur passage. Les écritures sont
multiples, souvent gravées à la
hâte avec une pointe métallique
quelconque dans le grès tendre et elles
ne sont que rarement d'intérêt
calligraphique. Mais là encore, elles
gardent la trace de l'histoire du
monument. Heureusement ce ne sont
là les
plus belles gravures sur pierre de
ce monument… Allez-y
voir pour vous rendre compte par
vous-même
et quand vous visitez un monument
ancien, laissez trainer vos yeux
dans les recoins, vous y découvrirez
parfois des merveilles !
>[Mister Tic]
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7/4/11 |
.2 |
Ultra-poche |
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[Ultra-poche] Une
nouvelle collection au format bien étrange
voit le jour aux éditions de la Martinière.
Influence des iPads, iPods et autres
téléphones
intelligents (smartphones comme on dit à Ave
Maria, Floride) ? Car si le livre garde
son état
de codex, on continue donc à lui tourner
les pages plutôt qu'à la dérouler
comme l'étaient rotuli et volumen. Par
contre, il se lit
en format paysage et on tourne
donc les pages de bas en haut et non
plus de droite à gauche !
Comme une image vaut
mille mots, dit-on, je vous propose
de regarder une
petite video qui évitera
de tenter d'expliquer cette mini-révolution
sous la forme d'un texte lourd et confus.
Alors
que pensez-vous de cette nouveauté ?
Ne croyez-vous pas que nous avons
là affaire à un
eBook… en papier ? Certes, le petit
nombre de titres proposés montre qu'il
s'agit clairement d'une tentative
de redonner au livre « de
poche » une nouvelle jeunesse en
le rendant aussi attractif qu'un
de ces nombreux instruments électroniques.
À cinq siècles de distance,
cet objectif de créer
un livre de petit format à emporter
partout avec soi est le même que
celui qu'a eu Alde Manuce au XVIe
siècle
et qui l'a poussé à créer
l'italique et ses célèbres in-octavo
de Ciceron, Pline ou Érasme.
Concordance des temps, comme dirait
Jean-Noël
Jeannenet… Souhaitons à cette
nouvelle collection le succès des éditions
aldines !
>[Teobaldo Mannucci]
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4/4/11 |
Lire |
Naissance de l'écriture |
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[Naissance de l'écriture] Pour ceux qui voudraient
maintenir à jour leurs connaissances
sur les conditions d'apparition de
l'écriture,
je vous signale un petit opuscule bien
utile et tout à fait érudit qui
se nomme « Les
premières cités et la naissance
de l'écriture », ouvrage collectif édité par
Actes Sud et… l'association Alphabets
de Nice, présidée par Rina Viers,
dont le dévouement à la cause
de l'histoire de l'écriture n'est plus à prouver.
Ce
livre regroupe les actes d'un colloque éponyme
qui a eu lieu en septembre 2009 à Nice,
donc, sous la présidence de l'égyptologue
Pascal Vernus. Il regroupe des interventions
de divers scientifiques dont je retiendrai
tout à fait
arbitrairement Jean-Jaques Glassner
pour ses remarquables ouvrages
sur la naissance de l'écriture à Sumer
et la limpide intervention qu'il
avait fait à Lurs
il y a quelques années, mettant à bas
bien des idées reçues que j'avais, à l'époque,
sur le passage du dessin figuratif
au signe symbolique
ou le caractère sacré a priori
de cette transcription du réel.
Vous pourrez
donc apprendre bien du neuf sur
les écritures
sumériennes,
bien sûr, mais aussi sur l'apparition
des hiéroglyphes et des écritures
d'autres civilisations, anatolienne,
aztèque,
chinoise ou de la vallée de l'Indus,
sans oublier un article tout à fait
passionnant sur le passage de l'écriture
grecque à l'écriture
latine par l'écriture étrusque.
Le
tout forme un bel ouvrage qui
ne déparera
pas votre bibliothèque
aux côtés de ceux de James
Fevrier, de Jean-Jacques
Glassner ou de
Marcel
Cohen,
voir pour les plus chanceux, celui
de Frantisek
Muzika.
>[An Antum]
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1/4/11 |
What? |
Archives secrètes du Vatican |
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[Les archives secrètes
du Vatican] Des bruits de couloirs
et des pas feutrés de clercs pressés
et de capes empourprées bruissaient déjà depuis
plusieurs mois au sujet de certaines
fabuleuses et infernales archives sexuelles
du Vatican,
qui seraient devenues enfin accessibles à certains
chercheurs et pirates, peu scrupuleux
des desseins du Seigneur… avant d’être
finalement mises en ligne par le Vatican
lui-même.
En effet, ce que d’aucuns appellent déjà le « Vatican-gate » commence à poindre
selon des informations bien recoupées – Ce
pornogate à la sauce papale tel que
le présente le site bien informé de
BBC News Europe, dans un
article signé Batilda
DeRose, ces informations amènent à penser
que bien des curiosités vont être
mises à jour très prochainement,
il s’agit des archives les plus sulfureuses
du Vatican, plusieurs milliers de
dessins et documents divers de l’Antiquité classique à la
Renaissance, et sans doute au-delà… accessibles
seulement en paiement en ligne avec
une carte de crédit... De quoi redorer
le blason de l’Église, à toute
vapeur, en ces temps de crise de
foi…
Une
affaire juteuse... à suivre, n’en
doutons pas !
>[Paul Lepoulpe]
PS : merci à notre confrère le Blog
des Éditions Arqa d'avoir attiré notre attention
sur cette information pour le moins...
sulfureuse.
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Mars
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29/3/11 |
Eco |
Le cimetière de Prague |
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[Le cimetière de Prague] Alleluia,
hosanna, annuntio vobis gaudium magnum
: le dernier Umberto
Eco est sorti !
Et c'est un roman, car
si Umberto Eco, célèbre linguiste
et sémioticien
fait paraître régulièrement
des essais sous la forme d'assemblages
de ses articles journalistiques, ce n'est
que très
rarement qu'il nous offre à lire un roman
et cette rareté n'en ajoute que plus de
valeur à l'événement. Après « Le
nom de la Rose » et ses pages inoubliables
sur les hérésies et les fraticelles
médiévales, après « Le
pendule de Foucault » et sa satire
des cercles ésotériques et des conspirationnistes
de tout poil, mais aussi son érudition
sur les Templiers et les divers mysticismes
religieux, après « L'île
du jour d'avant » et son récit
des aventureux voyages d'exploration
dans le pacifique et après « Baudolino », « La
Mystérieuse Flamme de la reine Loana » et
d'autres que j'oublie, voici que nous
arrive « Le
cimetière de Prague » dans lequel
ce cher Umberto explore les sombres recoins
qui entourent le plus célèbre des
faux historiques, le Protocole des sages
de Sion. Bien
entendu, s'attaquer à un sujet aussi sulfureux
a immédiatement déclenché la
polémique, mais en bon sémiologue
il sait parfaitement en démonter les mécaniques
et donc y faire face avec toute la redoutable
puissance d'un cerveau rompu à ce genre
d'exercice.
Un petit entretien
en video nous fait
connaître
un peu plus le personnage, nous fait
visiter sa gigantesque bibliothèque
(j'en bave d'envie) et nous donne un
peu plus envie de nous plonger dans
son dernier ouvrage.
D'autant que le suivant n'est sans
doute pas pour tout de suite !
PS : il ne
faut pas que les romans fassent oublier
le reste de sa production, car
même
si elle est un peu plus difficile
d'abord, les nombreux essais qu'il a commis éclairent
d'une manière incroyablement détaillée
les mécanismes de la communication
de masse moderne. Et j'oublie de mentionner
ses « Histoire
de la beauté » et « Histoire
de la laideur » qui sont deux petites
merveilles d'histoire de l'art. Quel
homme, vous aurez sans doute compris
que c'est mon idole…?
>[Isaac Casaubon]
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25/3/11 |
Hein? |
L'affaire des graffitis |
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[L'affaire des graffitis de San Zeno]
Chers
lecteurs,
lors de mon dernier voyage
romantico-culturel à Vérone, m'éloignant
de la supercherie pseudo-shakespearienne
constituée par
la prétendue maison de Juliette
Capulet, et par delà, du flux touristique
quelque peu insupportable, je pus me
recueillir en
visitant la magnifique
basilique San Zeno, chef d'œuvre
de l'art roman dont les vestiges datent
du IX° siècle.
Admirant d'exceptionnelles
fresques murales datant du XIII° siècle,
je ressentis, dans un premier temps
furtif, une déception
blasée visant des graffitis inscrits
sur ces panneaux votifs.
Quelle
ne fut pas ma réjouissante surprise
quand, m'approchant de ceux-ci,
je vis les années
y figurant.
Le doute alors m'asaillit.
1390, 1672... S'agit-il des
dates d'inscription ou d'événements référants à ces
dates?
Toujours est-il que l'on
peut admirer des styles d'écriture différents,
de la cursive gothique à la
chancelière.
Ces documents peuvent ils
servir la cause graphosienne
dans un stage sur la cursive,
sur la paléographie ou sur
les graffitis?
Ces interrogations
me devenant insupportables,
je me résouds à les
exposer en
public. En conséquence je demande
officiellement aux hautes
instances de la susdite
institution l'ouverture d'une
enquête
sur les origines de ces inscriptions
suivi d'un débat sur
l'identité culturelle de ces
auteurs !
Espérant rencontrer
un large auditoire qui abreuve
d'éclaircissements
ma perplexité lapidaire, je
vous adresse mes meilleures
sentiments imprégnés
de souvenirs bercés par l'Adige.
>[Le callidentiste]
Voir les
preuves iconographiques de mes interrogations
sur l'album Graphos.
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21/3/11 |
2C |
Passeurs de Mémoire |
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[Passeurs de Mémoire] « Ce
vaisseau imaginaire qui remonte le cours
du temps est celui de la mémoire à la
recherche de ces îles lointaines mais pourtant
si proches, de ces terres inexplorées où gisent,
cachés, mais toujours vivants, "ces
autres souvenirs" ».
Jacques
Le Roux
Ce titre d'exposition, recoupe
un double hommage. D'abord à Jacques
le Roux, dont l'œuvre entretient une relation
particulière
avec le temps et la mémoire. Jacques
le Roux était un maître de l'écriture à la
plume. Scribe, plus que calligraphe,
l'écriture
constituait pour lui l'un des moyens
de nous rattacher au temps, de l'éprouver
véritablement,
de le prolonger. L'acte d'écrire dépassait
le sens même des mots, mais devenait un
acte sensoriel, où le papier et l'encre
prenaient une dimension particulière,
le rattachait à la terre et le tirait
vers les hauteurs considérables de l'esprit,
où le temps n'a plus aucune prise, où notre
mémoire rejoint celles des civilisations
passées.
L'exposition « Passeurs
de mémoire » invite
parmi les grands calligraphes français à rendre
hommage à Jacques le Roux,. Claude Mediavilla,
Laurent Pflughaupt, Laurent Rébéna,
Hassan Massoudy, Jigmé Douche, Thierry
E Garnier, Marie Papillon, Marion Andrews,
Kitty Sabatier, Julien Chazal et Henri
Mérou ont
connu et apprécié Jacques. Tous vont
réaliser une œuvre en souvenir de
Jacques le Roux et exposer quelques
travaux récents,
en résonance avec son œuvre. Calligraphie
arabe, chinoise, tibétaine, latine dialogueront
dans un esprit d'ouverture et d'enrichissement
mutuel.
>[Alphonse Zeimer]
« Passeurs de Mémoire »
Les grands calligraphes français
rendent
hommage à Jacques le Roux
Musée
Chintreuil //
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18/3/11 |
Virus |
Malware militaires… |
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[Malware militaires…] La technologie
et les militaires ont toujours fait bon
ménage,
et ce n'est pas le cas spécifique de l'informatique
qui viendra faire exception. On a ainsi
vu récemment
un général israélien avouer
plus
ou moins publiquement que c'est
bien Tsahal qui a développé le célèbre
virus Stuxnet. Ce virus extrêmement contagieux
est conçu pour perturber le fonctionnement
des centrifugeuses iraniennes d'enrichissement
d'uranium en faisant faire de brusques
accoups au moteur, ce qui les détruit rapidement.
En dehors des dégâts qu'il a fait
en Iran, qui a été obligé de
se procurer de nouvelles centrifugeuses,
il s'est tout de même répandu assez
notablement dans les ordinateurs du monde entier,
sans causer
de dommage tout de même, comme quoi il y
a de bons informaticiens en Israël.
Il y
a eu aussi la révélation dans
l'affaire
HBGary des contrats de l'armée
américaine pour fabriquer un virus totalement
insoupçonnable, et contagieux par simple
insertion de clé USB, sans même
lancer de programme spécifique. Malheureusement
pour eux, cette firme a été la
cible du groupe d'hacktivistes Anonymous qui
a rendu public le contenu de tous leurs
mails
et qui a
donc dévoilé au monde les pratiques
plus ou moins louches de ces officines
de sécurité informatique.
Cela dit, pour se faire pirater ses
mails à distance
par Anonymous, ils ne devaient sans
doute pas non plus être des kadors de
la sécurité finalement...
Et voici
qu'on apprend que l'armée américaine
est en train de dépenser des millions
de dollars pour développer un réseau
de fausses identités sur les divers
média
sociaux pour pouvoir diffuser rapidement
et massivement toute la propagande nécessaire à la
bonne image des USA dans le monde entier.
Bien entendu, ces fausses identités seraient
parfaitement plausibles avec un faux
métier
de haute tenue, une fausse expertise
pour accréditer
leurs fausses opinions et de fausses
traces un peu partout sur internet, comme nous
en laissons
tous chaque fois que nous visitons
un site quelconque sur la toile (sauf sur le
BdG bien sûr).
Ça vous apprendra à accepter n'importe
qui parmi vos amis sur Facebook !
>[Adjudant Benny Siline]
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15/3/11 |
Bis |
Tree of Codes |
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[Tree of Codes] Nous vous
avions parlé il y a quelque temps de « Tree
of Codes », un livre très
particulier en ce sens qu'il est conçu entièrement à partir
des mots d'un autre livre.
Jonathan Safran
Foer a masqué et découpé le
livre original pour qu'on puisse y
lire le livre que lui voulait écrire.
Mais cette performance littéraire s'est
transformé en
cauchemar pour son imprimeur qui a
dû développer
des trésors d'ingéniosité pour
arriver à fabriquer un tel ouvrage dont
pas une page n'est entière. Ayant finalement
réussi cette gageure, il nous conte par
le menu le chemin de croix qu'il a
du parcourir dans une
petite video très
instructive sur la fabrication d'un
tel objet graphique.
Comme quoi, les imprimeurs ont été de
tout temps particulièrement tenaces devant
le défi technique que pose un livre,
il suffit de relire la
biographie d'Alde Manuce pour se rendre
compte que cela ne date pas d'hier !
Et tout ceci est à mettre
en relation avec cette
autre video sur une imprimerie
des années
1940. On y voit la fabrication d'un
livre (normal, lui) depuis les linotypes de
la composition jusqu'à la
reliure en passant par l'impression,
le massicotage, et toutes les étapes
intermédiaires.
Quelle évolution en cinquante ans !
>[Amédée Ptitrou]
PS : Vous trouverez également sur le blog
d'Abebooks une
video sur « Tree of Codes ».
PPS : à ce jour, ce livre est épuisé
mais un seconde édition devrait paraître
début avril. En anglais, hélas…
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12/3/11 |
Light |
Wifi dans la ville |
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[Wifi dans la ville] Qui a
dit que la technologie ne pouvait pas être
belle ? Non, je ne vous parlerai pas
de la prochaine version d'un quelconque
appareil à la
pomme dont le design enthousiasmera plus
les foules que la déficience programmée
de certaines de ses fonctions les plus élémentaires.
Non, je voudrais vous montrer l'invisible,
l'impalpable, l'immatériel réseau
informatique qui nous entoure et dans
lequel nous baignons
tous. Un
groupe de jeunes norvégiens a
réalisé un mat parcouru de LEDs
qui mesure la qualité du Wifi de l'endroit
où il se trouve. Promenant dans la ville
cet appareil, on voit apparaitre quantité de
ces zones invisibles où la connexion informatique
est possible, probable ou certaine. Et
en suivant ces déambulations avec un appareil
photo en pause, à la manière des
light-graffeurs, on arrive à visualiser
sous la forme d'un ruban de lumière toutes
les variations du flux informatique ambiant.
Et c'est vraiment
très très beau…
On parle beaucoup
de réalité augmentée
ces derniers temps, c'est à dire la superposition à notre
vision organique et limitée d'une série
d'informations rendues visuellement
accessibles. Et bien sûr, gloire au consumérisme,
c'est pour nous montrer la boutique
où l'on
trouve les prix les plus bas ou le
magasin dans lequel on vous donne trois pizzas
pour le
prix
de deux. Mais le jour où on pourra voir
le Wifi dans la ville, alors là, je crois
que je craquerai pour cet outil aussi
beau qu'inutile.
>[Louis Fi]
PS : la gallerie de photos est sur Flickr ici.
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9/3/11 |
Miam! |
Nourriture en 3D |
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[Nourriture en 3D] Ah l'informatique,
elle envahit tout et donne à chaque domaine
son petit parfum de délire et…de
bug ! Un nouveau domaine encore quasiment
inexploré s'offre
aux fous d'informatique : la nourriture.
Et il n'en fallait pas plus pour que
se déchaine
l'imagination inépuisable des geeks.
Après
le pâtissier qui imprimait
les « Bon Anniversaire » de
ses gâteaux
grâce à une
imprimante nourrie à l'encre alimentaire (une
version française ici), voici qu'un
autre de ces délireux
a eu l'idée
géniale d'utiliser une imprimante
3D nourrie avec des purées
alimentaires diverses, depuis le fromage
jusqu'à la
viande en passant par le houmous, la
dinde, le
celeri ou même… le
chocolat ! Et grâce aux différentes
buses de l'imprimante, on peut composer
avec les aliments comme on le fait
avec la couleur, et en volume en plus !
Ainsi l'illustration montre
une navette
spatiale frite à partir de pâte
au fromage et à la noix de Saint Jacques
qu'il aurait été extraordinairement
difficile de faire à la main, vous
en conviendrez. Quand à savoir si
la perfection de la forme ajoute
au plus au goût qui me semble plus
que douteux, je vous laisse seuls
juges.
Et oui, un point de contact
de plus
entre graphisme et nourriture grâce à la
médiation de l'informatique. Je n'ose
imaginer ce que ce genre d'engin donnerait
lors des banquets
Graphos…
>[Madmacs]
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6/3/11 |
Oh! |
Esperluette |
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[Esperluette] Jean
Larcher signale à notre attention un fort
joli opuscule intitulé « Eperluette » et
qui porte tout entier sur ce signe, énigmatique
pour certains, né d'une ligature cursive « e-t » et
dont les traces remontent à la cursive
romaine ancienne. Son évolution
graphique peut être suivie depuis cette époque
antique jusqu'à la nôtre où il
fut rebaptisé par je ne sais quel nikulturi « et
commercial ». Pas plus commercial que
toi, eh va donc, rétréci du bulbe
! Car si les romains en ont usé dans leurs
cursives successives, ils l'ont transmis à toutes
les écritures ultérieures, mérovingienne,
caroline bien sûr, gothiques et humanistiques,
rondes, batardes et coulées, toutes utilisent
cette ligature pour notre conjonction
de coordination « et »,
voir même pour les plus latinistes « etc » sous
la forme « &c » en typographie
jusqu'il n'y a pas si longtemps.
Le livre
est axé sur les 288 esperluettes
(dont ne sont montrées que les
231 premières)
que Jan Tschichold avait répertoriées
dans son livret aujourd'hui introuvable
(sauf dans la bilbiothèque Graphos, bien
entendu) « Formenwandlungen
der et-Zeichen » paru au printemps
1953, qui s'appuyait lui-même sur des
recherches de Paul Standard et de Frederick
Goudy.
Et c'est là un reproche que j'aurai auprès
de l'éditeur, c'est de ne même
pas au moins mentionner, et sans doute
même remercier, Jan Tschichold dont
le travail forme tout de même
le corps de cet ouvrage. Rendons à César
ce qui appartient à César ! De
même,
il aurait été de bon ton d'accompagner
les esperluettes d'une traduction
du texte de l'orignal, dont l'intérêt
est d'expliciter les figures, leurs
liens et les transformations graphiques
qu'elles démontrent.
A part ces esperluettes tschicholdiennes,
le livre propose une série d'illustrations
de belle facture, parfois un peu
petites pour en apprécier
toute la beauté graphique, dont des
pages choisies de manuscrits médiévaux
ou des travaux de calligraphes célèbres
comme Palatino, Arrighi ou Van de
Welde, mais aussi des exemples typographiés
de Garamond, Granjon ou Simon de
Colines.
Bref, un fort bel ouvrage, richement
illustré qui ne déparera pas
votre bibliothèque et qui vous donnera,
j'en suis sûr, plein d'idées
pour jouer calligraphiquement avec ce signe
aux formes si
diverses.
>[Gonzales Perluette]
PS : merci donc à Jean Larcher,
dont les travaux sur l'esperluette ornent
la couverture et le frontispice, d'avoir attiré notre
attention sur ce livre.
PPS : pour
ceux qui voudraient lire l'original
de l'article de Tschichold
en allemand, vous le
trouverez ici.
PPPS : étrangement, ce livre n'est pas (encoore
?) mentionné sur le
site de l'éditeur, mais vous y trouverez
sans doute de quoi remplir un plein chariot
d'ouvrages sur la lettre.
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3/3/11 |
Yess |
Au dessus de nos têtes… |
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[Au dessus de nos têtes…] Alors
là, je suis très très impressionné… Impressionné par
ce que certains individus exceptionnellement
passionnés
peuvent faire avec quelques mètres de fil
de fer, deux ou trois planches et quelques
vis. Bon en fait, dans ce cas précis, il
s’agit
beaucoup plus d’un bricolage à base
d’un télescope de bonne qualité à la
base, d’une monture motorisée qu’on
imagine au moins pour les semi-professionnels
(je vois un professionnel, un amateur
mais c’est
quoi un « semi-professionnel » ?)
et enfin des heures que l’on imagine nombreuses
passées devant un clavier et un écran à donner à toute
cette matière l’esprit logiciel qui
l’animera.
Et le tout, après moultes
jours de montage, de peaufinage, d’amélioration
nous donne cette
extraordinaire video : la station
spatiale internationale (dite en jargon
franglais « ISS »)
prise depuis le sol (!) avec un incroyable
luxe de détails dont la navette spatiale
Discovery qui effectuait là son dernier
vol avant de finir dans un musée. Il
y a plusieurs videos, une dans laquelle
on voit la
navette juste à côté de
l’ISS prête à s’y amarrer,
une video de l’ensemble et une video en
3D (sans lunettes, il suffit de savoir
loucher). 2001 l'odyssée de l'espace,
en vrai. Les détail
techniques du montage, pour ceux que
cela intéresse
sont décrits
par le menu ici.
Alors là, je dis bravo et merci Thierry
Legault, parce que donner un travail
qui a demandé tant
d’efforts
ainsi gratuitement à tout un chacun,
c’est
la preuve qu’il reste encore quelques
bonnes âmes
dans ce monde où la seule valeur
qui reste est l'argent.
Et de plus,
quand on voit ce à quoi arrive
un amateur (certes très au fait
de sa science) du sol vers l’espace,
on imagine ce à quoi arrivent des
professionnels depuis l’espace vers
le sol. Je ne peux pas vous dire
alors je ne vous dis pas. Mais
bon.
>[Maïté Lescaupe]
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Février
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28/2/11 |
Radio |
Jean-François Billeter |
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[Jean-François Billeter] Juste à temps
pour signaler à votre attention une émission de France-Culture, « Du
jour au lendemain » avec Jean-François
Billeter. Ce spécialiste
de l’écriture chinoise, sur laquelle
il a fait paraître une traité magistral
qui est aujourd’hui une référence,
a aussi beaucoup étudié Tchouang-Tseu,
un vieux maître du taoïsme ancien dont
l’œuvre complète, parue il y
a fort longtemps dans la collection « Connaissance
de l'Orient »,
avait été un
grand choc de ma post-adolescence (il
y a une pré-adolescence,
nous dit-on, pourquoi n’y aurait-il pas
de post adolescence ?).
Après une première
partie déjà passionnante
sur Tchouang-Tseu, Jean-François Billeter
nous explique la conception chinoise
de la calligraphie qu’il compare avec
celle de la calligraphie latine. Certes,
il distingue plutôt
les deux traditions en comparant ses
recherches très approfondies
sur la calligraphie chinoise avec des
idées
reçues qu’il a sur la calligraphie
latine, mais le propos reste pertinent
et le fait d’expliciter les recherches
chinoises permet de mieux comprendre
ce qui se passe quand
on calligraphie dans notre écriture.
En effet, au contraire de la tradition
calligraphique chinoise, un des grands
défaut
de notre tradition est de
n’avoir
jamais produit de traité explicitant
les règles
graphique d’équilibre des caractères,
les relations entre le scribe et
l’écriture
qu’il produit et comment l’expression
du corps s’instille dans l’écriture.
Vous trouverez de nombreux ouvrages
chinois étudiant
les relations vide-plein, le souffle
ou la gestuelle calligraphique alors
que bien que ces éléments
ait été longuement pratiqués
et enseignés par les scribes occidentaux,
aucun n’a jamais
pris la peine de produire un traité un
tant soit peu approfondi sur le sujet.
Certes de nombreux stages de Graphos
ont porté la
marque de cette recherche et la plupart
de nos invités
insistent fortement sur ces points,
certes, à chaque fois que nous nous
retrouvons notre cher Thierry veille, à ce
que notre posture soit correcte,
que notre équilibre
corporel soit parfait et que nos
contreformes soient les plus soignées
possibles, mais d’entendre
exprimés ainsi ces préceptes
sous une forme théorique permet de
mieux les synthétiser, donc de
mieux les comprendre et donc de mieux
les intégrer dans notre pratique.
Bref, profitez de la possibilité que
nous donne France Culture de ré-écouter
en ligne les émissions récentes
pour vous régaler de celle-ci,
et des livres de Jean-François Billeter
bien entendu.
>[Mareve du Papillon]
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25/2/11 |
Expo |
Roger Gorrindo |
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[Roger Gorrindo] Si
vous êtes comme moi en train de vous demander
dans quelle région vous rejoindrez cet été des
hordes d’estivants tenant absolument à tirer
un profit maximum des quelques jours
de congés
que leur octroie parcimonieusement leur
employeur, et que vous ne tenez pas forcément à passer
votre temps à bronzer idiot sous un soleil
qu’on espère aussi généreux
que possible, apprenez que cet été à Volvic
se produira un événement digne de
votre considération d’amateur de
la lettre sous toutes ses formes. Cet été,
donc, la lettre gravée sera mise à l’honneur
par « Traces
de pierre »,
l’Institut d'Art des Métiers de la
Pierre et de la Construction de Volvic,
qui nous propose de juin à septembre une
exposition d’un des plus grands graveurs
lapidaires contemporain, mais aussi
un des plus discrets
et j’ajouterai un des plus créatifs,
j’ai nommé Roger
Gorrindo.
J’ai
eu la chance de rencontrer Roger Gorrindo à Lurs,
aux défuntes rencontres de calligraphie,
où il venait initier les jeunes calligraphes
de l’époque au vieux métier
de la gravure lapidaire. Je me souviens
de ces après-midi passés sur la
terrasse de la chancellerie sous un
soleil de plomb qui ne rebutait personne, à dessiner
des lettres sur une plaque de pierre
et à (commencer à)
les graver. Je me souviens de mon premier
essai, un simple « I » qui
m’avait
vite fait comprendre que donner une
lettre à l’éternité ne
se fait pas si facilement. Il y
avait aussi eu une soirée « diapos » au
cours de laquelle Roger nous avait
montré des
travaux de Jean-Claude Lamborot (émerveillement
général) puis, en catimini, en
fin de soirée, quelques photos de ses
travaux à lui.
On avait ainsi découvert que la pierre
gravée peut aisément et très
harmonieusement se marier avec d’autres
matériaux comme le bois ou le métal
pour former des ensembles dans lesquels
chaque partie apporte une composante
d’un
contraste de chaleur, de forme ou de
matière
pour bâtir un bel équilibre. La
dernière
fois que j’ai vu Roger, il gravait une
feuille de lierre traditionnelle sur
la petite fontaine devant la chancellerie, gravure
qui y est d’ailleurs
encore à qui sait la voir.
Donc, cet été,
prévoyez au
cours de vos déplacements de faire
un petit détour à Volvic, voir
ce qui sera sans doute une des plus
belles expositions
de
l’été, d’autant
que la gravure lapidaire ne fait
pas souvent l’objet
d’une manifestation de cette ampleur.
Personnellement, j’ai d’ailleurs
commencé à doucement
instiller dans mon entourage l’idée
que nous y fassions au moins une étape.
Afin de ne pas rebuter le reste de
la famille, je prends pour prétexte,
suivant la personne, de la qualité diététique
incroyable de l’eau de la région,
de la proximité du parc des volcans
et du site ludique de Vulcania, voir
pour les plus rétifs d’un nécessaire
voyage dans le terroir même où sont
produits les meilleurs fromages et
charcuteries d’Auvergne.
D’ici cet été, je suis
sûr
que j’arriverai à me les mettre
dans la poche.
>[Fatima Suportuguèze]
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22/2/11 |
Video |
Albert Boton |
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[Albert Boton] Fait
trop rare pour être ignoré, Albert
Boton, un très célèbre
dessinateur de caractères, co-créateur
entre autres de l’Eras qui fit fureur dans
les années
70, nous offre sur son
site une video
très
instructive (ici
la version longue) qui
nous décrit
par le menu la vision de son travail
qu’a
pu bâtir ce maître de la lettre au
cours de sa florissante arrière. Et cette
video est d’autant plus instructive pour
nous autres scribes qu’il nous explique
que pour lui, tout part de la calligraphie !
Il nous le démontre à la fois par
son discours mais aussi par les images
qui l’accompagnent
où on le voit prendre la plume, tracer
ses lettres, puis les stabiliser et les
reprendre jusqu’à ce qu’elles
atteignent la rigueur typographique sans
perdre pour autant
la tension du geste calligraphique. Certes,
on sait depuis longtemps que calligraphie
et typographie font bon ménage, le stage
Graphos de dimanche dernier sur la lettre
humanistique le
prouve amplement. Certes de nombreux
créateurs
de caractères
sont aussi d’excellent calligraphes, les
travaux d’Herman Zapf en calligraphie en
sont une brillante démonstration. Mais
c’est une chose de l’imaginer et une
autre de le voir en action, rapidement,
certes, mais bien réellement. D’autant
qu’Albert
Boton quitte pour un temps son ordinateur
pour nous enseigner cette transformation
en utilisant la méthode traditionnelle
: avec un papier, une plume, un feutre,
un grattoir et
bien sûr
avec sa main qui prouve là qu’elle
sait faire bien mieux que de manipuler
une souris.
Un bien bon moment à voir et
surtout à revoir.
Une fois que l’impact du discours est
passé,
prenez le temps de regarder en arrière
plan toutes les manipulations qu’il effectue,
regardez les courbes se tendre, regardez
les contreformes se construire. Un
vrai travail d’architecte !
>[Marika Québoton]
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18/2/11 |
God |
Réponse |
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[Réponse] Le
post d'il y a quelques jour sur la confession
par ordinateur m'a fait repenser, par
un curieux rebond, à « Réponse »,
une très courte nouvelle de Fredric
Brown,
célèbre écrivain de science-fiction
dont l'humour noir particulièrement glaçant
a fait la gloire en son temps. Il a écrit
ainsi plusieurs dizaines de nouvelles
très courtes, très drôles
et très percutantes
dont les plus célèbres étaient
regroupées
dans un recueil appelé « Fantomes
et farfafouilles » mais celle-ci est
parue à part dans « Histoires
de machines ».
Je vous livre ce texte
à méditer.
« Dwar Ev souda solennellement
la dernière
connexion avec un fil d'or. Les yeux
d'une douzaine de caméras de télévision
l'observaient, et les ondes transportaient à travers
le cosmos une douzaine d'images de la
scène.
Il se redressa, s'inclina vers Dwar
Reyn et se plaça près de la manette qui
allait établir le contact quand il l'abaisserait.
La manette qui allait relier d'un seul coup tous
les monstrueux ordinateurs de toutes les planètes
habitées de l'univers - quatre-vingt-seize
milliards de planètes-dans un supercircuit.
Une machine cybernétique combinant toutes
les connaissances de toutes les galaxies.
Dwar Reyn prononça quelques mots pour les
trillions de gens qui regardaient la scène.
Et après un silence, dit :
— A vous, Dwar Ev.
Dwar Ev abaissa la manette. II y eut
un bourdonnement immense. L'influx
de courant de quatre-vingt-seize milliards de
planètes.
Des lumières s'allumèrent s'éteignirent
le long du tableau qui s'étendait sur des
kilomètres. Dwar Ev recula, inspira profondément.
— L'honneur de poser la première
question vous revient, Dwar Reyn.
— Merci, dit Dwar Reyn. C'est une question
a laquelle aucun ordinateur n'a encore
pu répondre.
II se tourna vers la machine:
— Dieu existe-t-il ?
La voix puissante répondit sans hésitation.
Sans même le déclic d'un simple relais.
— Oui. Maintenant Dieu existe.
Une panique soudaine apparut sur le
visage de Dwar Ev. Il se précipita sur
la manette.
Un eclair jailli du ciel sans nuages
le frappa, avant de souder la manette
en position de marche. »
Et c'était avant la création
d'internet, on l'a échappé belle
!
>[Madmacs]
PS : j'ai trouvéce texte sur internet
directement accessible en ligne. Je pense
qu'il n'y
a donc pas de souci pour le publier à
mon tour, tout en vous engageant fortement
à lire tout
Fredric Brown, bien sûr !
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15/2/11 |
Small |
Voyage au centre… |
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[Voyage au centre de la plume] Un
graphosien de longue date qui se dissimule
sous le pseudo « callidentiste » me
fait parvenir une petite merveille de
video calligraphique. A l'opposé complet
de Denis
Brown dont les travaux
gigantesques occupaient un mur, ce
qui permettait à tous les spectateurs d’admirer
son style, ses élans et la pureté de
son geste calligraphique, il s'agit ici
d'une caméra miniature posée sur
le dessus d'une plume qui est si petite
(la caméra)
qu'elle ne gêne pas le calligraphe dans
ses exercices d'une anglaise un peu grasse
ou d'une ronde un peu inclinée.
En tout
cas, le
résultat est somptueux
et se regarde de bout en bout sans
aucun ennui :
naissance et formation des lettres
en direct et sous un angle imprenable.
Certes,
j'ai attendu comme vous la
recharge qui plongerait la plume
(et la caméra ;-)
dans l'encrier, je vous rassure cela
n'arrive pas. Par contre, j'imagine
très
bien ce qui doit se passer dans la
tête de notre cher
callidentiste… Sans doute imagine-t-il
le même dispositif posé sur..
une roulette ? Et pouvoir ainsi mettre
en ligne sur YouTube
la video d'un geste
particulièrement délicat quand
il arrive à nettoyer une carie ? Ou
bien au bout de son outil quand il étale
en souplesse tel ou tel amalgame
dans une dent
creuse ? En
tout cas, il peut être tranquille, la
caméra
ne semble pas avoir de micro incorporé donc
on n'entendra pas les hurlements
de douleur de ses patients… ou alors
seulement dans une version « gore » et
interdite aux mineurs avec avertissement
!
>[le Schtroumpf calligraphe]
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12/2/11 |
† |
Confession |
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[Confession] Certaines
personnes ont vraiment de drôles d'idées
et Internet a ce merveilleux avantage
de mieux les faire connaître. Certes, Benoît
XVI a invité les
prêtres à embrasser la modernité et
donc à tenir des blogs et à y maintenir
une stricte « netiquette » chrétienne,
mais voilà qu'un hurluberlu a créé une
application
pour iPhone qui sert à la confession !
Fini le confessionnal sombre, fini le
récit
honteux par le menu de toutes les péchés
qui ont encombré la vie de tous les jours,
fini enfin les regards reprobatifs du prêtre
qui, lui, sait que vous êtes incapables
de vous retenir devant un bocal de Nutella… ou
pire…
Maintenant, il suffit de le dire dans
votre iPhone et tout est réglé,
et lui n'en a rien à faire que votre
goût
immodéré pour le Nutella dépasse
les bornes de la gourmandise moyenne.
Bon, je vous rassure aux dernières nouvelles,
le Vatican aurait déclaré que
ce genre de confession n'est pas valable puisqu'il
n'y
a pas de prêtre pour vous absoudre. Mais
si on imagine un call-center avec une
ribambelle de prêtres recevant les messages
de confession et absolvant le pécheur,
cela pourrait marcher, non ?
Les musulmans
sont bien plus en avance dans ce
domaine :
ils ont déjà un
forum animé par des théologiens
de l'université d'Al-Azhar dans lequel
des fidèles peuvent anonymement poser
des question concrètes de la vie de
tous les jours et demander aux autorités
religieuses de les guider dans leur
conduite dans
le respect total de la religion.
Et une interview d'un de
ces théologiens montre une imprégnation
de la modernité dans leurs réponses
que je trouve tout à fait admirable.
Point de sentence définitive
qu'on imaginerait parfois issue des
années
les plus sombres du haut moyen-âge. À un
homme qui demandait la conduite à suivre
après
avoir eu une relation extra conjugale,
il était
recommandé de se repentir, c'est une
bonne idée, mais aussi de s'assurer
qu'il n'avait pas transmis de maladie
vénérienne à sa
femme légitime ! Beau contre-exemple
des idées reçues nauséabondes
au sujet de l'islam qu'on sent monter
de ci de là, et une attitude
dont on pourrait peut-être
s'inspirer au Saint-Siège.
>[Barnaby Sixteen]
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9/2/11 |
Lire |
Le maitre de Garamond |
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[Le maitre de Garamond] On
me parlait depuis plusieurs années d'un
roman sur l'imprimerie de la Renaissance,
et au hasard d'un furetage dans une des
librairies aixoises,
je me suis laissé tenter à l'acheter
malgré la hauteur considérable de
mes bibliotaphes (*). Bien entendu, une
fois que ce livre a franchi le seuil
de ma demeure, il doubla rapidement tous
ses multiples congénères
en attente de lecture et se retrouva
enfin peu de temps après entre mes mains
fiévreuses.
C'est peu de dire que je l'ai
dévoré.
Je dois avouer que ma conversation
ces derniers jours a été plutôt
faite de borborygmes, de monosyllabes
hâtifs,
d'acquiescements ou de dénégations
furtifs. Car je n'aspirais qu'à une
chose : retrouver les péripéties
mettant en scène ce jeune imprimeur
du XVIe siècle
: Claude Garamond. Vous aurez peut-être
reconnu le livre d'Anne Cuneo, « Le
maître
de Garamond ». C'est une impression
unique de lire ce roman qui nous compte
par le menu la
vie de
Garamond mais aussi de quelques autres
grands imprimeurs de la Renaissance,
la façon
dont il prit contact avec le monde
des imprimeurs-éditeurs-libraires,
son rude apprentissage, les voyages
qu'il fît,
dont celui à Venise et à Bâle
pour rencontrer d'illustres collègues,
Froben, Manuce ou Griffo, le tout sur
fond de naissance de la réforme et de
début
des persécutions religieuses.
Je connaissais
plus ou moins les personnages de
ce roman, au moins de nom, sinon
par leurs travaux ou leur réputation,
mais de les voir ainsi s'animer,
se rencontrer, discuter entre eux
sur tel ou tel sujet, bref, assister à leur
vie de tous les jours en ce XVIe
siècle
tourmenté est comme si on avait sous
mes yeux sorti des marionnettes bien
connues de leur
tiroir pour les mettre soudain en
scène,
leur donner un décor, les faire parler
et les inclure dans une trame historique
et politique qui allait en mener
plus d'un au bucher. Les améliorations
techniques et esthétiques de livres
de l'époque (merci l'espionnage des
vénitiens),
l'apparition des premiers livres
religieux traduits en langue « vulgaire » c'est à dire
lisibles par tout un chacun, la toute
puissance des théologiens de la Sorbonne,
les fuites en Suisse, refuge de tous
ceux qui ont maille à partir
avec les religieux en place, bref,
un aperçu
très complet de ce siècle qui
vît
la fin du moyen âge, la naissance de
l'humanisme, et par bien des aspects,
les premières
prémisses du monde dit moderne.
Remarquablement
documentée, en tout cas
pour ce que je peux en juger sur
les techniques d'imprimeries du
XVIe siècle,
Anne Cunéo
nous offre ici un roman absolument
indispensable pour qui veut mieux
comprendre cette époque charnière
et le rôle prédominant que
l'imprimerie y joua, un roman qu'il
est très
difficile de quitter tant les thèmes
abordés
sont multiples et passionnants,
et tant la reconstitution de lavie
de tous les jours de l'époque
est immersive. Bref, à lire
absolument !
Une dernière
petite chose, le livre est imprimé en
utilisant les caractères
et les lettrines de l’époque,
du moins c'est ce qui est prétendu
en préface.
Honnêtement pour qui a déjà feuilleté des
livres de l’époque, cela
n’a
pas grand chose à voir, mais l’effort
est louable, même si on peut regretter
qu’il
se soit cantonné aux caractères
sans franchir le pas de nous
offrir des marges suffisamment
amples pour que
nos doigts ne cachent
pas une partie du texte. Ceci
pour l’édition
de poche, bien entendu.
>[Habib Liotaf]
(*) littéralement « tombeaux
de livres » pris ici dans un sens plus
habituel de pile(s) de livres en attente de lecture.
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6/2/11 |
€€€ |
Essayez Joos gratos ! |
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[Essayez Joos gratos !] La
nouvelle vient de tomber sur nos téléscripteurs,
le site de la fonderie typographies.fr tenu
par Jonathan Perez et Laurent Bourcellier
vous propose
de tester un jeu réduit de leur (superbe)
police « Joos » gratuitement
sur simple demande par mail ! Rappelons que
cette police, dont nous avions salué
la création en son temps, inspirée
des travaux d'un graveur de poinçons flamand,
Joos Lambrecht, est joliment connotée renaissance
et possède un style tout à fait
particulier dans lequel je retrouve avec
joie bien des traces du geste calligraphique.
Souvenez-vous également
que cette police a obtenu le prestigieux
Type Directors Club Certificate of Excellence
in Type Design
de New York en 2010 et qu'il s'agit donc
d'une occasion tout à fait exceptionnelle
de composer en utilisant cette police
gratuitement.
Bien évidemment, l'idée est qu'étant
séduit par le Joos, vous en acquériez
une licence et que vous en fassiez
bon usage. Alors par la même occasion
allez voir sur le site typographies.fr et regardez par exemple,
la police « Cadence » qui
propose toute une série de vignettes
combinatoires à la
Pierre Simon Fournier, mais dont le
style est beaucoup plus moderne. On
peut les associer
les
unes aux autres pour former des motifs
simples ou complexes, des rinceaux
ou des cadres et ce
avec une grande créativité. Une
belle réussite dans un genre tout à fait
particulier, une exploration
totalement unique du dessin
typographique au sens premier du terme.
>[Harpagon Picsou]
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2/2/11 |
Video |
David Rault |
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[David Rault explique la typo] Je
sais de source sûre que certains de nos
lecteurs, pratiquant plutôt l'art
de la calligraphie ont peu d'attirance
pour la typographie, dans laquelle ils
pensent que le geste
de la main s'est perdu et où la machine
inhumaine règne en maître. C'est
souvent parce qu'ils ne connaissent que
peu le champ typographique et surtout
parce qu'ils ne
perçoivent pas le fait qu'à la source
toute police de caractère typographique,
il y a le geste de la main, certes stabilisé,
lissé et même aseptisé parfois,
mais la lettre et les préoccupation de
la typographie ont des équivalents tout
aussi importants dans la champ de la
calligraphie.
J'en veux pour preuve la superbe
video que David
Rault nous propose
pour nous initier à l'art
typographie et je la conseille donc à tous
les sceptiques. Simplement, quand il
décrit
les diverses connotations que véhicule
une décision typographique, imaginez à la
place qu'il parle du choix d'un style
d'écriture
calligraphique au lieu du choix d'une
police. Et vous vous rendrez compte
que tout ce qu'il évoque
s'applique parfaitement à la calligraphie
! Mais si la typographie, sa sémiologie
et son lien entre signifiant et signifié sont
bien connus, ont été longuement
et profondément analysés et décrits,
jamais personne n'en a fait de même pour
la calligraphie. Comment choisir un
style calligraphique ? Faut-il vraiment
que « Senatus
populusque romanus » soit toujours
en capitale romaine ? Et que « J'te
kiffe à donf » soit
obligatoirement sous forme de graf'
? Que les textes de la renaissance
soient en humanistique
et que ceux du moyen âge soient toujours
en textura ? Que donnerait « J'te
kiffe à donf » en
capitale monumentale et « Senatus
populusque romanus » graffé sur
un mur ?
Je crois que tout plratiquant de la calligraphie
a beaucoup à retirer
de la démarche typographique et que
cette vidéo (et les livres) de David
Rault peuvent faire évoluer profondément
la perception que tout calligraphe
a de son art. A vos souris
!
>[Bart Rowland]
PS : les livres de David Rault sont à l'Ateleir
Perrousseaux.
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Janvier
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29/1/11 |
Expo |
Alphabets à Marseille ! |
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[Alphabets à Marseille !] Je
ne sais pas pourquoi je ne vous parle
pas plus souvent
d’Alphabets, cette association niçoise
animée par Rina Viers qui se propose de
tisser des liens entre les différents peuples
méditerranéens en leur montrant
combien leurs écritures alphabétiques
sont issues de racines communes. Cela
passe par diverses publications érudites,
que je trouve pour ma part totalement
passionnantes, sur la
naissance de notre bien commun qu’est l’alphabet,
mais aussi par une célèbre
affiche que vous trouverez sûrement
dans une librairie pas loin de chez vous, affiche
qui met
en regard les différentes écritures
méditerranéennes
d’une façon à la fois didactique
mais aussi très graphique. Alphabets publie
un bulletin autour de ses activités mais
qui regroupe aussi toute sortes d’articles
autour de l’écriture, compte-rendus
de livres, colloques ou expositions.
Justement, à partir
de la semaine prochaine, je vous propose d’aller
voir une exposition qu’Alphabets fera à la
mairie du XIe arrondissement de Marseille sur
le thème
de « la naissance des alphabets autour
de la Méditerranée ».
Vous y trouverez des témoignages de la
naissance de l’alphabet mais aussi de son évolution
et de ses diverses branches qui donnent
aujourd’hui
la si grande variété des écritures
méditerranéennes.
Avec un peu de chance, vous y croiserez
Rina Viers en personne qui vous en
expliquera la substantifique moelle avec sa
verve, son énergie
et son érudition sans pareilles. Elle fait
d’ailleurs une conférence de présentation
mardi prochain à 17h30. Profitez donc de
cette occasion de prendre contact avec Alphabets,
ce n’est pas si souvent que nous avons la
chance de l’accueillir dans la région
marseillaise !
>[Ralph Abet]
Toutes les informations sur cette exposition
ici ou
sur notre album Picasa ici
et là.
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26/01/2011 |
Hein? |
Consommation… |
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[Consommation quand tu nous tiens…] Les
excès de la gadgettisation de notre environnement
me feront toujours bien rigoler. Certes
le consommateur effréné qui se tapit
en chacun de nous a de quoi assouvir
ses instincts de consommation
frénétique de produits courants.
Mais une fois que l’on a tout ce qui peut être
utile, que faire pour satisfaire ses
envies d’achats
compulsifs ? Acheter des choses inutiles
! Et c’est bien pour ça que fleurissent
les marchand de gadgets, chacun plus
inutile
que le voisin, dont l’utilité cesse
en général au bout de quelques secondes
mais qu’il faut absolument posséder
pour pouvoir le montrer à son
voisin.
En ce début d’année,
la palme de ces gadgets absolument
inutiles et donc totalement
indispensables revient sans conteste
au clavier à émoticon.
Il s’agit de polluer la surface de
mon bureau déjà bien encombré par
un accessoire encombrant, d’ajouter
un câble à mon ordinateur dont
l’arrière ressemble déjà à un
plat de spaghettis bien mélangé,
d’occuper un port USB de plus, ce qui
me forcera au bout d’un moment à acheter
un « hub » (sorte de prise
multiple USB) qui lui aussi apportera
avec lui son lot de câbles de connexion,
mais aussi de câbles d’alimentation,
d’où nécessité
de brancher une nouvelle prise multiple à la
chaine déjà bien longue, et d’ajouter
une part supplémentaire de consommation
d’énergie à la gabegie déjà considérable
que nos pays considèrent comme normale.
Bref,
tout cela pour ne pas avoir à taper
trois lettres de suite sur mon
clavier, sans compter que le nombre
ridicule de touches
limite
notre créativité aux seize exemples
les plus classiques de ces figures
de style informatique, abandonnant
sur place *<:o) , =B-) ou même
=]:-)= , bref une totale dépersonnalisation
de nos messages. Se dire qu’il y a quand
même quelqu’un qui a été prêt à monter
une chaine de fabrication, à trouver
un distributeur mondial et à inonder
la presse spécialisée d’annonces
pour ce machin totalement inutile,
alors qu’on
a toujours pas réussi à créer
un bon tire-bouchon qui ne laisse
pas dans la bouteille moultes poissons
pour peu que le bouchon
ait à peine quelques années !
Eh oui, il faut se rendre à l'évidence, la chasse
aux pigeons est ouverte… On vit vraiment
une époque
formidable, comme le disait ce regretté Reiser.
>[Madmacs]
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23/1/11 |
Mail |
MAAW 2011 |
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[MAAW 2011] Emmanuel
Spaeth nous informe, en ce frileux début
d'année, que si vous restez bien
au chaud chez vous au lieu d'affronter
les frimas, vous aurez au moins une bonne
occupation au coin du feu, c'est de participer
à la version 2011 de MAAW !
« Du nouveau pour cette quatrième édition
de Mail-Art Across the World :
- La Hongrie et l'Ukraine sont de la
partie.
- une nouvelle adresse du site internet
: www.calligraphy-mail-art.com
- un lien
d'événement pour participer
si vous avez un compte sur facebook (pas
comme George Clooney cf colonne de gauche
NdBdG)
Envoyez votre enveloppe calligraphiée avant le
premier avril 2011 à l'adresse indiquée
sur le site ci-dessus (difficile exercice de
prononciation NdBdG)
Mail-Art Across the World est un appel à mail-art
d'enveloppes calligraphiées suivi d'expositions
en Europe organisé tous les deux ans depuis
2005. Cette année, quatre associations calligraphiques
européennes y participent : pour
la France :« Atelier-calligraphie »,
pour la Belgique « Plumes & Calames »,
pour la Hongrie « Szalai & Buzogány »
et pour l'Ukraine « Manuscriptum ».
Les enveloppes sont exposées avec
le nom et le pays de leur auteur dans les
pays organisateurs. Ni les enveloppes, ni les
expositions ne sont vendues
ou louées. C'est un projet coopératif
sans but lucratif.
Merci de diffuser l'information
:-) »
Alors à vos plumes, calames, tire-lignes,
pinceaux ou tout autre instrument improbable
qui puisse donner un tracé intéressant
et au boulot !
>[Manu Spaeth]
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17/1/11 |
€€€ |
Coffret Grandjean |
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[Coffret Grandjean] Comme
chaque année, le Musée de l’Imprimerie
envoie ses vœux à ses amis, mais ceux
de cette année sont assez inhabituels.
Certes, la conception graphique est
comme souvent, particulièrement
réussie, toute de classe et de simplicité,
et la réalisation est tout simplement
luxueuse, beau papier, belles couleurs,
un vrai plaisir à tenir en main. Mais ce
n’est
pas tout. Car au dos, en partenariat
avec l’Atelier
du livre d’art et de l’estampe de
l’Imprimerie nationale, on nous signale
la disponibilité d’un superbe coffret
Grandjean qui contient le tirage à partir
des cuivres originaux des dessins
des caractères
du Romain du Roi ! Ces cuivres datant
de plus de trois siècles et produits par
la commission Bignon, ont servi à Grandjean à graver
le
fameux caractère destiné à exalter
la magnificence des réalisation de Louis
le Grand, quatorzième du nom et roi soleil
(pour plus de détails sur cet épisode,
voyez les premières
pages du tome II de l’Histoire typographique
d’Yves
Perrousseaux).
Quelle émotion de découvrir
ces impressions en taille douce si
belles et si fines
sur un beau papier à la forme, de contempler
un vrai morceau d’histoire de la typographie,
les dessins de caractères tels que ces
personnages d’exception ont pu les créer
et les utiliser, à une époque
où graver
un caractère représentait des
jours de travail, d’abord pour la commission
qui a dû les concevoir (imaginez ce qui
leur serait arrivé si Louis XIV ne les
avait pas trouvé à son goût..)
puis au célèbre Grandjean qui
a dû les
graver (même traitement en cas de désapprobation
royale), bref, ces impressions sont
un peu le château de Versailles de la
typographie. Et en plus, elles sont
très
belles, ne vous l’ai-je pas déjà dit
?
Le coffret est consultable au musée de
l’Imprimerie à Lyon
et, bon, autant vous dire que c’est
un très
très beau cadeau à (vous ?)
faire… un
cadeau à un prix, hum hum, assez exceptionnel
c’est sûr… mais un cadeau
d’autant
plus unique que ces cuivres sont
repartis rejoindre dans les coffres-forts
les autres
trésors
de l’Imprimerie Nationale et n’en
sortiront sans doute jamais plus.
Alors
franchement, plutôt que de faire refaire
votre cuisine qui dans dix ans sera
de toute façon
totalement délabrée, préférez
ce magnifique coffret qui dans dix
ans sera toujours aussi beau !
>[Scrooge McDuck]
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14/1/11 |
KLi |
« Traits d’union » |
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[« Traits d’union »] Et
l’année calligraphique 2011 commence
fort avec le retour des quatre mousquetaires
de « Pas
plus sage qu’il ne faut », j’ai
nommé Stéphanie Devaux, Denise Luc,
Jean-Marie Dommeizel et Laurent Pflughaupt
(que chacun leur fasse correspondre un
des quatre célèbres
bretteurs comme il lui plait) auxquels
vient s’adjoindre
un vieux complice (non pas vieux par
l’âge
!) David Lozach. Autant dire que c'est
du lourd comme disent les djeuns de notre
temps.
Leur exposition titrée « Traits
d’union » semble axée
non seulement sur la calligraphie mais également
sur l’art contemporain, ce qui est à la
fois dans le prolongement de la démarche
de ces cinq calligraphes mais qui peut
aussi nous réserver des surprises, tant
le domaine de l’art contemporain a déjà quitté depuis
longtemps les rives des arts graphiques
pour s’engager
dans les eaux plus aventureuses des
installations, événements
ou autres œuvres parfois éphémères
dont le regard du spectateur est souvent
primordial. Certains hélas ont même été s’échouer
dans les récifs périlleux du n’importe
quoi culturel mais vu la qualité de notre
quintette, je suis sûr que leur nef est
plutôt dans les eaux bien plus intéressantes
de
la découverte esthétique
et du mélange des cultures.
Hélas,
il faut le dire, cette exposition est une fois
de plus à Paris et nous autres
pôvres provinciaux du sud devrons attendre
un hypothétique déplacement professionnel
ou une accélération fulgurante
de la dérive des continents qui amènerait
la mairie du Xe arrondissement vers
la Canebière
pour pouvoir apprécier leur nouveaux
travaux. Peut-être aurons nous la possibilité de
voir tout ceci un peu plus près au cours
de cet été ? En attendant, les
amis de l’écriture de l’Île
de France pourront dès lundi aller visiter
cette exposition, et nous nous contenterons
de faire de belles écritures sur la terrasse,
agréablement baignés du doux soleil
de la Provence, on ne peut pas tout
avoir !
>[Olive Oyl]
Exposition présentée du 17 janvier
au 17 février 2011 - Lundi au vendredi
8h30 à 17h00 - Jeudi 8h30 à 19h30
- Samedi 9h00 à 12h30
Mairie du 10e Hall - 72 rue du Faubourg
Saint-Martin - M° Château d’Eau
ou Jacques Bonsergent - Bus n° 38, 39, 47
- Vélib’ rue Hittorff - rue des Petites
Ecuries - entrée libre.
PS : si vous avez aimé Robert Darnton dans les
Matins de France Culture, vous pouvez
le retrouver une heure de plus dans Concordance
des temps de samedi dernier, interviewé
par Jean-Noël Jeannenet, podcastable
sur le site de France Culture pendant
une semaine.
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11/1/11 |
OMG |
Give me a five |
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[Give me a five] OMG ! Mine
de rien, en y regardant de près, si on
fait la part des choses, en comptant
bien sur mon calendrier, et dans ma tête,
et sur mes doigts… le
BdG a cinq ans ! Et oui, le premier janvier
2006, après un petit mois en catimini,
le BdG émergeait
des limbes pour commencer haut et fort à vous
retransmettre tous les événements
touchant de près ou de loin (et parfois
de fort loin, il faut bien l'avouer)
le champ vaste et parsemé de trésors
de l'écriture
sous toutes ses formes.
Nous avons eu
quelques tristes nouvelles que je préfère
oublier…
Nous avons eu nos fausses bonnes
nouvelles comme le livre sur l'histoire
de l'écriture
que nous croyions gratuit alors qu'il
ne l'était
pas, d'où un bien piteux correctif…
Nous avons eu heureusement de nombreuses
bonnes nouvelles, des expositions
qui nous ont enchantés, des livres
qui nous ont réjouis,
des films qui nous ont enthousiasmés,
bref, une ribambelles de joies
et d'émerveillements
que nous avons essayé de vous faire
partager…
Car c'est ainsi, le monde
regorge d'occasions de découvrir
des trésors, de se
régaler de sublime et de s'émerveiller
de beauté. Et de nombreuses personnes
s'échinent à en
rajouter encore plus, ce dont
il faut absolument que vous
puissiez profiter !
Alors c'est vrai,
ici on ne « casse » pas,
on ne critique que dans la
mesure où cela
reste amical et mesuré, et
on ne se moque jamais d'un travail
qui
n'a pas pu atteindre la
perfection. Il y a tellement
de beaux travaux et de beaux
individus, que perdre du temps à dénigrer
tel ou tel ne serait que… perdre
du temps, le vôtre et le nôtre.
Et
c'est donc reparti pour 2011,
en remerciant tout
notre réseau d'informateurs,
de rabatteurs et de balances
qui nous fournissent toutes les
niouzes qui échappent à notre
regard pourtant perçant, en
gardant notre esprit ouvert à la
nouveauté et attentif à la
tradition et en espérant continuer
d'intéresser
nos lecteurs de plus en plus
nombreux.
Cinq ans, c'est
la fin de la maternelle alors
l'année
prochaine, promis, on apprendra à lire
et… à écrire !
>[zeBdG]
PS : et vous avez vu la date ?
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7/1/11 |
Niou |
Robert Darnton |
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[Robert Darnton] Ne
manquez pas de podcaster avant lundi
l'émission
des « Matins » de
France Culture de ce vendredi 7 janvier.
L'invité était
l'historien américain Robert Darnton dont
les analyses sur le passé, le présent
et le futur du livre imprimé sont absolument
lumineuses. Sortant une bonne fois pour
toute de l'habituelle clivage livre papier
contre livre
numérique et donc la tradition contre les
modernes, il analyse l'état actuel de l'édition
en terme de complémentarité comme
certains l'ont déjà compris et...
exploité ! Voyez Amazon qui propose les
deux supports, certes avec une politique
des prix discutable, mais cela prouve
par là les
limites de la vision simpliste du ebook
qui tuera le livre papier comme le livre
imprimé a
tué le livre manuscrit. Robert Darnton
a notamment fait un parallèle historique
surprenant en lisant un texte des débuts
de l'imprimerie qui stigmatise le fait
qu'il est tellement facile d'imprimer
un livre que l'on
imprime tout et n'importe quoi, principalement
sur le mode du divertissement?. Fait
surprenant, ce texte est d'une actualité surprenante
si on remplaçe le livre manuscrit par le
livre imprimé et le livre imprimé par
internet. Oui, c'est vrai, le livre électronique
va grignoter des parts de marché au livre
papier. Mais les premières études
prouvent que le marché du ebook est bien
plus complémentaire du marché traditionnel
du livre que réellement concurrent : les
ventes d'ebook augmentent certes, mais
les ventes de livre papier ne diminuent
absolument pas en
proportion ! Les lecteurs sont simplement
plus nombreux, et si le livre électronique
peut réconcilier le grand public avec la
lecture, alors vive le livre électronique
!
>[Docteur Neophobus]
Son livre :
« Apologie du livre . Demain, aujourd'hui,
hier » (2011)
240 pages, Collection
NRF Essais, Gallimard
ISBN 9782070128464.
19,00 €
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4/1/11 |
Help |
Micro-éditeurs |
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[Micro-éditeurs] 2010
a été une année difficile
pour bien des secteurs de l'économie… Et
ces difficultés ont été ressenties
encore plus par les entreprises déjà fragiles
ou dont l'équilibre financier précaire
est particulièrement soumis à rude épreuve
par ces années de vaches maigres. C'est,
par exemple, le cas des petits éditeurs.
J'ai ainsi reçu un mail d'une de ces maisons
d'édition de livres du plus haut intérêt,
mais seulement pour un nombre limité de
personnes, me signalant que si je voulais
continuer à apprécier
sa production en 2011, il faudrait lui
passer une commande d'un montant donné avant
la fin de l'année. Sans quoi, elle fermerait
ses portes et adieu à ses livres.
Cette
situation n'est pas isolée : nombreuses
sont les maisons d'édition qui ne comportent
qu'un nombre très restreint d'employés,
dont les livres traitent de sujets
difficiles ou pointus qui demandent
un certain effort de
la part du lecteur pour pouvoir être appréciés.
Or, vous en conviendrez, la valeur
de l'effort n'a pas le vent
en poupe en ces temps
de divertissement à outrance
dont le but n'est en tout cas pas de
rendre le spectateur plus intelligent
! C'est aussi le cas d'éditeurs qui
sont particlièrement intransigeants
sur la qualité de fabrication, poussant
l'imprimeur à utiliser
toute la connaissance qu'il a de son
métier
pour atteindre la perfection que le
lecteur appréciera. Là encore, la qualité
n'est pas une valeur de la société
consumériste qui préfère le bas de
gamme de masse à la recherche de la
qualité de fabrcation (je suis allé
au supermarché cet après-midi, ceci
explique cela).
Soutenez donc les petits éditeurs en
achetant sur leurs sites les beaux
livres qu'ils vous proposent,
non seulement vous en aurez pour
votre argent mais en plus vous ferez une bonne
action
! Que
demander de plus ?
>[Léontine Bourdalou]
PS : je viens justement
de recevoir les « Souvenirs
brouillés du palais typographique », aux
éditions des Cendres, dont je vous
avais parlé il
y a quelque temps, et bien il est
encore plus
réussi
que ce que j'en avais aperçu en quelques
secondes de feuilletage, texte
superbe, photos noir et
blanc magnifiques et réalisation
de grande qualité. Rien de tel ne
pourrait sortir d'un Galligrasseuil…
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1/1/11 |
Vœux |
Bonne année ! |
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[Bonne année !] En
cette matinée du premier janvier 2011,
alors que la vie citadine
s'éveille à peine d'un réveillon
copieusement arrosé et que la queue se
fait devant la pharmacie de garde pour
acheter qui
l'Alka Selzer qui d'autre le Maalox,
ne reculant devant aucun effort et tâchant
de se remettre des excès gastronomiques
de la veille, toute l'équipe du BdG vous
souhaite une bonne année 2011, pleine
de belles réalisation de vos projets
d'écriture quelqu'en soit le support et
la technique, que l'esprit
de l'amitié,
de la beauté et de la réussite baigne
cette nouvelle année comme le soleil invaincu
et resplendissant baigne la Provence
en ce petit matin d'hiver.
Que cette année nouvelle vous apporte
les sept souhaits de Provence :
- la bonté du pain
- la plénitude de l'oeuf
- la sagesse de l'abeille
- la force du chêne
- la richesse de l'or
- la lumière de la flamme
- et la douceur du miel de lavande.
Le
meilleur reste à venir…
>[ZeBdG]
PS : quand les maths vous tiennent la tête,
elles colorent votre vision... La date
d'aujourd'hui est en effet le 1/1/11...
en attendant le 11/1/11 et le 1/11/11
et bouquet final,
le 11/11/11, seul de son espèce chaque
siècle
a être formé de
trois fois le même nombre constiué de
deux fois le même chiffre !
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>Vous
envisagez de remettre en cause les fondements de
la mécanique quantique ?
Rejoignez le [BdG] !
news@leblogdegraphos.net
>Faites stériliser votre [Blog].
news@leblogdegraphos.net
>Abonnez-vous à la
[LdT]
news@leblogdegraphos.net
>André Bloggo kidnappé le 20 janvier
1997 pour jeux de mots approximatifs vient d’être
relâché après le versement d’une
rançon du Pdg du [BdG] de 800 000 €.
news@leblogdegraphos.net
>Ze
blog on ze [Glob]
[Validez sur le BdG]
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>Patrick Bruel &
André Bloggo, en finale
du World Poker Tour, sur
le [BdG].
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>Speed
Dating avec André Bloggo :
- Je suis……………..……
- Ma région………………
- Je recherche………….
[Validez sur le BdG]
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>Scoop du [BdG] - André Bloggo, l’entraîneur
de l’OM vient d’être limogé pour
avoir tapé sur un ballon.
news@leblogdegraphos.net
>Les
citations du [blog]
sont d’André Bloggo.
news@leblogdegraphos.net
>Bienvenue sur le site d’André Bloggo,
http://A-Bloggo.com,
Blagues en stock, Sandwiches, Pan-Bagnat, Ouvert
7j/7.
news@leblogdegraphos.net
>Soyez
original !
Passez en bas débit grâce à notre
[blog]
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>Information légale.
Les expérimentations monstrueuses du professeur
Victor Bloggenstein sur ce le [BdG] ne sont effectuées
que sur son Webmaster.
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>Googlez
ce [blog]
news@leblogdegraphos.net
>Embarquement immédiat sur le >[BdG]
porte 15, à destination de Paris, Vancouver,
Londres, Brie-Comte-Robert.
news@leblogdegraphos.net
>Soignez
votre [blog]
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>Partez en week-end
le lundi grâce à notre [blog]
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>[Big
Blogger] is watching you...
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>Le forum du [blog]
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>Soyez
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Passez en bas débit grâce à notre
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>Partez
en week-end le lundi grâce à notre
[blog]
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>Plan du [blog]
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>Le
[blog] pratique
en 10 leçons
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>La citation du [blog]
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>Le
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>Engagez-vous
dans un [blog]
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>Le
forum du [blog]
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>Engagez-vous dans un [blog]
news@leblogdegraphos.net
>Attention
veuillez manipuler avec une infinie précaution
votre souris sur le [BdG]. Celui-ci est entièrement
piégé au C-4.
news@leblogdegraphos.net
>Bloggo, haricot, Nicolas Hulot ! sur le [BdG].
Jeux de mots maître Capello !
news@leblogdegraphos.net
>Le petit André Bloggo est attendu par
ses parents caisse 11.
Je répète, le
petit André Bloggo (…)
news@leblogdegraphos.net
>La
République populaire de Chine menace le [BdG]
de sanctions économiques si ce dernier persiste à maintenir
un embargo sur les rillettes du Mans,
(infos AFP).
news@leblogdegraphos.net
>André Bloggo Président !
news@leblogdegraphos.net
>Offrez
des [blogs]
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>Ze blog on ze [Glob]
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>Soutenez
le BdG
envoyez vos dons !
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>Photos numériques en 4D
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>3258
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>Ici Londres… « Les artichauts
sont crus - je répète, les artichauts
sont crus…Le Modem a refroidi, je répète
Le Modem a refroidi… »
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>Actuellement
personne sur le [blog] (à part vous)
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>La Planète Bleue est une poubelle !
Signe ici la pétition de Nicolas Hulot sur
le [BdG].
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>Abonnez-vous à la
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Eugène Poubelle
(1831–1907),
Il fut préfet de la Seine et inventeur de
la poubelle.
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Dating sur le [BdG]
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- purement fortuite !
- du pompage Simone…
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>La
mort d'un supporter du [BdG] abattu par un policier
jeudi soir près du Parc des Princes remise
en question par un témoin.
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>Si tu es un fidèle de ce [Blog], alors
n’éteins surtout pas ton ordi et ne
bouge plus ta souris pendant 24 h. La prochaine info
va bientôt arriver !
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ce [Blog]
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>L’abus de [blog] nuit gravement à la
santé
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>Sachant
que les plugins DC1 ne sont pas compatibles
DC2 la modification du formulaire nouvelle version
du plugin
DcDiggLikeIt qui passe en version 1.6, …
- dois-je pour autant quitter Isabella, sur
le [BdG] ?
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