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C'est le gouvernement qui devrait avoir peur de son peuple, et non l'inverse !
V for Vendetta


Si tu es seul
à rêver,
ce n'est
qu'un rêve,
si vous rêvez à plusieurs,
c'est la réalité qui commence.
Chant populaire brésilien


Le blanc est un significatif silence qu'il n'est pas moins beau
de composer
que les vers.
S. Mallarmé


Rien n'est écrit.
T.E. Lawrence


Ses dents largement découvertes signifient à tous que le loup ne se nourrit pas que de rêves.
Henri Michaux


On n'a pas encore découvert ce langage qui pourrait exprimer d'un seul coup ce que l'on perçoit d'un clin d'œil.
N. Sarraute


Je ne veux que du magnifique et je ne travaille pas pour le vulgaire des lecteurs
G. Bodoni


En typographie, il n'y a qu'un seul degré de bien : la perfection
Maximilien Vox


Il n'est pas nécessaire d'être fou pour travailler ici, mais ça aide
Jacques Bergier


Un intellectuel assis va moins loin qu'une brute qui marche
M. Audiard


Bonjour, je suis heureux de voir ici plus de chapeaux de cowboys que de cravates
Georges W. Bush


Inter Scientias, non minima est Typographica
Anonyme,
Graz 1673


Les lettres, signes hiéroglyphiques que la matière fait à l'esprit
Lamartine

 Décembre 
 
 29/12/15  Big L'embonpoint des livres

[L'embonpoint des livres] Intéressante question que se pose le Guardian, en anglais hélas, est-ce que les livres deviennent de plus en plus épais ? En tant que gros lecteur, je me suis souvent fait la réflexion ces dernières années que certains romans, pas forcément aussi denses et complexes que Guerre et paix, dépassaient parfois les 600 pages allant même pour les plus obèses jusqu’à 800 pages et plus. Pour une intrigue plus développée ? Pas forcément. Pour un plus grand nombre de personnages à la psychologie plus approfondie ? Sans doute pas. Alors pourquoi ?

Je me souviens quand est paru Dune de Frank Herbert, un pavé de 600 pages en grand format, un des premiers livres de science-fiction si épais, je me disais qu’il devait y avoir tout un monde à l’intérieur. Et en le lisant j’ai découvert que oui, et qu’il était si complexe qu’il fallait bien autant de pages pour nous narrer par le menu la vie de Paul Atréides. Mais comment se fait-il alors que l’univers bien moins vaste et riche de Metro 2033 de Dmitri Glukhovski en fasse 640 ? Et soit suivi de Métro 2034 qui en fait à peine moins ?

L’article du Guardian tente de trouver des réponses à ce qui semble bien être un fait avéré. Tirage à la ligne des auteurs ? Volonté de faire sérieux et riche en proposant des volumes de plus en plus énorme de la part des éditeurs ? Typographie plus lisible et marges plus conséquentes des imprimeurs ? Pour ce dernier point, je vous rassure, le volume du livre n’est pas un indicateur de lisibilité, en tout cas pas pour les formats poches, et tous ceux qui se sont plongés récemment dans quelques romans fleuves en petit format pourront en témoigner. Même en grand format, les Bienveillantes de Jonathan Littell avec ses dialogues en continu dans un texte qui fait tout de même 1400 pages auraient mérité de sortir en plusieurs volumes, plutôt que de nous infliger ce texte déjà difficile à lire de par son sujet dans une mise en page qui en rend la digestion si pénible, malgré la qualité intrinsèque du texte et de l’angle d’approche du sujet.

Alors, il nous reste à faire un peu de musculation en prévoyance des visites à la librairie, et à prévoir nombre de sacs renforcés si nous ne voulons pas voir nos achats éparpillés à la vue de tous sur les trottoirs. Et on dit que les gros lecteurs sont forcément chétifs et maigrichons, ce ne sera sans doute plus le cas dans un futur proche !

>[Elstir Alaligne]

PS :notre illustration représente le produit d'une idée aussi sotte que grenue d'imprimer tous les articles de Wikipedia. S'il fallait un troupeau de mouton pour produire une bible au Moyen Âge, il a sans doute fallu pas mal d'arbre pour produire un tel pavé !

   
 25/12/15  Noël Joyeux Noël
 

[Joyeux Noël] Emergent un peu difficilement d’une nuit de Noël longue, chaleureuse et bien arrosée, toute l’équipe du Blog de Graphos vous souhaite un joyeux Noël !

>[zeBdG]

   
 21/12/15  3D Typo 3D

[Typo 3D] Ça ne sert à rien, mais c’est beau. Comme certains laboratoires de recherche, des artistes produisent également des choses totalement inutiles mais au moins elles au l’intérêt d’être belles.

J’en veux pour preuve l’idée géniale d’un artiste chinois, Zhou Hongtao, qui utilise les imprimantes 3D fort à la mode en ce moment, pour créer de magnifiques pages de caractères en relief. L’idée est simple mais il fallait l’avoir, il « imprime » la page en rajoutant des hauteurs variables aux différents caractères, créant ainsi un petit paysage qui ressemble fortement aux centres villes des cités américaines avec leurs gratte-ciels et leurs rues à angle droit. Et c’est normal puisque c’est à partir de ce que les pédants nomment des modèles numériques de terrain qu’il calcule ses œuvres. Non content d’imprimer des caractères chinois, il utilise son idée, baptisée Textscape avec des caractères occidentaux, voir même simplement avec des caractères en Braille permettant ainsi même aux aveugles de toucher du doigt son innovation.

Alors là, je dis bravo, c’est très simple et très beau !

>[Arletti Paux]

PS : et merci à Graphiline pour avoir signalé cet artiste !

   
 17/12/15  IA? NaNoGenMo-2015

[NaNoGenMo-2015] Il y a franchement des informaticiens un peu dérangés de la cervelle. Savez-vous que pour la troisième fois, un concours a été lancé qui propose à tout un chacun, maitrisant la programmation bien entendu, d’écrire un programme qui doit générer un roman de 50000 mots au minimum ? Oui, vous avez bien lu, il faut demander à un ordinateur de produire un texte, la définition du texte acceptable reste entièrement libre, texte qui sera jugé pour sa qualité sachant que les seules contraintes sont de publier le texte en question et à la fin du concours, de publier les sources du programme qui a généré ce texte.

Cette année, 188 candidats ont répondu à l’appel. Alors bien sûr, il y a des textes qui sont sans doute très « art conceptuel » comme celui qui correspond à l’énumération des noms des couleurs de chaque pixel de l’image de la couverte d’un roman d’Hemingway. Je vous le traduis : bronze, bronze, bronze, terne, or, bronzage foncé, etc… Pas très lisible, en tout cas pour un humain.

Bien entendu, les geeks de tout bord se sont amusés à proposer des contributions plus farfelues les unes que les autres, dont une qui me plait ben et qui consiste à reprendre Moby Dick, le roman hautement symbolique d’Hermann Melville et d’en remplacer une partie du vocabulaire marin par des termes issus de l’univers cyberpunk. Bien vu, le célèbre début du texte est tout particulièrement soigné.

Une contribution qui m’a plus particulièrement intéressé est celle de Lisa Daly qui a créé un programme qui tente de reproduire le manuscrit Voynich, avec sa graphie si particulière et ses figures étranges. Le résultat est  intéressant même si, en toute subjectivité, je trouve qu’il y manque une bonne part d’étrangeté du manuscrit original.

Vous pouvez vous promener dans les diverses contributions qui sont en libre accès sur Github, un site que les programmeurs connaissent bien, mais qui est d’usage suffisamment simple pour ne pas requérir dix ans d’études de la programmation pour y accéder !

Bon c’est une raison de plus de lire l’anglais, il semblerait que les plus fous ne soient pas forcément les Romains ni les Gaulois !

>[Madmacs]

   
 13/12/15  Uh? Mais à quoi ça sert ?

[Mais à quoi ça sert ?] Franchement, on se demande ce que certains laboratoires ont dans l’idée quand ils proposent à notre admiration des innovations aussi bizarres qu’inutiles, en tout cas pour des humains moyens tels que votre serviteur. Quel est l’intérêt, à par passer en première page des journaux, d’annoncer au monde stupéfait que l’on vient de réussir à imprimer une image en couleur de moins de 100 micromètres de côté, c'est-à-dire qu’elle tiendrait sur la section d’un cheveu humain, soit une résolution effective de 127000 dpi. Bien entendu, le Livre des Records leur a immédiatement accordé la faveur d’y figurer. Mais d’application pratique, à part de pouvoir faire de la pub pour les microbes, je n’en vois guère.

Un autre article recensait récemment l’utilisation des mots comme « réalisation formidable », « innovation incroyable » « avancée stupéfiante » dans les articles scientifiques et signalait qu’ils étaient en hausse de plus de 50%. ET la raison en est fort simple, alors qu’il y a quelque temps encore, la qualité d’un article scientifique était jugée par ses pairs sur son contenu, aujourd’hui les responsables administratifs de la recherche, incapables d’utiliser ce critère, se contentent de juger, et donc d’accorder les conséquents budgets afférents,  en fonction de sa visibilité dans les médias, le nombre de clics sur la page qui en propose le résumé ou le nombre de vision des pubs qui ornent le moteur de recherche.

Et donc une avalanche d’articles plus sensationnalistes les uns que les autres, de découvertes non reproductibles, en attendant la contre vérification le budget, lui, est arrivé, et surtout l’installation d’une espèce de pensée unique qui empêche les avis contraires au courant d’idée principal de se manifester. C’est ce que dénonçait il y a quelques années un météorologiste qui avait eu la mauvaise idée de proposer un article pas tout à fait en accord avec l’idéologie à la mode du catastrophisme climatique, son budget de recherche avait été supprimé, ses équipes dispersées, bref, un enterrement de première classe.

Voilà ce qui arrive quand on laisse les incompétents  aux manettes. Et à voir le monde d’aujourd’hui je crois qu’il n’y a pas que dans la recherche qu’ils sont arrivés au pouvoir.

>[Larissa Sairarient]

   
 9/12/15  Bio Deus sive natura

[Deus sive natura] Et encore une série de belles photos de la nature vue de près… ou de loin. Cette fois, le thème est BioArt donc l’art de la vie. Et il y a une fois encore de magnifiques images, et même des films, comme cette magnifique croissance de bactéries dans une boite de Petri ou cette colonie de vers qui forme une magnifique couronne poilue, en passant par cette incroyable macrophotographie de l’émail de nos dents que j’ai été bien incapable de reconnaître à) première vue.

Parcourez donc ces photos et découvrez les fort belles images des gagnants de cette année, mais n’oubliez pas d’aller faire un tour du côté des galeries des gagnants des années précédentes, vous verrez qu’elles recèlent bien d’autres beaux portraits de la nature sous toute ses formes.

Seul bémol à mon avis, certaines photos sont hautement retouchées, comme toutes celles prises au microscope électronique puis ensuite colorisées (le microscope électronique ne donne que des images en noir et blanc) ou bien les images de synthèse certes magnifiques mais qui sont bien loin de la réalité des choses, on admire là la qualité du dessinateur ou du coloriseur mais pas la beauté de la nature.

Ceci dit ne boudons pas notre plaisir et laissons-nous émerveiller par la beauté divine qui est celle de la nature. Deus sive natura nous enseigne Spinoza.

>[Alba Rouche]

   
 5/12/15  Net E-Corpus en ligne

[E-Corpus en ligne] Suite à l’article sur la mise en ligne des manuscrits de la BM de Lyon, un fort sympathique lecteur du BdG me signale l’existence d’une autre initiative, arlésienne cette fois. Il s’agit de E-CORPUS dont il nous précise que « cette base, créée par le Centre de Conservation du Livre d’Arles [CCL] (désormais COPEIA), en partenariat avec la Région PACA, la Communauté Européenne et l’Unesco, met en ligne des milliers de manuscrits et de documents rares et inédits conservés dans les fonds d’établissements privés et publics couvrant en particulier l’ensemble de la zone euro-méditerranéenne : cent livres ne valant pas voir, faites un petit tour sur le site pour vous faire une idée de sa richesse ». Ce que je fis dans la minute, vous vous en doutez bien.

Et ce site propose en effet des documents fort divers que je vous cite pêle-mêle, depuis des modèles calligraphiques ou paléographiques d’écritures anciennes, jusqu’à des recueils d’étoffes indiennes en passant par tout un fonds de livres autour de Nostradamus donc quelques beaux exemplaires d’époque. La période couverte va depuis l’antiquité grecque et phénicienne jusqu’à des documents contemporains, dont quelques beaux manuscrits berbères écrits en touareg dont l’esthétique raffinée est fascinante, même pour ceux qui comme moi, n’en déchiffrent pas un seul mot.

La navigation est très proche de ce que l’on trouve sur les sites de recherche universitaire et nécessite donc quelques efforts pour s’y habituer, mais les documents que vous allez découvrir valent largement le temps que vous passerez pour apprendre à y naviguer.

>[Manu Scrit]

   
 1/12/15  10! Le BdG a dix ans

[Le BdG a dix ans] Et bien oui, le BdG a dix ans ! Un compte rond pour ce début décembre 2015. Si si, descendez tout en bas de la colonne de gauche, vous y trouverez des liens qui vous mènent tout droit au fin fond du passé, en ce premier décembre 2005 où paraissait le premier article du BdG sur le Manuale typographicum d’Hermann Zapf, merveille typographique, perfection de la mise en page, sublime ouvrage montrant tout ce qu’un maître peut produire quand il est arrivé au sommet de son art.

Aujourd’hui dix ans après, 1122 articles plus loin, nous sommes fiers d’avoir tenu contre vents et marées, avanies informatiques et grosses flemmes éditoriales. Les statistiques montrent une fréquentation régulière d’entre 200 et 300 visites par jour, avec un creux pendant les vacances, (oui, vous nous lisez majoritairement au travail ?) venant de tous les pays du monde, même les plus obscurs (un clic mal placés et vous voici devenus visiteur du BdG, cher habitant de Niue). Bref, avec des hauts et des bas, des fréquences d’articles hautement variables en fonction des occupations des uns et des autres, des pseudos divers et variés aux jeux de mots fleurant bon l’Almanach Vermot, et depuis quelques temps une concession à la modernité informatique en la création d’un compte Twitter. Bon pas encore d’un compte Facebook, il ne faut pas aller trop vite.

Je repense encore à la maquette montrée à l’époque aux graphosiens présent pour le stage de calligraphie tibétaine avec Jigmé Douche et l’exposition de calligraphie qui l’accompagnait. Qui aurait cru, et nous les premiers, que nous serions encore en ligne dix ans après ?

Alors buvons ensemble une bonne coupe de champagne virtuel, du meilleur car dans le monde virtuel du village planétaire, le meilleur et le pire sont aussi facile à trouver au bout d’un clic, et soufflons dignement et dans la joie les dix bougies virtuelles de notre gâteau virtuel d’anniversaire qui ne nous fera pas monter la glycémie d’un poil !

Bene valete et semper vivat !

 

 

>[zeBdG]

   
 Novembre 
 
 7/11/15  Clic Renaissance…

[Renaissance…] On connaissait la petite manie de Peter Greenaway de glisser dans certains de ses films des tableaux classiques en suspendant le mouvement des acteurs juste durant quelques dixièmes de secondes, le temps pour le spectateur attentif de repérer la référence mais sans trop lourdement insister pour ne pas casser la fluidité de l’image. Tout un art dans lequel il est passé maître.

Tout à fait par hasard, s’il existe, voici un autre détournement du même genre, bien moins sérieux et plus humoristique à mon goût, il s’agit des travaux de Freddy Fabris. Ce photographe demande à des mécaniciens automobiles de camper des scènes de tableaux plus ou moins connus dans leurs habits de travail, et insère à l’arrière-plan, plus ou moins discrètement, les éléments du décor des tableaux originaux. Bien souvent, rien que la position des personnages permet de reconnaître tel ou tel chef d’œuvre même si je trouve tout de même assez difficile de nommer les originaux. Je me dis bien mais oui, c’est… oui cd fameux tableau… sans parvenir à le nommer tant le changement de décor et de costume a quelque chose de déstabilisant.

Le tout forme à la fois une resucée de ces chef d’œuvres mais personnellement m’interpelle également puisque quand Michel Ange peint le plafond de la chapelle Sixtine, il y utilise comme modèles non point des personnages connus de l’époque mais bien plus vraisemblablement des gens croisés ici ou là dont le physique se prête bien au personnage qu’il veut camper. Et de même pour Freddy Fabris qui nous montre des gens ordinaires dont l’apparence a été à peine transformée par quelques postiches pour certains d’entre eux.

C’est une fois de plus le bon côté d’internet que de pouvoir rendre visible à l’admiration du monde entier les travaux remarquables d’artistes méconnus. Et gageons qu’ils sont encore nombreux à mériter de sortir de l’ombre.

>[René Sens]

   
 3/11/15  Nord Journées de Luxeuil

[Journées de Luxeuil (2/2)] Le lendemain dimanche matin, la typographie était à la fête avec deux conférences par un professeur et un élève de l’ANRT de Nancy qui nous ont parlé de la difficile création d’une police de caractère numériques de cette écriture ultra-ligaturée et des divers choix qui s’offrent au concepteur. Abandonnons dès le départ la lisibilité, ce n’est pas avec ce genre d’écriture que vous pourrez faire votre prochaine carte de vœux, encore que, nous avons plutôt réfléchi sur les diverses possibilités en matière de stabilisation depuis le dessèchement complet si on en élimine toute trace de la main jusqu’à la profusion des formes graphiques si on veut respecter le geste qui lui a donné naissance.

L’après-midi, ces journées se sont terminées par une visite de Luxeuil en général et de l’exposition consacrée à cette écriture en particulier, avec une grand moment d’émotion devant un tout petit bout de parchemin prêté par l’abbaye de Saint Gall, unique et rarissime comportant quelques lignes de cette belle écriture retrouvé tout à fait par hasard dans le rembourrage d’un étui. Les discussions furent longues et passionnantes devant ces témoignages historiques de la réalité de cette écriture.

La séparation fut longuement retardée mais devint inévitable eu lieu en fin d’après-midi. Mais nous avons tous convenu de nous retrouver pour les prochaines journées d’études tant nous avons été accueillis chaleureusement par les animateurs de ce colloque mais aussi par les membres de l’Office du tourisme de Luxeuil, les amis de Saint Colomban et bien entendu le personnel de l’Abbaye qui nous a reçu. Alors si vous avez manqué ces première journées d’étude ne faites pas deux fois la même bêtise, notez bien les dates du prochain colloque quand elles seront annoncées !

>[Aimé Rovée]

   
 Octobre 
 
 31/10/15  Nord Journées de Luxeuil

[Journées de Luxeuil (1/2)] Je me rends compte que je ne vous ai pas encore relaté les deux délicieuses journées d’étude sur l’écriture mérovingienne de Luxeuil. Souvenez-vous, je vous avais prévenu, ce colloque avait lieu tout début octobre, était organisé par les Amis de Saint Colomban, dont on fête cette année les 1400 ans de la disparition, et animé par Claude Laurent François.

Alors ce fut un régal. Découpé en trois demi-journées, il a attiré beaucoup de monde malgré le peu de vision grand public du sujet et a été un grand moment paléographique, calligraphique et typographique. Et pour tout vous dire aussi, un grand moment d’amitié, car retrouver une brochette de lursiens en goguette en dehors de la traditionnelle semaine d’août a été une grande joie.

Le samedi matin, nous eûmes droit à une série de conférence sur la paléographie de cette mérovingienne avec exploration des conditions de son apparition mais aussi mise en contexte dans l’histoire des écritures médiévales, conférence données par divers spécialistes du sujet, professeur à l’école des Chartes ou brillants universitaire, nous avons été éblouis par tant d’érudition sur l‘estrade mais aussi dans le public ! L’après-midi était dévolue à la calligraphie, avec la présence de Laurent Rébéna et Bruno Gigarel, dont l’exposé théorique a été suivi d’éblouissantes démonstrations qui sortaient largement du cadre de l’écriture de Luxeuil puisque nous avons vu en « live », je cite pêle-mêle, de l’écriture mérovingienne, normal, une anglaise fleurie comme seul de grand professionnels savent la tomber, une belle texture bien charpentée mais aussi bien balancée, et pour finir une capitale romaine au pinceau façon révérend père Catich qui m’a fait, personnellement tomber la mâchoire d’admiration devant tant de virtuosité. Un très grand moment de « faire » qui venait agréablement complémenter tant de moments de « dire »..

(à suivre…)

>[Aimé Rovée]

   
 25/10/15  Net Les manuscrits de Clairvaux

[Les manuscrits de Clairvaux] Et encore une bonne nouvelle pour tous les calligraphes amateurs de manuscrits anciens où puiser une salutaire inspiration pour les travaux contemporains : l’abbaye de Clairvaux vient de mettre la totalité de ses merveilleux manuscrits en ligne.

Vers la fin du XVe siècles, l’abbaye comptait environ 1750 manuscrits qui ont été transférés à la Révolution dans les archives de l’État où ils ont du subir un petit peu d’évaporation puisqu’on nous explique qu’il n’en reste aujourd’hui plus que 1150 soit quand même plus de 600 manuscrits disparus en deux siècles. Gageons qu’ils n’ont pas été perdus pour tout le monde, et que quelques archivistes indélicats se sont sans doute un peu « payés sur la bête » comme on dit.

Les manuscrits restants en 2009 ont d’ailleurs été ont été inscrits au registre « Mémoire du monde » par l’Unesco, dont j’apprends l’existence à cette occasion, et dont la page web nous propose une galerie de photos souvent fort intéressantes.

Alors bien entendu, cela fait donc belle lurette qu’un ensemble de documents aussi précieux n’est plus localisé à l’abbaye elle-même, ils ont été transférés depuis longtemps dans une médiathèque moderne dont on peut espérer qu’elle utilise toutes les techniques les plus récentes pour conserver l’état dans lequel ces trésors ont traversé le temps, et éviter qu’ils ne se fasse grignoter par moultes petites bêtes avides de vieilles peaux. Non, vous comprenez tout de travers, je ne parle pas de jeunes hommes sans le sous aimant particulièrement les vieilles rombières richissimes, je parle de ces petits insectes, poissons d’argent, blattes, psoques et autres dermestidés qui sont le cauchemar des bibliophiles et qui transforment les plus beaux livres en des lambeaux bien loin de leur état initial.

Donc allez-y voir, vous ne risquez pas d’abimer ces splendides numérisations, vous pouvez les regarder en pleine lumière, de près ou de loin, vous pouvez tourner les pages (virtuellement) les retourner (virtuellement) voir même les plier (virtuellement), aucune craquelure ne viendra détruire ce qu’il y a des siècles, les moines de cette abbaye ont mis tant de temps à créer.

Et pour vous convaincre qu’il n’y a pas que les vers qui sont nuisibles aux livres anciens, je vous démontrerai que de bien plus grosses bêtes le sont encore plus, en vous proposant de regarder cette vidéo absolument hilarante de la visite de Mr Bean à la bibliothèque. Enjoy, comme ils disent, pas besoin de traduction.

>[Emma Nuscry]

   
 20/10/15  IA Titres accrocheurs…

[Titres accrocheurs…] L’âme humaine est parfois décevante de simplicité. J’en veux pour preuve la récente réalisation d’une équipe de scientifiques qui ont créé et éduqué une intelligence artificielle (IA ou AI pour les intimes, francophones ou anglophones) pour qu’elle génère en continu les titres les plus accrocheurs ! Cette IA a donc été affublée d’un logiciel d’apprentissage à base de réseau neuronaux, qui miment le comportement des cellules de notre propre cerveau et donc ses facilités d’apprentissage, et les a nourris avec des milliers de titres accrocheurs glanés sur internet, et Dieu sait s’ils sont faciles à trouver en grande quantité.

Le résultat ? Un site, le Clicotron, sur lequel est créé toutes les vingt minutes un article du type de ce que nous proposent les tabloïds, avec son titre ultra-accrocheur, une photo et un texte, tous générés par cette IA dans un seul but : vous donner envie de cliquer pour en savoir plus long. Et si la plupart sont tout de même assez rigolos et incroyables, voir même rigolos parce qu’incroyables, certains semblent presque réels et, lorsqu’il les a découverts, il a fallu que le concepteur de cet IA vérifie que ce n’était pas un des titres fournis en exemple que le système avait tout bêtement ressorti.

Alors nul doute que les éditeurs de ce genre de journaux vont rapidement comprendre qu’ils peuvent gagner énormément plus d’argent en licenciant tous les « journalistes » (entre guillemets, vous le noterez) pour les remplacer par un système de ce genre. Et pas de surprise non plus, ces titres continueront à trouver leur clientèle qui ne se doutera pas de la substitution !

>[Greta Bloïde]

   
 15/10/15  Small Nikon 2015

[Nikon 2015] Encore une série de photos magnifiques du monde qui nous entoure, il suffit de savoir regarder… avec le bon appareil photo ? Nikon organise cette année encore leur concours des plus belles photos scientifiques au microscope et, fort gentiment, nous en présente les plus belles contributions. Et il y a de quoi s’émerveiller ! Bien souvent il s’agit de macrophotographies qui montrent les détails les plus insignifiants de notre entourage sous un jour qui les transmute de viles plantes ou animaux en merveilles de couleur et de géométrie.

Mais oui, si on le regarde de près (ou de loin bien souvent) le monde minéral, végétal et animal est magnifique, régalez-vous en sans modération !

>[Nini Cone]

   
 2/10/15  Big Mérou nous la fait XXL

[Mérou nous la fait XXL] L'ami Mérou fait une fois de plus des siennes, et ce pour notre plus grand bonheur. On le savait expert dans l'art de calligraphier sur des papiers extrêmement légers, du papier de soie du genre de ceux qui servent à rouler les cigarettes, et de les coller un peu partout sur les murs, par exemple à Lurs. Avantage, un peu d’eau suffit et le papier se délite en quelques averses laissant l’emplacement aussi propre au final qu’il ne l’était au moment du collage, voir même plus puisque protégé des intempéries par le susdit petit papier. Bien entendu, le papier en question porte un petit message soigneusement choisi par notre ami Henri, dont on connaît la capacité à nous faire réfléchir en profondeur sous des dehors humoristiques.

Il est depuis passé à la vitesse supérieure puisqu’il m’a récemment signalé qu’il avait réalisé une de ces calligraphies sur une feuille de deux mètres vingt de large sur dix mètres de long ! Le texte calligraphié est un texte de Milosz sur le vent et ce travail hors pair a été réalisé pour les trente ans du Festival du Vent à Berck-sur-Mer. Pour les petits curieux, le papier utilisé est un papier de soie de 15g au mètre carré (!!!) des Papeteries de Montségur dans la Drôme, « le meilleur papier de soie du monde ! » aux dires d’Henri, qui connaît bien cette usine.

Ce travailest une vraie prouesse technique, car entre l’encre qui lui sert à calligraphier dont on pressent qu’elle ne doit pas être trop liquide sinon elle troue le papier, mais pas non plus trop sèche sinon elle ne laisse aucune trace, l’outil qui va avec et, encore plus incroyable, calligraphier sur une telle largeur sans froisser ni déchirer le papier, notre ami Henri donne ici  encore la preuve non seulement de sa grande habileté en matière de lettres mais aussi de son art consommé du bricolage calligraphique pour arriver à réaliser des œuvres si particulières sortant complètement des chemins battus de la calligraphie habituelle.

J’ai eu la chance de recevoir de sa part une série de photos de son travail que je n’hésite pas à vous livrer sur notre album Picasa ! Chapeau bas une fois de plus !

>[Sacha Peaubat]

   
 Septembre 
 
 27/9/15  CIA Ils avouent !

[Ils avouent !] Pour une fois les complotistes avaient raison. Mais oui, il y avait bien des objets volants non identifiés dans le ciel des États Unis dans les années 50-60, et on sait maintenant ce que sont ces objets que les centaines de témoignages ont mentionnés, relevés et décrits parfois avec plus ou moins de précision. Il s’agissait, semble-t-il, de vol d’avions espions de toute sorte, dont des U2, qui partaient discrètement, ou tout du moins l’espéraient-ils, voir ce qui se passait de l’autre côté du rideau de fer. En tout cas c’est ce que révèlent des rapports autrefois confidentiels de la CIA qui se trouvent aujourd’hui accessibles à tout un chacun grâce à la loi sur la déclassification, qui rend public les documents au bout de 25 ans au minimum, ou parfois un peu plus si une autorité le demande spécifiquement.

Dans la même veine, Boeing vient d’ailleurs de révéler l’existence de certains appareils secrets qui étaient testés à l’époque et qui font peut-être partie de ces OVNIs aux comportements bizarres. Photos à l’appui, on découvre comment cette firme et ses consœurs créaient et testaient les prototypes de ce qui bien plus tard allaient devenir des missiles de croisière, des bombardiers furtifs ou bien des mini-avions ultra-rapides.

Évidemment, avec le développement des satellites d’observation, bien plus furtifs et bien plus sûrs, la plupart de ces appareils bizarres sont devenus obsolètes et le nombre de témoignages d’OVNI a fortement diminué.

Mais bon, comme tout complotiste pur jus le sait bien, si le gouvernement américain avoue que ce sont des avions espions, c’est justement parce que ce n’est pas le cas et que ce sont en vérité (?) des vaisseaux extra-terrestres qui viennent donner leurs technologies de contrôle des esprits à ceux qui dirigent vraiment le monde. Un monde désenchanté serait si terriblement banal et triste.

>[Ivanov Ni]

   
 23/9/15  2C Arion Press

[Arion Press] Comme je vous en parlais récemment, il existe encore quelques ateliers typographiques dans les pays occidentaux, et encore bien plus dans les pays « en voie de développement », et si en Europe ils restent relativement discrets, aux États-Unis, ils font facilement part de la maitrise de leur art au reste du monde en se montrant sur YouTube. Je vous ai déjà parlé des multiples petits films anciens ou modernes qui chantent la gloire de la linotype, mais j’ai eu tout à fait par hasard la chance de trouver un exemple d’atelier qui utilise encore de nos jours la monotype. Contrairement à la linotype qui intègre tout le processus dans une seule machine, la monotype est basée sur un processus à deux machines, une qui perfore un ruban à partir de ce qui est tapé sur son clavier, et une qui fond les caractères à partir du ruban perforé, ce qui permettait, si on conservait le dit ruban, de pouvoir bien plus tard reproduire une forme en quelques minutes plutôt que d’avoir à retaper le texte. Bien entendu, les deux avaient un usage différent à la base, la linotype étant plutôt utilisée pour les journaux, alors que la monotype servait plutôt pour les livres, et c’est pourquoi on en trouve encore si peu en fonctionnement aujourd’hui.

Régalez-vous donc de ce reportage, hélas en anglais, sur un de ces petits ateliers comme il doit encore en exister pas mal de par le monde même s’ils sont en général discrets, et n’hésitez pas à parcourir la chaine de Balvenie, une marque d’excellent whisky, vous y découvrirez d’autres films à la gloire des derniers véritables artisans, depuis les vanniers jusqu’aux forgerons en passant par les potiers, tous ces savoirs faire patiemment entretenus par une poignée de passionnés me redonnent espoir en l’humanité.

>[Betty Peau]

   
 18/9/15  Adrian Frutiger

[Adrian Frutiger] Il semblerait que 2015 ne soit pas du tout une bonne année pour les géants de la typographie, puisqu’après Hermann Zapf il y a quelques mois, voici qu’Adrian Frutiger a rejoint le dix septembre dernier le paradis des typographes où son nom brillera au firmament pour l’éternité. En tout cas, c’est ce qu’il mérite. Comme Zapf, Frutiger a créé tant de polices et de logos que si vous regardez autour de vous vous verrez sûrement une de ses créations, comme le Frutiger, créée pour la signalétique, l’Ondine une caroline que l’on voit sur nombre de restaurant arabes, la connotation n’est pas un don universel, l’Herculanum, une sublime cursive romaine stabilisée et bien entendu LA linéale archétypale, l’Univers, dont il est le Grand Architecte. Pour cette police, en innovateur infatigable, il fut le premier à utiliser les possibilités de la technique alors balbutiante pour créer toute une famille de polices dont les caractéristiques de chacune, étroitesse, graisse ou inclinaison, était donné par une numéro qui permettait instantanément de choisir la police qui avait les dites caractéristiques. Un vrai défi à une époque où l’informatique était bien loin de donner à la création de caractères la souplesse que nous avons aujourd’hui. J’en passe, et des meilleurs, juste une dernière qui me sert professionnellement : l’OCR-B. La légende veut que quand Adrian Frutiger vit la police que les informaticiens avaient créée spécialement pour être lisible par les ordinateurs, l’OCR-A, il alla dans ses Alpes natales et fit une retraite dans une grotte durant 40 jours. Puis ayant ainsi purifié par son ascèse, il redescendit parmi les hommes et créa l’OCR-B qui est une vraie police de caractères, aussi lisible par les ordinateurs que par les humains, mais bien plus agréable à l’œil pour ces derniers, les premiers n’ayant absolument rien à braire de la subtilité des courbes ou de la beauté des contre-formes.

Enfin il est l’auteur d’une de ces phrases que peuvent méditer les typographes les jours de déprime : « le fait que le Garamond soit la police de caractères la plus utilisée au monde me redonne espoir en l’humanité ». C’était, vous vous en doutez, avant que ne soit créé le Comic Sans.

>[Olga Delu]

PS: certains s'étonnent que cette mauvaise nouvelle n'ait eu que peu déchos dans notre presse nationale ? Je les rejoins entièrement !

   
 14/9/15  13 Iconophores live !

[Iconophores live !] Vous savez sans doute, ou pas, que près d’Aix en Provence, à Rousset plus précisément, se trouve la chapelle du Calvaire. Et pourquoi nous cause-t-il d’un tel sujet, en entends-je  certains d’entre vous maugréer ? C’est parce que cette chapelle, magnifiquement restaurée, sert de lieu d’exposition à l’association Index présidée par Reine Colin, que les lursiens connaissent bien. Et comme j’ai la chance d’habiter justement à une dizaine de kilomètres de Rousset, j’ai également la possibilité d’aller facilement visiter les expositions qui ponctuent l’année. Et c’est du lourd, croyez-moi. Je vous cite pêle-mêle, François Delarozière et ses « sculptures » fantastiques, d’inspiration steampunk mâtinée d’animaux bizarres, Jean-Renaud Dagon du Cadratin avec ses livres dont j’ai déjà signalé l’excellence typographique, Marc Combier et ses murs qui murmurent, les Estampes en Mai, chaque année sur un sujet différent et donc, sujet d’aujourd’hui, il y a quelque temps déjà, une exposition sur les iconophores de Thora Van Male.

Alors si vous habitez un peu loin, vous n’avez sans doute pas eu la chance de voir ces expositions, encore que j’en connais un prêt à grimper dans son automobile et à s’enquiller 600 kilomètres aller et 600 kilomètres retour pour venir voir sur place, et si ce n’est pas votre cas, vous regrettez de ne pas y venir. Vous avez de la chance, Reine Colin nous signale sur YouTube un film qui nous permet de visiter cette exposition commentée par Thora Van Male en personne ! Et plus érudite qu’elle sur le sujet, vous ne trouverez pas !

Alors régalez-vous bande de petits veinards !

>[Hardi Cot]

   
 10/9/15  Br Pixações

[Pixações] Signalé par Henri Mérou, le magazine « L’insatiable » publie un article sur les « pixações », des tagueurs incroyables de São Paulo qui graffent sur les immeubles de leur ville. Première particularité, au vu des emplacements choisis, ils n’ont pas peur de se mettre en danger pour poser leurs inscription sur des murs dont l’accès est pour le moins périlleux, et ce n’est rien de le dire. Deuxième particularité, au lieu de ne poser que leur « blaze » comme le font bien souvent leurs congénères français, on nous montre de véritables textes écrits sur plusieurs étages d’un même immeuble, se rapprochant ainsi plus d’une performance calligraphique que d’une simple signature apposée en tant que marque de territoire. Et enfin, je vous ai gardé le meilleur pour la fin, ils sont d’une créativité graphique époustouflante. Point d’effets tridimensionnels, d’ombres portées ou de volume suggéré comme on le voit si souvent sur nos murs européens, non, c’est la forme même de leur caractère qui est le point central de leur créativité. Ils osent des formes géométriques, tribales ou biscornues, bien loin des inspirations historiques et des gestuelles finement tracées. Ils déforment tout simplement (euphémisme) le squelette de la lettre d’une manière totalement étrange, tout en restant lisibles. Honnêtement, je renonce à vous décrire tout ça plus avant, allez voir les photos qui illustrent l’article et régalez-vous. Bon en cherchant un peu plus loin sur votre moteur de recherche préféré, vous trouverez des graffitis beaucoup moins créatifs, et pour tout dire beaucoup moins réussis.

Mais en attendant, je trouve dans cette expression libre et vivante une vraie inspiration graphique à garder en mémoire.

>[Ombra Zilia]

PS : un lien à la fin de l’article nous renvoie sur le blog de François Chastanet qui nous avait déjà fait découvrir la calligraphie à l’eau sur les trottoirs chinois et l’écriture cholo et qui a écrit un livre sur les « pixações » de São Paulo. Voilà un site à explorer et à surveiller !

   
 6/9/15  Typo Mutus Liber

[Mutus Liber] Il existe tout un monde de petits éditeurs, souvent bien difficiles à trouver, qui ont conservé une haute opinion de leur art, et qui tentent de continuer à le maintenir au niveau de l’excellence, pour ne pas parler de perfection qui est réservée au monde divin. Mais oui, comment qualifier différemment les productions du Cadratin par exemple, de l’Atelier Typographiques de la Cité ou ceux de Fornax ?

J’ai découvert par hasard, et le hasard fait souvent bien les choses pour celui qui est ouvert à ses incitations, un petit atelier suisse qui a associé son talent typographique à son excellence dans la gravure pour réimprimer, plus de trois siècles plus tard, le célébrissime « Mutus liber », ouvrage anonyme paru à la Rochelle en 1677 qui révèlerait pour celui qui en déchiffre les arcanes, les étapes nécessaire à l’obtention de la pierre philosophale. Alors bien sûr, il n’y a pas que les alchimistes qui peuvent apprécier ce type de livre, mais bien tous les amoureux de la chose imprimée, et bien imprimée comme c’est le cas pour cet ouvrage. Alors bien sûr, il n’est pas accessible à toutes les bourses, mais sachez que vu l’immense travail nécessaire pour graver puis nettoyer, encrer et passer à la presse une de ces gravures pleine page, on ne peut imaginer ces ouvrages au prix d’un livre classique sans vouer les imprimeurs à la misère la plus noire.

Alors réjouissons-nous qu’il existe encore ce genre de petits ateliers (mais pourquoi sont-ils souvent en Suisse ?) pour garder et transmettre, j’espère, cet art typographique dans lequel, selon Maximilien Vox, « il n’y a qu’un seul degré de bien, la perfection ».

>[Mumu Tusliber]

   
 2/9/15  Aïe C'est la rentrée…

[C'est la rentrée…] C’est la rentrée. Bon, nous autres graphosiens avons encore un petit moment avant la reprise des stages mais pour beaucoup, c’est la fin des vacances.

Les Rencontres de Lure se terminent, encore une bien belle édition pour cette 63e semaine, la joie de se retrouver entre passionnés, l’émerveillement devant certaines interventions, ah Carl Rohrs et sa démonstration de gestuelle en direct sous nos yeux, et au pinceau, s’il vous plait ! et tous ces graphistes, dessinateurs de caractères qui nous montrent le fruit de leur travail. Et puis il y a les comètes, les improbables parfois bien loin des réalisations concrètes, ces mutants qui nous emportent dans le monde de la philosophie, de l’anthropologie ou de la sociologie, nous faisant redécouvrir notre pratique de la lettre vue par d’autres yeux, sous un autre angle.

Alors, oui, Lurs est fini pour cette année, c’est la rentrée. Donc « bonne année » comme on se dit traditionnellement en se quittant fin août ! Et pour tous les calligraphes, typographes, graphistes et autres amoureux de la lettre, bonne rentrée !

>[Laurent Trée]

   
 Août 
 
 16/8/15  Nasa Complots…

[Complots…] Les partisans de la théorie du complot sont plus intelligents que tout le reste de l’humanité. D’abord parce qu’ils ont la vérité, or ça ce n’est pas donné à tout le monde. Ensuite parce que forcément, ils savent des choses que nous ne savons pas et ça c’est vraiment réservé à une élite. Enfin, quand on voit certain de leurs raisonnements, on peut quand même se poser des questions.

Vous n’êtes pas sans savoir qu’une sonde spatiale nommée New Horizons est passée récemment tout près de Pluton dont elle nous envoie encore à cette heure de fort belles photos, nous montrant une fois de plus la beauté du monde, sa diversité de formes et de couleurs et surtout sa propension à nous réserver des surprises toujours plus étonnantes chaque fois que l’on croit tout en savoir. Enfin, ça c’est la soupe qu’on sert aux gogos. Parce depuis le faux atterrissage sur la Lune filmé par Stanley Kubrick (même pas crédité au générique !) les complotistes savent, eux, qu’en fait ce sont des photos truquées et qu’il n’existe pas plus d’ex-planète Pluton et de sonde New Horizons que de cheveu sur le crane du regretté Yul Brynner ou de neurone dans le crâne des susmentionnés complotistes.

L’un deux nous livre d’ailleurs les réflexions qui l’ont mené à ces conclusions : vu que lui-même arrive à voir très distinctement Jupiter dans son télescope, comment New Horizon étant bien plus proche de Pluton pourrait-elle n’en montrer que quelques pixels mal définis ? Ah ben oui, en fait ! « C’est une insulte à notre intelligence » signale cet homme si bien informé, en nous donnant la vérité : ces clichés ne sont que des hologrammes et on ne verra jamais vraiment la surface de Pluton, parce qu’il s’y cache toute une série de bases de vaisseaux extra-terrestres dont l’existence doit rester strictement secrète. Bon, il oublie juste d’intégrer le fait que Jupiter ne fait pas loin de 120 fois le diamètre de Pluton, mais ceci n’est que détail pour cette intelligence si bien informée.

Un article de Guizmodo regroupe, en anglais hélas, les divers délires auxquels ont donné lieu les superbes photos qui tombent encore journellement de la prétendue sonde de la Nasa, et moi, après avoir pris ma dose de fou-rire, je trouve quand même que pour des hologrammes, ce sont de fort jolis hologrammes et j'aimerais bien connaitre le graphiste des Illuminati, car bien sûr ce sont eux qui sont derrière tout ça, pour le féliciter de ses créations !

Pour continuer à creuser cette veine et vous payer de bonnes doses de rigolades, demandez « NASA hoax » dans votre moteur de recherche préféré, vous en avez pour un bon moment à torturer vos zygomatiques.

>[Anna Za]

   
 12/8/15  Art Clet Abraham

[Histoire de l'imprimerie] De temps en temps, par ce qui semble être un hasard heureux, il peut venir à nos mirettes un artiste dont le travail nous touche particulièrement. Parfois c’est par la profondeur de son émotion, parfois c’est par l’originalité des concepts dont il traite mais parfois c’est tout simplement parce qu’il cause chez nous un grand haha de rire devant une idée simple mais drolatique.

Prenons par exemple Clet Abraham, découvert un jour alors que je cherchais un site que jamais je ne trouvai, cet artiste détourne le design froidement standardisé des panneaux routiers pour en faire une saynète souvent drôle mais aussi parfois poétique, en rajoutant sur les dits panneaux des autocollants judicieusement dessinés et placés. Bien entendu, beaucoup de ces panneaux détournés font preuve d’un sens de la dérision, voir même de la subversion qui fait partie intégrante de la démarche artistique. Mais en dehors de la vision proprement décalée de l’artiste qui va voir une femme nue allongée dans la barre blanche d’un panneau de sens interdit ou bien le nez de Pinocchio dans un flèche d’obligation de tourner à droite voir même un crucifix dans le panneau signalant une impasse, c’est, je crois, une invitation à ce que nous aussi durant ces instants fugaces où nous attendons qu’un feu passe au vert, nous prenions  quelques secondes pour laisser vagabonder notre imagination, instant propice à tous les délires graphiques, et trouver nous aussi d’autres sens à ces objets omniprésents que l’on voit sans les regarder.

Certaines rencontres nous font voir le monde sous un autre angle, n’est-ce justement pas là un des fondements de la démarche artistique ?

>[Pipa No]

   
 8/8/15  Pod Histoire de l'imprimerie

[Histoire de l'imprimerie] C’est un lieu commun, mais les vacances, pour ceux qui en ont, sont un moment propice pour s’aérer l’esprit et se concentrer sur ce que l’on aime faire plutôt que ce que l’on doit faire. Alors avant de nous retrouver tous à Lurs dans un mois, youpi ça s’approche de plus en plus, et afin de vous offrir une petite mise en bouche, je vous signale que France Culture nous réjouit en ce milieu d’été par une série de quatre émissions portant sur l’histoire de l’imprimerie diffusées dans le cadre de son documentaire « La fabrique de l’histoire » d’Emmanuel Laurentin. Les épisodes portent notamment sur l’exposition Mazarinades qui aura lieu à la (superbe) Bibliothèque Mazarine, mais on nous propose aussi une visite du Musée de l’imprimerie de Lyon dont je vous parlais encore tout récemment, guidée notamment par Alan Marshall et Mathieu Cortat dont je vous ai également dit tout le bien que j’en pense dans cette même colonne.

Prenez donc le temps de « podcaster » cette série d’émissions et dans votre automobile surchauffée, alors que vous serez à l’arrêt dans un des nombreux bouchons qui ne manqueront pas d’émailler vos déplacement estivaux, à moins que vous n’ayez accès à un hélicoptère, gavez votre autoradio de ces émissions et aérez vous l’esprit, vous verrez que vous en arriverez peut-être à aimer les embarras routiers, tant on peut y prendre le temps d’apprécier ces quatre petits bijoux.

>[Fabrice Delistoire]

   
 Juillet 
 
 22/7/15  Bits Numélio

[Numélio] C’est par un de ces hasards heureux qu’un jour d’errance numérique, j’ai découvert le site de la bibliothèque numérique de Lyon. Car si vous n’êtes pas au courant, sachez qu’un certain nombre de bibliothèques municipales ou d’instituts divers proposent des manuscrits, des archives ou des livres typographiés anciens à la délectation des amateurs, sous une forme plus ou moins agréable et des images de plus ou moins bonne qualité. Or la BM de Lyon avait à l’époque créé la polémique en demandant à Google, mais oui, le géant américain, de lui numériser son fonds. Et Google avait accepté des conditions draconiennes de numérisation, notamment la gratuité totale de cette prestation, pour avoir le droit d’utiliser les images qu’ils allaient recueillir, tout en en fournissant le résultat à la BML pour qu’elle les mette à disposition du public. Bien évidemment, les grandes sociétés de numérisation habituées aux juteux marchés publics de ce genre de prestation avaient grincé des dents, c’est rien de le dire, devant l’irruption d’un concurrent travaillant gratuitement. Ils avaient prédit de nombreux problèmes à la fois de manipulation des ouvrages que de qualité des images, car selon eux, travailler gratuitement était forcément un gage de piètre qualité.

Et bien ce site montre que finalement, Google s’en tire plutôt bien, y compris sur des pièces difficiles comme les manuscrits anciens ou les enluminures. Alors bien entendu rien n’est parfait, certains documents fragiles ont été si peu éclairés pour leur numérisation qu’ils sont parfois difficilement lisibles, mais la qualité globale est excellente et je vous enjoins, en préparation du colloque de Luxeuil début octobre, de vous plonger avec délices dans les 55 manuscrits mérovingiens et carolingiens, ou bien de feuilleter les enluminures, dont on pourrait regretter que le niveau de zoom n’aille pas plus loin ou bien pour les plus curieux, dans les innombrables et parfois délicieuses marques que les possesseurs de livres apportent à leur ouvrage, souvent des ex-libris mais pas que, un très bonne idée de thème de collection, que je n’ai jamais vu exploitée ailleurs.

Alors en ces temps de canicule (petit chien en latin) où il est bon de rester chez soi au frais, voilà une saine occupation qui ne fera transpirer que la main qui manipule la souris, mais qui vous réjouira les mirettes !

PS : seul bémol à la clé, il existe certains fonds manuscrits de la BML tout à fait particuliers, uniques et rares qui ne semblent pas faire partie du choix des documents mis en ligne, notre patience est mise à rude épreuve !

>[Rémi Zenligne]

   
 18/7/15  Lyon Musée de l'Imprimerie

[Musée de l'Imprimerie] J’ai appris un de ces jours derniers que le Musée de l’Imprimerie de Lyon va changer de directeur. Alan Marshall, qui était en fonction depuis treize ans, prend en effet sa retraite et est remplacé par Joseph Belletante. Il faut absolument rendre hommage à l’action d’Alan Marshall qui a su insuffler un grand dynamisme à ce musée, qui ressemblait la première fois que je l’ai visité, il y a bien longtemps, à ces vieux musées pleins de trésors mais bien peu mis en valeurs. Aujourd’hui le musée a été rénové, le parcours historique est bien plus lisible pour les non-spécialistes, on a rajouté des salles sur les évolutions récentes des techniques d’impression, et surtout le musée organise régulièrement une foule d’activités qui le font s’ouvrir sur l’extérieur, depuis les conférences jusqu’aux visites guidées des expositions temporaires, en passant par la participation à des associations comme « l’Association of European Printing Museums » qui regroupe les musées de l’imprimerie de l’Europe entière. Bref, il suffit de faire un tour sur la page web du Musée pour voir tout ce qui se réalise dans ce vénérable hôtel particulier de la rue de la Poulaillerie, visites virtuelles des expositions, Canard Électronique du Musée, collecte du Corpus typographique ou même Ex machina, la base de données des presses à imprimer.

Alors bien entendu, tout ce bouillonnement d’activités toutes plus intéressantes les unes que les autres est le résultat du travail d’une équipe, d’une association d’Amis et de nombreux bénévoles qui aiment et animent ce lieu. En tout cas, on ne remerciera jamais assez ceux qui continuent à vivre ce métier que certains voudraient voir désuet, pour le plus grand plaisir non seulement des amateurs mais aussi de ceux qui continuent à perpétuer la tradition typographique de qualité. Et ils sont plus nombreux qu’on ne croit.

PS : le programme complet des conférences proposées par le Musée est en ligne ici, et une visite virtuelle de l'exposition .

>[Titi Paugraphe]

   
 14/7/15  Lao Heavens above

[Heavens above] Juste un petit mot pour vous signaler la mise en service d’une merveille de la technologie spatiale que je me dois de vous signaler. Une société étazunienne, Urthecast, et bien oui qui d’autre pourrait faire ça ?, a installé à bord de la station spatiale internationale, l’ISS pour les intimes, une caméra à très haute résolution pointée vers la surface de notre belle planète, caméra qui peut en filmer la surface à une bonne résolution. Avantage : les satellites sont bien plus hauts dans l’espace et doivent donc pour des images équivalentes, avoir un télescope bien plus résolu et donc des temps de prise de vue bien plus longs que ceux de l’ISS qui ne flotte qu’à 350 km au dessus de nos têtes. Inconvénient d’une orbite aussi basse, elle tourne en une heure et demie autour de notre planète et reste donc fort peu de temps au dessus d’un même endroit.

D’où la prouesse technique incroyable de ces films, car au moment où les premières images sont prises, l’ISS sort à peine au dessus de l’horizon pour le lieu, puis passe en coup de vent au dessus, toujours en filmant, et progresse à vive allure vers l’horizon où elle disparaît en quelques minutes. Un peu comme si vous essayez de filmer une fourmilière alors que vous courrez à vive allure. Car là où est également la prouesse technique, c’est que les vidéos sont traitées pour apparaître comme si elles étaient filmées par un point situé en permanence au dessus du lieu, et donc comme si vous arriviez à prendre un film de la fourmilière en courant mais que le film montre la fourmilière comme s’il avait été pris à l’arrêt.

Bref, croyez m’en sur parole, c’est du grand art. Bon, sinon pour les technophobes, reste la beauté de ces images qui nous montrent, nous autres petites fourmis nous démenant à la surface de notre fourmilière comme doivent nous regarder nos amis extra-terrestres, avec le sourire amusé que nous avons justement au dessus d’une fourmilière en constatant l’agitation forcenée développée par ces petits êtres pour ce qui nous semble un bien piètre résultat. Gare au coup de pied !

>[Teresa Télite]

   
 9/7/15  Bruce Jeet kune do

[Jeet kune do] Au cours de notre stage festif de fin juin, qui portait, je le rappelle aux distraits, sur les correspondances entre les arts martiaux chinois, notamment le kung fu sous sa déclinaison jeet kune do, et la calligraphie, qu’elle soit chinoise ou latine, il a été beaucoup question de Bruce Lee, car en dehors d’être un acteur hors pair dans les films de kung fu, il a surtout été le fondateur de ce style particulier dans laquelle nous fîmes nos premiers pas. Enfin les premiers centimètres du premier pas, en fait plutôt les premiers millimètres, enfin juste un petit moment pour nous faire sentir comment se pratique cet art (martial donc) mais surtout, pour les non-sportifs bedonnants de mon genre, les sacrifices qu’il demande à ses adeptes.

Pour prolonger le sujet, si vous voulez éviter de bronzer idiot sur nos plages, et par la même, étant donnée la canicule actuelle, vous transformer en quelques minutes en un résidu grillé, voir même carbonisé, je vous conseille de passer tranquillement une heure à écouter l’émission « Une vie, une œuvre » consacrée justement au maître du jeet kune do. On y découvre sa biographie et des témoignages de certains de ses proches, ou des gens qu’il a rencontrés ou enseignés. Un vrai petit régal pour aller un peu plus loin que ce que Stéphane Demri nous a expliqué dans le peu de temps qu’a duré ce stage.

Une fois le côté culturel évacué, il vous restera à vous plonger dans un film un peu particulier originellement nommé « Crush » qui a été magnifiquement détourné par l’internationale situationniste sous le titre « La dialectique peut-elle casser des briques ? ». L’argument de ce film de kung fu en version originale sous titré par ce qui n’a sans doute qu’un lointain rapport avec les dialogues originaux, peut être résumé en un combat entre les prolétaires purs et déterminés et les bureaucrates lâches et corrompus. Le combat est bien souvent une rixe verbale à coup de sentences qu’on imagine tout droit sorties des manuels de doctrine marxiste léniniste ou bien du célébrissime petit livre rouge des pensées du président Mao. Une pure merveille de dialectique, ciselée à la Lautner, dont la conjonction avec les images de combats de kung fu vous arrachera des hurlements de rire, veillez donc à ne pas trop vous faire remarquer, sans quoi vous allez devoir expliquer la drôlerie d’un tel propos, ce qui n’est pas si facile, surtout pour ceux nés de la dernière pluie qui n’ont pas connu cette époque. Essayez de faire voir « Les tontons flingueurs » à un moins de trente ans, c’est peine perdue, il ne comprend pas la moitié du vocabulaire. C’est le lot de l’avant-garde éclairée du prolétariat d’être incomprise des masses populaires !

PS : le film est visible par tout un chacun ici !

>[Sissy Tuasioniste]

   
 5/7/15  Piq Rencontres de Lure

[Rencontres de Lure] Petite piquouze de rappel des Rencontres de Lure pour donner quelques indices supplémentaires sur le programme de cette année et vous rappeler que le 15 juillet il sera trop tard… pour vous inscrire avec la réduction de 20% !

Et puisque je sais que l’argument purement financier ne peut convaincre à lui seul des lecteurs aussi détachés des choses aussi bassement matérielles que le sont les lecteurs du Blog de Graphos, pour vous convaincre de vous inscrire à cette semaine du 23 au 29 août à Lurs en Provence sur le thème « Portrait / paysage, un monde de format », je n’hésite pas à vous donner directement les arguments qui me paraissent totalement imparables :

Vous avez raté la lecture de « La brève histoire des Lignes » de Tim Ingold et l'expo au Centre Pompidou / Metz ?
Vous aimeriez découvrir les dessous et les secrets des palettes couleurs de vos logiciels préférés ?
Vous ne connaissez pas encore le travail de Sandrine Nugue qui a remporté la première commande publique de dessin de caractères ?
Vous connaissez le Musée Picasso, l'Institut de Monde arabe et vous ne pensez qu'à ça : savoir les secrets de fabrication de leur charte graphique ?

Et aussi les travaux de recherches ou de création de nos invités :

#créateurs typos, des calligraphes
Philippe Dabasse et Guillaume Reynard :: Émilie Rigaud :: Matthieu Cannavo :: Carl Rorhs :: Thomas Huot-Marchand
#créateurs graphiques
Laurent Ungerer :: Erich Brechbuhl :: Michel Olyff :: Thierry Gouttenègre :: Sacha Goerg
#chercheurs de formats
Ghita Jalal et Nolwenn Maudet :: Anne-Lyse Renon :: Étienne Candel :: Patrick Tosani :: Julie Luzoir et Francis Ramel
#observateurs
Tim Ingold :: Pierre-Damien Huyghe :: Jacques Monnier-Raball :: François Chevret
#événements
Jerôme Sallerin film :: Zoumaï chanson à danser :: Michel Pintaud atelier d'écritures :: Damien Gautier Sacrés caractères projection

Ça se passe à Lurs, Alpes-de-Haute-Provence lors de la semaine de culture graphique, alors inscrivez-vous maintenant ! -20 % encore pendant 10 jours (jusqu'au 14 juillet 2015). À très vite dans le mistral Lursien…

Vous trouverez ici tous les détails du programme et pour vous inscrire cliquez vite !

>[Mimi Stralle]

   
 1/7/15  Ah! Écriture de Luxeuil

[Journées d'étude de l'écriture de Luxeuil] Alors, tout d’abord, je tiens à rappeler que ce blog n’est ni dédié à l’informatique, ni aux robots, ni aux divers organismes plus ou moins cybernétiques mais à l’écriture sous toutes ses formes. Donc laissons un peu tomber pour un moment le technologie, mettons Madmacs et ses divers avatars en sommeil dans la cave, avec un stock de pizza, son ordinateur préféré et une connexion internet à haut débit, c’est le meilleurs moyen qu’il se tienne tranquille et qu’on puisse enfin revenir à l’écriture.

Un petit mail d’un ami lursien de longue date nous donne le programme du colloque qui aura lieu cet automne, le 3 et 4 octobre plus précisément, en l’abbaye de Luxeuil. Pour les calligraphes, point n’est besoin d’expliciter plus avant le thème de ce colloque vu l’endroit où il se tient, mais pour les autres sachez qu’il portera sur l’écriture mérovingienne dite… « de Luxeuil », quelle surprise !

Voici ce qu’il nous en dit :

Journées d'étude de l'écriture de Luxeuil
Samedi 3 et dimanche 4 octobre 2015
Abbaye Saint-Colomban, salle du chapitre
70 300 Luxeuil-les-Bains  

A l’occasion du XIVe centenaire de saint Colomban (615-2015), l’association des Amis de saint Colomban  organise, en collaboration avec la ville de Luxeuil-les-Bains, deux journées d’étude consacrées à l’écriture de Luxeuil sous la direction de Claude Laurent François.

Ces journées  proposent de rassembler les approches de paléographes, calligraphes, typographes, historiens et chercheurs autour de cette écriture singulière.

Afin que vous ayez tout le temps de réserver ces journées, je vous en communique ici le programme provisoire, mais tellement alléchant ! Notez des noms connus des calligraphes français, comme Bruno Gigarel (que j’ai hâte de retrouver après de si longues années,) Laurent Rébéna, ou bien Thomas Huott-Marchand dont je vous ai déjà parlé à propos de sa création de « La minuscule ». Et ce ne sont que ceux que je connais un peu !

Bref, un moment incontournable pour tous ceux que la lettre intéresse d’autant qu’on n’est pas souvent sur les lieux même de sa genèse. Alors vite, cliquez et réservez ces journées !

>[Lulu Kseuille]

   
 Juin 
 
 25/6/15  Bots Religion cybernétique

[Religion cybernétique] Tant que nous en sommes à explorer le monde fascinant des créatures mécaniques, et pour faire suite à l’article de ce prêtre qui proposait de tenter de convertir les première intelligences artificielles au christianisme, je me dois de vous signaler une initiative artistique intéressante, puisqu’elle prend le rapport entre robot et religion à l’envers en essayant d’imaginer une église faite pour des robots. L’artiste Chico MacMurtrie est de l’autre côté de l’Atlantique et donc je n’ai hélas pas pu me rendre sur place pour visiter cette installation, mais je trouve que les photos sont suffisamment explicites pour m’y rendre virtuellement par la magie du village planétaire

Car voyez ces magnifiques robots utilisant divers matériaux de récupération pour former des corps humanoïdes, tous plus beaux et idéalisés les uns que les autres, comparez à la rusticité des robots de la DARPA, et dont le texte qui accompagne les photos nous dit qu’en plus ils sont animés par des systèmes pneumatiques afin de réaliser ce que j’imagine être une « messe » ou à tout le moins une cérémonie de célébration de leur dieu mystérieux.

En tout cas, visitez également le reste du site de cet artiste, ses travaux valent vraiment le détour virtuel, depuis Chrysalis, une énorme structure qui change de forme suivant le gonflage de ses différents éléments, jusqu’à Totemobile genre de croisement improbable entre une DS et un Transformer, prenez le temps de regarder les vidéos. Ah, quel dommage que les USA soient si loin…

>[Sissi Bernétik]

   
 20/6/15  Bots Créatures de métal

[Créatures de métal] A l’heure où le prochain « Terminator » se profile à l’horizon cinématographique, une série de petits films vient remettre les choses à leur place et rabattre le caquet de ceux qui s’affichent en tant que grands mamamouchis de l’art de la robotique. Eh oui, la célébrissime DARPA, agence de recherche de l’armée étasunienne a comme chaque année fait un concours pour évaluer le niveau auxquels les meilleurs chercheurs du monde sont arrivés. Cette année, le concours portait sur la possibilité de se rendre par robot interposé dans une zone affectée par une contamination radioactive ou biologique et y remplacer la présence humaine, dont la survie dans ces milieux est sérieusement mise en cause. Il s'agissait de plus d’y effectuer huit tâches simples, comme marcher sur divers terrains accidentés, ouvrir une porte ou bien fermer le robinet d’une grosse vanne. Je pense que n’importe quel humain de plus d’un an est à même de réaliser sans problèmes toutes ces tâches et sans doute aussi une bonne partie du monde animal. Alors bien évidemment, ce ne sont pas les réussites qui sont les plus intéressantes mais plutôt les échecs, que certains humoristes se sont amusés à regrouper en de courts petits films qui enchainent les dérapages, chutes et autres effondrements, pour la plus grande joie du spectateur. Je vous engage à les visionner tous, mais prévoyez d'être assis, vous risqueriez de vous écrouler de rire, et la vessie vide à moins de risquer de souiller vos vêtements.

Pour ma part, j’adore le robot qui arrive correctement à manier la poignée d’une porte, mais qui doit avoir pris appui sur la dite porte et donc s’effondre en avant quand la porte s’ouvre. Mais je trouve également pagnolesque celui qui essaye de faire tourner un robinet, qui ne se rend pas compte qu'il ne le tient pas correctement, et à qui arrive exactement la même chose qu’au Pitalugue de Monsieur Brun, c’est le robot qui tourne au lieu du robinet ! Enfin, la descente de voiture du robot atteint de parkinson électronique est le must de la série tant on voit dès le départ qu’il est mal parti, qui arrive tout de même à s’extraire du véhicule pour s’effondrer quelques dizaines de centimètres plus loin.

Bref, avant de voir des T800 dans les rues, il faudra que la robotique fasse pas mal de progrès…

PS : en tout cas, quand on voit tous ces merveilles technologiques qui échouent lamentablement ne serait-ce qu’à faire un pas en avant, on ne peut qu’admirer la qualité de conception de l’homme qui fait ça naturellement des milliers de fois par jour. Et qui se ramasse aussi quand même quelque fois…

>[Sissi Bernétik]

   
 15/6/15  Hermann Zapf

[Hermann Zapf] Nous avons appris hier la bien triste nouvelle de la mort de Hermann Zapf à l’âge vénérable de 96 ans. Ce calligraphe et typographe d’exception est pour moi la figure incontournable de notre XXe et début de XXIe siècle, ses créations sont partout, regardez autour de vous et je suis sûr que petite ou grande, sur écran ou sur papier, vous avez sous les yeux une de ses nombreuses polices de caractères. Oui, c’est vrai, je l’avoue c’est mon idole.

Sa vie lui a fait passer des derniers graveurs de poinçons pour ses premières polices, aux formats numériques les plus optimisés pour ses dernières créations chez Linotype. Bref, il a parcouru pas loin de cent ans d’évolution de l’art de l’imprimerie, s’adaptant à tous les changements techniques sans jamais que ne baisse la qualité de ses créations, sans jamais qu’il ne se laisse abattre par les imperfections de la technique, cherchant toujours à contourner toutes les difficultés de la matière pour parvenir à ce subtil équilibre du noir et du blanc qui est le summum de l’art de la création de caractères.

Regardez tout d’abord ses calligraphies, quelle perfection, quel mélange subtilement dosé entre la rigueur et la délicatesse ? Alors certes, il y eut peu de livres à son sujet, je ne sais pas si c’est parce que le personnage était relativement discret, il a tout de même fait des conférences dans le monde entier ou bien si c’est par désintérêt du public, mais je vous recommande les très beaux livres à propos de son œuvre parus chez RIT Press.

Et que dire de ses caractères ? Des merveilles ! Prenez le Palatino, c’est une police de labeur dont la principale qualité serait d’être lisible, mais si vous l’agrandissez, vous vous rendrez compte qu’elle fonctionne tout aussi bien en titrage de grand corps tant elle recèle de subtilités, de courbes savamment agencées et de petits détails sublimement ajustés. Et l’Optima, une des très rares incises réussies tant elles sont difficiles à concevoir correctement, une lettre que l’on voit partout pharmacies, pompes à essence, opticiens, c’est la police classe sans fioritures, propre et légère. Et je ne parle même pas de ses polices numériques, ses Zapf Dingbats et Zapf Chancery étaient sur le premier Macintosh, et son (sublime) Zapfino fait encore partie de la dernière livraison des systèmes à la pomme, sans que jamais, dans aucune version du système il n’y ait eu une de ses créations, données gratuitement aux utilisateurs pour leur montrer la perfection typographique.

Bref je suis très très triste de voir s’éteindre ce grand artiste (mais oui) dont j’admire l’œuvre de bout en bout, et d’ailleurs pour me remonter le moral, je vais de ce pas me replonger dans les deux magnifiques volumes du « Manuale Typographicum », deux ouvrages qui résument à eux seuls toute la perfection de celui qui restera pour moi l’étoile de la calligraphie et de la typographie.

Alors certes, je ne suis sans doute pas très objectif dans mes dithyrambes mais je le revendique, Hermann Zapf est mon idole.

>[zeBdG zapfolâtre]

PS: on pourrait faire des pages et des pages sur la vie et l'œuvre de Hermann Zapf, je vous laisse retrouver dans les archives du BdG les articles à son propos, ils sont nombreux !

PPS : et en prime, voici le très bel hommage des Rencontres de Lure à ce génie :

Le siècle Zapf (1918-2015)

Nous venons de perdre un des plus grands, si ce n'est le plus grand dessinateur de caractères et typographe du XXe siècle. Mais nous héritons d'une des périodes typographiques les plus fastes, le siècle Zapf. Il faut ici prendre un peu la mesure de son étendue et de sa densité. Nous sommes gagnés tout d'abord par la fièvre de l'ici (cette geste typographique sans égale) et maintenant (ces compagnons familiers et intemporels que sont notamment le Palatino et l'Optima). Mais un vertige nous prend presque aussitôt, nous entraînant vers les délices de l'ailleurs (alphabet cherokee, alphabet pan-nigérian), les exigences de l'avenir et de ses inventions (le moteur de composition Hz), les voluptés insoupçonnées de l'écriture mathématique (Euler).

Nous n'oublierons pas non plus la part maudite (Gilgengart créé peu avant la Frakturverbot) et d'insolite (Zapf Dingbats) qui entre dans toute oeuvre un tant soit peu universelle, avant de nous hisser sur les épaules de ce géant qui sut au moyen de la pointe minuscule d'un Bic dessiner à Lurs un abécédaire sur le livre d'or du Bello Visto ?

   
 11/6/15  Book Les éditions B42

[Les éditions B42] Petite piquouse de rappel pour vous remettre en mémoire l'existence de certaines maisons d'édition, qui pour en être moins connues que Gallimard, Grasset ou le Seuil, n'en sortent pas moins de très passionnants ouvrages sur ce thème qui nous réunit sur cette page : l'écriture sous toutes ses formes. Je voudrais vous aujourd'hui vous parler de B42, dont le nom, vous le savez bien, est une référence à la célèbre bible à 42 lignes de Gutenberg, joyau de l'art typographique naissant, dont les quelques exemplaires ayant survécu sont les plus beaux fleurons des rares musées du livre.

Cette petite (?) maison d'édition s'est fait une spécialité dans laquelle elle excelle qui est la publication en français d'ouvrages relativement techniques ou bien importants historiquement concernant le monde de la typographie, en abordant bien souvent des territoires peu explorés par leurs confrères. Nous avons eu ainsi droit à un superbe «Le détail en typographie » qui est un must pour toute personne s'intéressant à la création de caractères de près ou de loin, ou bien l’ouvrage collectif « Architecture et typographie » qui m'a ouvert les yeux sur le parallèle fort pertinent entre les créations d'un caractère ou d'une page et la création d'un espace à vivre. Et ceci pour ne citer que ceux qui me reviennent en mémoire, d'autres de ces livres notamment sur le design graphique sont devenus des incontournables références. Et sans oublier BackCover, une fort belle revue sur tout ce qui tourne de près ou de loin au graphisme.

Bref, c'est tout joyeux que j'ai reçu ma dernière commande contenant « Les contrepoinçons » de Fred Smeijers, un des rares livres traitant de ce domaine, fort méconnu de beaucoup de calligraphes et même de typographes, ainsi que « Max Bill / Jan Tschichold », ouvrage collectif regroupant des textes sur la célèbre controverse des anciens et des modernes qui anima le monde de la typographie dans la seconde moitié du XXe siècle. Je ne peux décemment pas faire en si peu de lignes un résumé de ces ouvrages tant ils méritent d’être lus de bout en bout pour pouvoir vous en faire une alléchante mise en bouche. Vous devrez donc encore patienter quelques semaines.

PS : au moment où nous mettons sous presse je reçois un livre de ces mêmes éditions B42 de Gérard Unger, « Pendant la lecture » qui s’attache à démonter le processus de la lecture, donc de la lisibilité, dont un certain nombre de créateurs de caractères amateurs devraient prendre des leçons.

>[Barnabé Xlii]

   
 6/6/15  MOV Une pause détente…

[Une pause détente…] En cette fin d’année scolaire trépidante, avec ses réunions, ses spectacles et surtout… la préparation au stage Graphos du 28 juin prochain, sur les correspondances entre calligraphie latine et arts martiaux d’extrême-orient, on doit se ménager quelques pauses détente, et je me propose de vous en offrir deux.

Tout d’abord un très joli petit film trouvé sur Facebook (gasp, me voilà trahi, oui, je l’avoue des fois je vais me perdre sur Facebook…) qui raconte la gestation d’un livre, depuis la composition typographiques, vous ne pensiez tout de même pas que je vous proposerai de l’offset ? jusqu’à la reliure en passant par l’impression sur une superbe presse à bras dite à deux coups, vous comprendrez pourquoi en regardant le film et bien entendu… Notez l’excellence de la typographie, dont je crois apercevoir qu’elle s’inspire du plus pur esprit de la Renaissance. Cliquez ici et régalez-vous, mais attention, l’historique de votre navigateur portera encore un temps la marque indélébile de votre passage sur Facebook !

Mais surtout, ce qui m’a régalé les yeux, explosé les neurones et ravi mon sens esthétique au plus haut point est un film publicitaire. Oui, chers lecteurs, vous avez bien lu, j’ai trouvé ce qui est pour moi graphiquement un des plus beaux films, dont l’image dégage une sensualité incroyable est un film publicitaire pour un fabriquant de papier. Car bien sûr, il fallait que cette publicité soit destinée à un public pouvant apprécier la beauté de l’image, et donc pas question d’imaginer une telle image aussi léchée, sublimement colorée faisant la promotion d’une lessive ou d’un rouleau de papier toilette (encore que…). Bref, fini les mises en bouches, allez-y cliquez ici et régalez-vous itou. Miam, moi-même à l’instant où j’écris ces lignes, je m’en recolle une petite dose, juste pour le plaisir. Notez tout d’abord que le site de ce fabriquant de papier est lui aussi très recherché et ma foi très beau, et surtout que vous pouvez visionnez à la suite tous les petits films cachés au fin fond des pages en allant directement sur la chaine Vimeo de GFSmith.

Je crois que nous avons là de quoi réduire à néant définitivement la thèse du virtuel en remplacement du réel, quand je vois ceci, je n’ai qu’une envie c’est d’aller toucher, humer, reluquer et voir même mâchouiller ce sublime papier. Quel régal de tous les sens !

>[Stankey Lubric]

   
 2/6/15  Bad Un robot… méchant !

[Un robot… méchant !] Dans la série des innovations technologiques qui font avancer le monde vers un bonheur toujours plus omniprésent, je vous avais parlé du canon automatique qui avait expédié dix-sept militaires auprès de leur créateur suite à un léger « bug » dans le logiciel de pointage. C’est à croire que l’homme n’apprendra jamais de ses erreurs, car il continue à donner de grands moyens d’actions à de malheureux cerveaux électroniques plutôt de faire fonctionner ses propres neurones. J’en veux pour preuve ce petit film hilarant, enfin d’un humour plutôt noir, illustrant la démonstration devant les journalistes d’une voiture qui se gare automatiquement toute seule, évitant ainsi à son chauffeur d’user ses précieuses capacités mentales à faire un créneau. Inutile de faire durer le suspense, vous vous doutez de ce qui arriva, la voiture fonce à toute allure dans les journalistes et en reverse deux, qui ne seront heureusement que légèrement touchés. Commentaires du constructeur « c’est normal, le « conducteur » a oublié d’allumer le détecteur de piétons » ! Personnellement, je dois dire que je me suis surpris à me tordre de rire à la fois devant le film et en lisant l’article et les commentaires des internautes, ce qui prouve de ma part un grand manque de charité envers mes pauvres congénères humains en général, et mes pauvres confrères informaticiens dans l’industrie automobile en particulier. Et je m’en repentirai bientôt… quand j’aurai fini de rigoler !

Une autre innovation va rendre le monde meilleur, c’est le développement d’un « méchant robot en colère ». Oui, vous avez bien lu, cette machine est destinée à simuler un individu en colère répondant à un appel téléphonique tels que les font les employés des centres d’appels, vous savez ces personnages parlant un français souvent approximatif et qui à longueur de journée vous dérangent dans vos occupations en tentant de vous vendre moulte marchandises ou services dont vous n’avez aucun besoin, ou  bien ceux à qui vous essayez de faire difficilement comprendre que votre machine laver toute neuve persiste à vider ses entrailles sur le sol de votre salle de bain et que ce n’est pas là un comportement normal. Personnellement, je trouve qu’il s’agit là d’un gâchis d’argent assez caractérisé. Car pour créer plus méchant qu’un humain, enfin que certains humains, ils vont avoir du mal, et je ne cite pas de noms. La nature a fait à la perfection ce que la technique ne peut qu’essayer d’approcher, sans doute avec assez peu d’efficacité. Et donc, plutôt que de développer des machines coûteuses, mieux vaut embaucher des personnes bien choisies et les laisser développer leur nature auprès des employés, ça améliorera en plus les chiffres du chômage. A moins qu’ils ne soient vraiment trop méchants ?

>[Calimero Beau]

   
 Mai 
 
 28/5/15  M$FT Pensez aux enfants !

[Pensez aux enfants !] Les tenants du tout électronique en classe passent à la vitesse supérieure. Après avoir signalé combien il était ringard et réactionnaire d’apprendre à écrire, et combien il était branché et bien plus efficace d’utiliser un clavier pour prendre des notes, ce que seules leurs études cautionnent bien entendu, voilà que Microsoft, pour ne pas le nommer, entreprend carrément d’essayer d’interdire le papier et les crayons en cours. « Ce n’est pas juste pour les élèves, quand est-ce que vous avez utilisé une craie pour vous exprimer ? Les enfants d’aujourd’hui envoient des SMS pas des lettres » argumente Lia De Cicco Remu, directrice de « Partners in Learning » (Partenaires de l’apprentissage) chez Microsoft Canada. Ainsi pour cette dame, ce que les enfants font naturellement est forcément bien et le processus éducatif ne doit absolument pas les contrarier. Et, si on la comprend bien, si le professeur n’utilise pas les dernières ressources de l’électronique pour les éduquer, il est coupable d’essayer de les enfoncer, et donc peut-être même passible des tribunaux ?

Ainsi je propose qu’on arrête de traumatiser nos chères têtes blondes en leur apprenant la propreté et plutôt d’acheter en quantité des couches culottes afin qu’ils puissent faire leurs besoins comme ils le font naturellement. Et une étude financée par Pampers montre que les enfants qui utilisent des couches jusqu’à l’âge adulte sont bien moins traumatisés que leur congénères que l’on torture à merci pour leur apprendre à faire dans le pot. De même, naturellement, les enfants jouent à des jeux vidéo et regardent des films toute la journée; essayer de leur faire apprendre à lire et à écrire est totalement inutile et provoque même des traumatismes graves quand ils lisent dans les journaux les nouvelles du monde ou quand ils se mettent à penser par eux-mêmes en utilisant ces objets du passé que sont les livres. Une étude financée par Nintendo montre d’ailleurs que le vrai bonheur est dans l’ignorance, les études provoquent fatigue, frustration, compétition parfois agressive, voir même mal à la tête, et surtout font travailler les neurones ce qui est très mauvais pour la santé.

Bien entendu, vu le prix d'une telle salle de classe toute équipée (de produits Microsoft, vous l'aurez compris) il faudra réserver l'éducation aux enfants les meilleurs et éviter de perdre son temps à éduquer les enfants de pauvres, les immigrés et les gauchistes dont l'éducation n'est pas rentable et représente pour l'état une grande perte de temps et donc d'argent.

J’arrête là les moqueries mais admettez que les propos de cette dame sentent bon la pompe à phynance microsoftienne, et je serais bien curieux de voir le résultat de son mode d’éducation sur ses propres enfants. Si bien sûr elle se l’applique à elle-même. Ce dont je doute tout de même assez fortement.

>[Pompon Pafinance]

   
 24/5/15  BnF Manuscrit des 12 césars

[Manuscrit des 12 césars] A mon avis, un des défauts du système culturel et artistique français est de décourager le mécénat. Les avantages fiscaux sont faibles, l’image du mécénat n'est pas vraiment bonne dans l’opinion publique et bien souvent, l’amélioration de l’image du mécène, quand il s’agit d’une entreprise, est bien plus efficace en bombardant d’une belle publicité ou en créant un gros buzz sur internet qu’en aidant financièrement telle ou telle organisme culturel en mal de budget. Alors que reste-t-il quand une vénérable institution comme la BnF se trouve devant une occasion d’acheter un document unique mais sans en avoir les fonds ? À utiliser le crowdfunding, le financement participatif, pour se mettre à la mode de ce phénomène du financement 2.0. Je dois vous avouer que j’y suis allé de quelques brouzoufs pour permettre à la BnF d’acheter le splendide manuscrit enluminé de la « Description des douze Césars avec leurs figures », notamment parce que cela me faisait un peu mal au ventre de voir un tel chef d’œuvre acheté par un particulier pour finir au fond du coffre d’une banque bien loin des regards admiratif des amateurs.

Et bien quelle n’a pas été ma surprise en recevant un mail me signalant que, quelques mois après l’achat de ce manuscrit, et donc en un temps record, la BnF permettait à tout un chacun de baver d’admiration en visionnant ce chef d’œuvre sur Gallica ! Alors là, je dois vous avouer que j’en suis resté baba. Mauvaise langue comme vous me connaissez, j’aurais parié que la contemplation de cet ouvrage serait limitée aux parisiens ou aux provinciaux fortunés qui peuvent faire le déplacement jusqu’au site de Tolbiac. Et bien non, pan sur le bec ! Tout un chacun, et moi y compris, avons la joie de pouvoir nous régaler et même analyser par le menu chacune des enluminures, nous gaver de cette belle bâtarde, je parle de l’écriture, vous l’aurez compris, et admirer en détail l'ensemble du chef d’œuvre. Bref il ne manque plus que l’odeur du vieux manuscrit et le doux frottement des doigts sur le papier pour nous imaginer que nous le tenons en main.

Alors là, je dis merci la BnF !

PS : bon, les parisiens ou provinciaux voyageurs pourront quand même l’admirer IRL à l’exposition qui lui est consacrée.

>[Manu Scrit]

   
 20/5/15  Lure Puces typo 2015

[Puces typo 2015] Comme chaque année, les Rencontres de Lure organisent fin mai, le 30 mai plus précisément, les Puces typo, une journée de rencontres entre les croyants et les pratiquants de la chose imprimée, c'est à dire entre les créateurs graphiques et ceux, comme vous et moi, je pense, qui en admirent la beauté. Je laisse la parole à l'équipe qui anime cette journée pour vous en faire monter l'eau à la bouche :

Le 30 mai vous pouvez venir chiner, flâner et découvrir des créateurs graphiques indépendants ou bien participer, exposer et vendre (inscription nécessaire).

Au programme :

• Rencontres avec les éditeurs, graphistes, créateurs et typographes indépendants.

• Présentation en avant-première de la semaine d'été des Rencontres de Lure 2015 : « Portrait / paysage : un monde de formats ».

• Découverte de la revue AprèsAvant #3 publié par les Rencontres de Lure (ça sentira l'encre !)

• Surprises et bonnes affaires pour tous les goûts et toutes les bourses.

• Tombola et snack-bar sur place, yes ! plus terrasse ensoleillée !

Cette journée aura lieu le samedi 30 mai entre 10h et 19h au 83 avenue Gallieni à Bagnolet. L'entrée est libre, mais vous pouvez prévoir des espèces, des esques plates, comme on entend dire parfois, pour ne pas vous retrouver le bec dans l'eau face à une superbe création qui vous aura tapé dans l'oeil.

Vous trouverez tous les renseignements sur cette page, et notez que vous pourrez aussi y découvrir le programme des Rencontres de cette été qui se dérouleront comme d'habitude fin août à Lurs en Provence et qui, je vous le rappelle, auront pour titre « Portrait / paysage : un monde de formats ».

Un rendez-vous à ne pas manquer, qu'on se le dise !!!

>[Mado Ré]

   
 17/5/15  HIW Restauration typo

[Restauration typo] Quand les étasuniens font les choses, bien souvent, ils y vont à fond. Que ce soit pour le bon ou le mauvais côté des choses, pas de demi mesure, pas d'atermoiements, pas de ces concertation sans fin, de discussions éternelles, on fait le job jusqu'à la fin. J'en veux pour preuve ce très beau site que m'a signalé un imprimeur aixois, un des derniers à faire de la vraie typographie avec de vraies presses typo. Sur ce site, un restaurateur de matériel ancien nous montre comment d'une série de tas de ferraille, littéralement, il arrive à faire renaître, tel des phénix, de splendides machines anciennes autour des métiers de l'imprimerie. Massicots, que les anglophones appellent guillotine hihi, presses platines ou cylindre, à partir d'épaves tenant à peine ensemble, ils démontent, nettoient, poncent, polissent, repeignent et remontent ces fleurons de l'industrie typographique datant bien souvent du XIXe siècle. Et cela donne ces merveilles dont ils nous régalent les yeux sur cette page, par exemple.

Alors bien sûr, se posent plusieurs questions. C'est très beau. Mais est-ce qu'une machine ne doit pas faire sentir son usage par de discrètes taches de graisse, des trainées d'huile ou des rayures sur la peinture ? Est-ce qu'ils ne sont pas en train de nous refaire Violet le Duc et son moyen âge idéalisé bien loin de la crasse des châteaux médiévaux ? Est-ce que ces machines tourneront à nouveau ou bien resteront-elles immobiles à jamais comme des fossiles que la vie et la création a quittés, de peur de voir arriver l'usure d'un fonctionnement pourtant bienvenu ? La beauté d'une machine est un hommage à ses concepteurs, certes, mais n'oublions pas ceux qui chaque jour donnent de leur temps, de leur sueurs et parfois de leur sang, les massicots le savent bien, pour que ces machinent enrichissent le monde de la beauté de leur production, surtout pour les œuvres typographiques, et non pas pour que l'on admire la belle peinture dorée qui n'aurait pas tenu une journée dans le cadre d'un usage normal de l'instrument.

Certes ces techniques ancestrales sont en voie de disparition, mais ne les laissons pas mourir, continuons d'entretenir le savoir faire des hommes plutôt que de faire de leurs outils des reliques immobiles et figées. L'homme pense parce qu'il a une main, nous dit Anaxagore, et pas parce qu'il a des outils, pourrait-on rajouter.

>[Mado Ré]

   
 13/5/15  2C Colloque en ligne

[Colloque en ligne] Une très fidèle lectrice du BdG me rapporte une page web tout à fait intéressante pour tous ceux qui s’intéressent au design graphique. Comme vous le savez peut-être, ou pas, un colloque à eu lieu à l’automne dernier sur le thème « Design graphique, les formes de l’histoire » organisé par le Centre National des Arts Plastiques ou CNAP pour les amateurs de cryptographie. Il s’est déroulé les 27 et 28 novembre 2014 au Centre Pompidou et à l’École nationale supérieure des arts décoratifs. Bon et alors ? me direz-vous. De toute façon, c’est passé et en plus faire le voyage Marseille Paris ferait prendre une telle cure d’amaigrissement à mes économies que je ne pourrais même plus participer au prochain stage Graphos (non que les stages soient onéreux, c’est plutôt l’aller retour en TGV qui est ruineux).

Et bien le site Indexgrafik, que je découvre à cette occasion, a mis en ligne le contenu complet du colloque, conférences et débats, pour les gens normaux, ni riches, ni parisiens, ni travaillant à la SNCF, puissent profiter de tout ce qui s’y est dit ! Et croyez-moi, je n’ai pas tout regardé, mais je note la présence de divers auteurs de livres qui m’ont laissé une fort belle impression comme Rémi Gimenez, Fred Smeijers ou Christopher Burke (vous n’avez qu’à googler chacun des noms si vous voulez savoir les livres qu’ils ont publiés). Pour les autres, je n’ai pas (encore ?) lu leurs œuvres mais ils sont sans doute tout aussi érudits !

Alors là, je dis merci parce qu’à part d’avoir la chance de ne pas être trop loin du lieu des sessions d’été des Rencontres de Lure, la Provence est fort éloignée du centre parisien où se passent tous ces beaux colloques, expositions et autres conférences qui me mettent la bave aux lèvres à chaque fois que j’en reçois les programmes.

Et voilà une façon bien agréable d’occuper les soirées de ces jours fériés qui se succèdent !

>[Nicole Oque]

   
 9/5/15  WTF? La Bible du Diable

[La Bible du Diable] Un moment de détente et d’errance sur le web m’a fait découvrir un document étrange dont je me dois de vous faire part. Il s’agit du Codex Gigas. Tout d’abord, je dois vous l’avouer, j’ai pensé à un « fake », comme on dit, c’est à dire un article bidon sur Wikipedia, du genre dont je vous parlais justement ces derniers temps. Mais il semblerait que le document existe et qu’il soit même publié sur la Bibliothèque Numérique Mondiale, ce qui en fait tout de même quelque part une star de la paléographie.

Alors pourquoi ces doutes ? Déjà, Codex Gigas est un latino-hellénisme bizarre puisque gigas est le nom d’une race de géants et non pas l’adjectif géant qui est gigantas. Deuxièmement, la Bible, car c’est une Bible, est surnommée « La Bible du Diable » à cause d’une enluminure de facture tout à fait naïve apposée sur l’un de ses folios. Franchement, on a fait plus beau ou plus terrorisant. Enfin, souvent ce genre d’ouvrages monumentaux, comme le Livre de Kells par exemple, sont des livres d’autel, destinés à être lus à distance et donc composés en écriture de grand module. Ce qui n’est pas le cas ici, alors pourquoi avoir utilisé de si grandes pages si ce n’est pas pour pouvoir y mettre une grande écriture ?

Mais, après quelques recherches, il a fallu me rendre à l’évidence, ce manuscrit du XIIIe siècle, de 320 feuilles d’un mètre sur cinquante centimètres, pesant soixante quinze kilos, composé sur des peaux de veaux ou d’ânes selon les sources, ayant nécessité quelques 160 animaux pour sa réalisation et manuscrit par un seul et unique scribe existe bien, vous pouvez en contempler chaque page sur le site de la Bibliothèque Numérique Mondiale. Bon autant vous dire, l’écriture n’est pas d’une grande régularité et cette espèce de gothique primitive ou de caroline tardive n’est pas un exemple à mettre sous le nez des calligraphes, mais quand on voit la taille d’une de ces pages, le volume de texte qui est nécessaire pour la couvrir, on ne peut qu’admirer la persévérance de ce scribe anonyme qui a du suer sang et eau pour produire un tel ouvrage. Et vu le nombre de bestiaux qui sont passés à la casserole pour donner leur peau pour chacun de ces feuillets, il y a du y avoir du rôti de veau tous les jours au monastère bénédictin de Podlaz¹ice !

>[Habib Le]

   
 5/5/15  9mm Ça soulage…

[Ça soulage…] « Je ne dis pas que c'est pas injuste, je dis que ça soulage ! » c'est par cette remarque non dénuée de bon sens que Horst justifie le coup de Jarnac qu'il vient de faire subir au gugusse de Montauban dans les Tontons flingueurs, sublimement dialogué par Michel Audiard. Je dois dire que parfois, les informaticiens ne sont pas loin de sentir monter des bouffées de colère dévastatrice envers les tas de ferraille dont ils essayent désespérément d'extraire une pensée cohérente, ou à tout le moins un travail utile. Dans les années 1980, on vendait des marteaux en mousse spécifiquement destinés à défouler les programmeurs ou autres utilisateurs d’ordinateurs quand, vraiment, il leur montait les abeilles, expression marseillaise imagée qui rend fort bien ce moment où tout ce qui peut vous tomber sous la main va devoir pâtir de la stupidité informatique (pléonasme).

Hélas, le commerce de cet outil bien utile a sans doute été stoppé puisque j’ai lu récemment que ce ne sont pas moins de huit balles de 9mm qu’un citoyen étazunien a tiré sur son portable Dell, le trouant ainsi comme une passoire. Je vous rassure tout de suite, la marque de l’engin ne fait rien à l’affaire, par contre le calibre des munitions doit sans doute être pour quelque chose dans l'efficacité de la réprimande. En tout cas il a publié la photo du résultat et je dois dire que cela m’a fait chaud au cœur de voir que certains peuvent aller jusqu'au bout de leur détestation informatique (pléonasme).

Bon certes, je pense que cela a du un peu inquiéter ses proches, car on peut facilement imaginer ce qui pourrait arriver si un soir les haricots ne sont pas assez cuits, les devoirs pas encore terminés à l’heure prévue ou l’assiette de croquettes insuffisamment léchée. L’épouse, les enfants ou le chien pourraient bien avoir à subir le sort de l’ordinateur avec des conséquences bien plus graves.

Mais en attendant, quand mon ordinateur rechigne à faire ce que je lui demande sans rouspéter ou s'évertue à me poser plein de questions débiles (« êtes vous sûr de vouloir vider la poubelle ? » hé, crétin californien, je viens juste de te le demander, je n’ai pas changé d’avis en une milliseconde !), je lui montre à sa petite caméra ce que son collègue a subi pour avoir été un peu trop loin dans l’incivilité informatique (pléonasme). Hélas, avec ses trois neurones et demi, ça ne le calme même pas… Quelqu’un connait un bon armurier ?

>[Emma Gnum]

PS : comme le souligne la journaliste avec beaucoup d'humour : on pense que la machine ne s'en remettra pas…

   
 Avril 
 
 28/4/15  Paléo Sagesse des anciens

[Sagesse des anciens] La paléographie est souvent considérée comme une science tout juste bonne à aider les généalogistes amateurs à retrouver leurs ancêtres jusqu’à Mathusalem, et même au-delà, surtout s’il s’avère qu’ils comptent dans leurs rangs un aristocrate quelconque, ayant participé aux croisades, c’est encore mieux. Notez que si on remonte assez loin, nous sommes tous les fils d’Adam, encore qu’en lisant vraiment les textes, la gestion familiale des premiers temps est assez confuse, et que le Premier Homme était forcément empereur de toute la Terre, et même du jardin d’Eden, ce qui vous pose en société, tout de même. En dehors de ce domaine, les paléographes sont considérés comme tout juste bons à passer des heures à déchiffrer une obscure charte qui permettait, quand ce n’est pas un faux, à une ville de s’exempter de tel ou tel taxe ou servitude. Bref, pour le dire brutalement, un métier totalement inutile.

Eh bien, détrompez-vous. Car m’est venu sous les yeux un article tout à fait sérieux, expliquant que sur un vieux manuscrit égyptien, on avait trouvé une information dont l’utilité traverse le temps, et que tout un chacun humain de toute époque, ne peut que considérer comme une information capitale, bref enfin quelque chose qui fait avancer l’humanité vers un bonheur presque prêt à être saisi. Non, pas l’emplacement ou est caché l’Arche d’alliance ou le secret de la pyramide de Khéops, ça tout le monde s’en fiche. Non, on a retrouvé la recette d’un remède que les égyptiens utilisaient contre la gueule de bois. Oui, vous savez, le lendemain de soirées particulièrement arrosées, ce qu’on appelle aussi la casquette de plomb, quand vous avez l’impression que toute source lumineuse vous fait exploser la cervelle, que le moindre bruit va faire fondre vos neurones et que vous n’avez qu’une envie c’est d’abolir le temps jusqu’à ce que vous reveniez à votre état normal. Certains tentent de la faire disparaître en utilisant des médicaments, d’autres soignent le mal par le mal et entament une nouvelle bouteille de blanc sec, les égyptiens antiques, eux, avaient recours au laurier d'Alexandrie (Danae racemosa), une plante peu connue pour son usage médicinal et qui servait, à l'époque, à fabriquer la célèbre couronne de lauriers. D’après le document trouvé dans la ville d’Oxyrhynque (à vos souhaits…) il suffirait d’en porter un collier pour voir immédiatement les effets délétères des orgies de la veille disparaître comme par enchantement. Enfin, c’est au moins ce que nous raconte ce document, mais les « Papyrus d'Oxyrhynque » ne contiennent pas seulement des « conseils naturels » pour fêtards. On y trouve également des remèdes contre les hémorroïdes ou les maux de dent. C’est dire si l’humanité souffre de toute éternité des mêmes maux, quoiqu’on puisse en croire vu depuis notre XXIe siècle postmoderne.

Alors remercions les paléographes de se pencher sur notre malheur et espérons qu’ils trouveront bientôt un remède antique et efficace à la bêtise humaine, ça ferait quand même bien avancer le schmilblick.

>[Rebecca Skate de Plont]

   
 23/4/15  Mai Mai de la Calligraphie

[Mai de la Calligraphie] Les hirondelles sont de retour, les arbres bourgeonnent, les pâquerettes commencent à parsemer nos pelouses, enfin celles qui échappent aux étudiants amoureux qui se bécotent à même le gazon, autre signe annonciateur que : le printemps est de retour ! Mais il y a un autre signe que seuls les calligraphes peuvent apprécier, il s’agit de l’annonce du programme du Mai de la calligraphie de Saint Amand les Eaux ! Et cette année comme par le passé, et j’espère comme encore longtemps dans l’avenir, cette manifestation aura lieu, hélas bien loin de nos garrigues provençales. Elle sera centrée sur une résidence d’artiste qui accueillera « le projet de la calligraphe latine Yveline Abernot portant sur le thème imposé de « la figure féminine ». Inspirée de quelques portraits de femmes et en particulier de certaines ayant marqué l'Histoire amandinoise (ndlr : hmmm le qualificatif d’amandinoise à lui tout seul fait rêver), l'artiste travaillera textes et compositions avec une grande sensibilité. Se sentant avant tout "femme et citoyenne du monde", Yveline Abernot perçoit le sujet comme particulièrement riche et inépuisable ! Cette 2e résidence d'artiste du Mai de la Calligraphie s'inscrit dans le cadre du « Printemps des femmes », événement culturel dédié à la condition féminine et à leurs combats, célébré à Saint-Amand depuis trois ans.

Installée dans un écrin de luxe, propice au développement de son inspiration (la salle Lannoy du Musée de la Tour Abbatiale), Yveline Abernot présentera une sélection d’œuvres récentes, ainsi que ses créations en cours du 1er au 17 mai 2015. Un riche programme d'animations, destinées aux petits et grands, permettra à tous les férus de bel écrit ou simples curieux, de découvrir le processus de création artistique en calligraphie et peinture, et de rencontrer en direct le créateur des œuvres. » nous dit le dossier de presse.

Et les photos des travaux d’Yveline Abernot nous montrent une grande originalité dans les styles, comme vous pourrez le constater par vous-même en feuilletant le programme que vous trouverez sur le site de Saint Amand. Et ce même programme vous propose stages, visites, portes ouvertes, bref tout ce qu’il faut pour faire vos premiers pas ou bien vous perfectionner en calligraphie latine, et en particulier, d’après ce qu’il m’en semble, l’anglaise qui fait également des ravages chez Graphos.

Bienvenue chez les Ch’tis calligraphes !

>[Amédée Lacally]

   
 19/4/15  Wiki Réalité consensuelle

[Réalité consensuelle] Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais quand j'ai besoin d'une information je vais sur Wikipedia. Bon certes, des informations sur un domaine autre que l'actualité, il faut une vraie pluralité des sources pour se faire une opinion, et sur un domaine autre que la cuisine, parce que les recettes sur Wikipedia sont minables, et rien ne remplace Marmiton.org. Mais sinon, mon réflexe est là, comme d'ailleurs, d'après les statistiques, une énorme majorité de l'humanité connectée.

Aussi suis-je effondré de voir que plusieurs études publiées récemment montrent que bien loin de s'auto-corriger comme le bon sens voudrait que ce soit le cas, les erreurs ou les fausses informations persistent longtemps sur Wikipedia. Non, je ne parle pas des pages personnelles que se concoctent quelques individus à l'ego surdimensionné en mal de renommée, non je parle de pages informatives, celles que vous et moi feuilletons tous les jours. D'ailleurs, un record vient même d'être atteint pour un faux dieu aborigène, Jar’Edo Wens (attention article polémique, mais en français), qui orne de sa page bidonnée l’encyclopédie des savoirs de l’humanité depuis plus de onze ans ! Et je gage que si on cherche de ci de là, dans les domaines bien abscons où seules quelques spécialistes au monde sont capable d’affirmer la vérité et la science, il doit trainer quelques milliers de pages, humoristiques ou pas, tentant désespérément de ne pas attirer l’attention des agents de la matrice.

Car oui, on oublie trop souvent que la vérité est bien loin de s’identifier au consensus des croyances, Wikipedia du temps de Galilée aurait affirmé que le soleil tourne autour de la Terre, car toute autre théorie aurait été impitoyablement censurée d’un « référence nécessaire » ou d’un « pourquoi  ? » qui parsèment les articles au contenu susceptibles d’entrainer une polémique.

Alors, mon rêve de grande bibliothèque recueillant tous les savoirs s’effondre, mille qui croient valent aujourd’hui mieux qu’un qui sait, ce qui est un peu, me semble-t-il, le reflet de notre société d’information où celui qui crie le plus fort a souvent raison. Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut ?

>[Louis Qi Pei Dia]

   
 15/4/15  BnF RELire et relire ?

[RELire et relire ?] La BnF bouge et c’est pour notre plus grand plaisir. J’ai découvert tout à fait par hasard le site ReLIRE qu’elle gère et maintient, site consacré aux livres indisponibles mais qui ne seraient théoriquement pas encore tombés dans le domaine public, donc des livres que les éditeurs ont délaissés sans que personne ne viennent les reprendre. Une nouvelle loi datant de 2012 permet à tout ceux qui voudraient mettre en ligne une version numérisée de ces livres, à partir d’un original trouvé chez un bouquiniste, ou bien tout éditeur qui voudrait en reprendre la publication de pouvoir s’adresser à la SOFIA, quel beau nom, pour négocier des droits d’auteurs que j’imagine minimes, en tout cas minimes par rapport au cout de la recherche des ayant-droits d’un ouvrage. Car cela sous entend de retrouver l’éditeur, mais souvent celui-ci a fermé, parfois sans suite et parfois repris par un autre qui peut lui aussi avoir ou pas baissé le rideau… idem pour l’auteur dont il faut retrouver les descendants, bien plus un travail de généalogiste que d’éditeur spécialisé ! Et c’est sans compté que souvent, les ayant-droits se voyant sollicités pour la réédition d’un livre imaginent que Rockefeller sonne à leur porte, que la Fortune en personne va venir les couvrir d’or, qu’ils sont devenus Crésus en une journée, bref, ils demandent de tel frais que la publication du livre devient impossible.

Alors cette loi, qui a fait grincer bien des dents, demande à ce que si aucun ayant-droit ne se signale pour un ouvrage, la SOFIA, une société de gestion des droits d’auteur créée pour l’occasion, soit en charge de négocier ces droits d’auteur, permettant ainsi à de petits éditeurs, pas forcément versés dans la recherche dans les archives poussiéreuses, de ressortir des livres à bas prix, surtout ciblés sur un public de spécialistes, j’imagine, sans risquer de se voir intenter un procès couteux et, pour la plupart, dévastateur.

Alors à vos souris, vous trouverez la liste des livres « abandonnés » ici et le site de la Sofia, là. Notez, c’est fort étrange, qu’existe aussi au Etats-Unis une loi du même tonneau pour les logiciels, créant le concept d’« œuvre orpheline » permettant à tout un chacun de mettre en ligne et de prolonger ainsi la vie des logiciels anciens mais souvent bien suffisants à un usage personnel.

>[Eleonore Feuline]

   
 1/4/15  1/4 Niouzes from ze fiches…

[Niouzes from ze fiches…] Alors que déferle sur le net les articles les plus hilarants, les plus délirants et les plus incroyables pour fêter dignement ce jour, hélas unique, consacré à la blague, je voudrais signaler à ceux d'entre vous qui ne le connaitraient pas encore un site qui pour ma part me régale tellement que je m'y rends régulièrement, et néanmoins virtuellement, le plus souvent possible. On y trouve moulte fausses nouvelles souvent en lien étroit avec l'actualité, mais au lieu d'un humour gras et parfois malsain que l'on voit fleurir ici ou là, les fausses informations sont toutes empreintes d'un second degré qui porte certes à sourire mais aussi souvent à réfléchir. Que peut-on demander de mieux à l'humour ?

Ce site c'est le Gorafi, et il a la particularité d'avoir été pris et repris par des hommes politiques ou des journalistes pour de l'information réelle, allant jusqu'à être cité dans les médias sérieux comme une source d'information digne de foi. C'est dire le soin que certains journalistes prennent de vérifier les informations qu'ils nous infligent.

Je vous laisse le soin de parcourir ce site et d'y dénicher les perles rares qui vous feront sourire, rire voir même vous esclaffer, pour ma part je retiendrai cette information, qui me fait dire que finalement l'information sur internet peut être fiable, voir même pertinente et que ce n'est pas toujours sur les sites les plus sérieux qu'on peut trouver la vérité vraie !

Avec le Gorafi, c'est tous les jours le premier avril !

>[Hervé Lefiche]

   
 Mars 
 
 31/3/15  Expo Denise Lach

[Denise Lach] Si vous lisez cette colonne depuis plus de quelques  jours, vous devez connaître Denise Lach. Nous vous en avons déjà parlé moultes fois, le plus souvent pour ses livres, qui ont l’avantage d’être disponible dans toute la France, voir même au-delà des frontières, et plus rarement pour ses expositions, qui sont parfois bien loin de nos bases et dont la restriction des émissions de gaz à effet de serre nous empêche de visiter.

Mais cette fois-ci, les provençaux auront de la chance, la prochaine exposition de Denise Lach aura lieu à Grignan, à l’initiative de Terres d’écriture et de sa présidente Christine Macé à partir du 6 avril prochain. C’est donc une chance unique de voir dans la vraie vie les travaux de cette artiste dont l’approche de la calligraphie est non seulement singulière, je vous recommande son livre « Jeux d’écriture » s’il n’orne pas déjà les rayons de votre bibliothèque, mais aussi très mouvante et évolutive. Je m’explique. Un certain nombre d’artistes en général ou de calligraphes en particulier, une fois qu’ils ont trouvé un style, s’y tiennent, n’en changent plus et pendant des années vont nous faire du Machin, aisément reconnaissable et identifiable, un style certes original quand il a été créé mais qui s’épuise bien souvent au fil des années. L’intérêt du travail de Denise Lach, mais elle n’est pas la seule heureusement, c’est qu’à chaque fois que je vois un de ses travaux récents, je découvre une nouvelle façon de travailler, un nouveau style, une nouvelle recherche esthétique. Et pourtant, on retrouve un fil rouge, une voie dans ses travaux, elle suit son chemin dans une direction sans s’éparpiller dans le tout et n’importe quoi créatif.

Bref, j’espère vous avoir convaincu qu’il vous faut absolument connaître ses travaux, par ses livres tout d’abord, qui vous laisseront scotchés, j’en suis persuadé, par ses expositions si vous avez la chance d’en avoir une près de chez vous, les travaux dans la vraie vie recèlent mille fois plus de finesse que les reproductions des livres et des affiches, et enfin si possible, rencontrez-là comme j’ai eu la chance de le faire l’été dernier aux Rencontres de Lure, vous découvrirez une artiste heureuse d’expliquer son parcours, ce qui ne vous en fera que plus admirer son travail.

PS : je me rends compte à mon grand étonnement qu'elle ne semble pas disposer d'un site internet personnel ? Cependant vous pouvez mieux la connaitre en visitant le site de Terres d'écriture ou bien en regardant cette très belle vidéo qui la montre à l’œuvre lors de son dernier passage à Grignan.

>[Bernard Dutrait]

   
 27/3/15  N&B De l'usage des outils…

[De l'usage des outils…] Les outils merveilleux que nous propose internet sont comme tous les outils, de mauvais outils peuvent servir à de bonnes choses et, certains pessimistes prétendront que c’est le cas de la majorité d’entre eux, de bons outils peuvent avoir de désastreuses utilisations.

Si vous avez lu attentivement la colonne de gauche, vous avez du y remarquer une citation de Georges Clooney, « Je préférerais me faire examiner la prostate en direct à la télévision par un type aux mains bien froides plutôt qu’avoir une page Facebook ». Certes, cette citation date un peu, le BdG ne fait pas son âge, mais il commence néanmoins à accumuler les années et il y a fort à parier que Georges s’y est mis depuis, autant une star internationale comme lui ne peut se passer de communiquer à tout moment.

Mais c’est une bonne nouvelle sur laquelle je suis tombé l’autre jour par hasard, car si Facebook est un outil plutôt futile, on y trouve néanmoins un compte ouvert par Gallica, la célèbre bibliothèque numérique de la BnF et joie sublime, ce compte est ouvert au public non abonné, dont je suis ! Depuis, quand personne ne me regarde, que je suis sûr que les enfants sont couchés et que l’épouse est en vadrouille, je me rends sur la page de Gallica et je me régale des mille et une nouvelles, concours et autres jeux d’érudition qui nous sont proposés, ne serait-ce que pour admirer les innombrables documents de naguère et jadis, qui font revivre pour tous les internautes un temps où un livre était encore sur papier, imprimé dans une belle typographie avec une mise en page choisie et, avec un peu de chance, illustré par de somptueuses gravures ou lithographies bien loin de la quadrichromie omniprésente avec ses couleurs pauvres et ternes.

Mais s’il est de mauvais outils ayant trouvé, au moins partiellement un bon usage, il est aussi de bons outils détournés de leur fonction vertueuse par des gougnafiers n’ayant qu’une idée en tête, laisser le monde dans un chaos bien plus grand que celui dans lequel ils l’ont trouvé en entrant. J’en veux pour preuve cette demande de financement participatif pour un lance-flammes portable, qui, les imbéciles volent en escadrille, a trouvé rapidement le financement demandé pour fabriquer en série cet engin dont je ne préfère pas imaginer l’usage que certains peuvent en faire... « O tempora o mores » comme le disait ce bon vieux Marcus Tullius.

>[Olga Lika]

   
 23/3/15  OMG Convertir les IAs !

[Convertir les IAs !] J'adore les extrémistes parce qu'ils ne doutent de rien. Ils ont la vérité, vivent dans leur petit monde organisé selon leur petit dogme et ne songent pas un seul instant que dans le monde réel, leur position peut prêter pour le moins à sourire, voir même à rire, voir même à s'esclaffer, voir même dans les cas les plus graves, à en pleurer de désespoir. Mais au moins ils osent. « Les c..s ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît » nous enseigne Michel Audiard.

J'en veux pour preuve les propos tenus par le Révérend Dr. Christopher J. Benek (sic) qui propose tout simplement que le jour où les ordinateurs atteindront (enfin ?) l'intelligence, qu'ils seront autonomes, qu'ils auront un esprit enfin reconnu comme sorti de la machine, bref, que nous serons incapables de faire la différence entre l'intelligence d’un humain et celle d’un tas de silicium, ce cher révérend suggère que l'on essaye fissa de les convertir au christianisme ! Et il pense même qu'on a des chances d'y arriver. Je tremble rien qu'à y penser. Parce que si les chrétiens peuvent le faire, d'autres aussi, et extrémistes pour extrémistes, on va se retrouver bientôt avec toute une bande d'ordinateurs fanatisés auxquels notre paresse aura confié les clés du monde. Et alors là, on va vraiment rigoler, enfin durant les quelques secondes avant la fin finale. Imaginez la bande de Gaza informatique, la Syrie informatique voir même Daesh informatique ! Vu l'omniprésence des ordinateurs dans le monde moderne, depuis les montres, les téléphones, les voitures voir même les réfrigérateurs, imaginez une voiture refusant de démarrer les jours de shabbat, un distributeur de biscuit refusant de vous donner à un petit en cas pendant la journée au cours du Ramadan ou une cuisinière refusant de vous laisser cuire de la viande durant Carême en invoquant la clause de conscience ! A mon avis, on verrait bien vite revenir à la mode les valeurs de la laïcité !

Bref, sans vouloir rentrer dans une vaine polémique, « je ne parle pas aux c…s, ça les instruit » disait Michel Audiard, je propose tout de même que l'on interdise tout contact entre les prêtres de quelque religion que ce soit avec un ordinateur plus intelligent qu'une calculette quatre opérations. Et on verra s’ils font toujours les malins !

>[Madmacs]

   
 19/3/15  Argh Illustrations…

[Illustrations…] Je ne sais pas si vous allez de temps en temps voir les propositions de livres électroniques, ebook pour les gibis, que ce soit ceux d’Amazon ou d’autres sites, mais une chose est sûre, rien qu’à la première vision on devine que le « graphiste » qui a fait la couverture n’est sans doute pas vraiment du métier. Je crois deviner que c’est souvent l’auteur qui s’y colle, et autant on ne peut juger de la qualité de son texte sans acheter le livre en question, horresco referens, autant il apparaît au premier regard que la première de couv’ justement, est d’une indigence assez remarquable. Je me demande même si on arriverait à créer de telles horreurs en essayant volontairement de bucher le genre.

Tout d’abord la typo choisie est souvent d’une rare banalité, entre ceux qui prennent directement l’Arial que sort leur PC, ceux qui cherchent la classe en utilisant le Trajan quasi universellement utilisé depuis quelques années pour les affiches de cinéma, voir pour les plus créatifs, une typo trouvée sur un site de polices gratuites, reconnaissable facilement à la désastreuse gestion des approches qui caractérisent les créateurs de caractère amateurs (et je ne parle même pas de l’esthétique globale).

Mais là où on atteint le summum, la cerise sur le gâteau, c’est sur l’illustration. Depuis le dessin visiblement réalisé par un « artiste » dont l’âge ne doit pas dépasser dix ans jusqu’au montage photo à partir d’éléments divers, d’éclairage et de colorimétrie tout a fait disparates, détourés à la hache vraisemblablement à partir de photos prises avec un téléphone, en passant par les créations graphiques du plus mauvais gout, avec couleurs saturées, dégradés omniprésents et photos banales sans doute libres de droit .

Si vous voulez rigoler, au mieux, ou trouver une raison (de plus) de vous pendre, au pire, ne manquez pas ce fil tumblr, en anglais hélas, qui regroupe les plus « marquantes » de ces couvertures. Une preuve de plus, s’il en fallait, que le graphisme est un métier.

>[Mehdi Zaïneur]

   
 15/3/15  Revue Art de l'Enluminure

[Art de l'Enluminure] Petite piqure de rappel concernant une excellente revue qui continue son petit bonhomme de chemin depuis de nombreuses années, maintenant, je veux parler de la revue « Art de l’enluminure ». Cette revue trimestrielle nous présente à chaque numéro des reproductions d’un manuscrit enluminé particulièrement intéressant, parfois connu mais souvent tiré des trésors que contiennent les petites bibliothèques municipales, départementales ou régionales. Notez qu’elle est associée à une autre non moins prestigieuse « Art et métiers du livre » toutes deux éditées par Faton. Imprimées luxueusement en couleurs sur du beau papier, elles sont un régal de lecture et d’étude.

Mais si j’évoque le numéro en cours d’Art de l’enluminure, c’est que ce trimestre ils ont fort judicieusement choisi de mettre en lumière les « Grandes chroniques de France ». Je vous entends déjà vous exclamer, mais c’est la tarte à la crème des manuscrits enluminés, offert à notre admiration de nombreuses fois, notamment à la même BnF lors de l’exposition sur Fouquet. Et bien non. Justement, là où le choix est fort judicieux c’est qu’ils ont choisi un exemplaire bien moins connu des Grandes chroniques de France, le ms français 2608 qui est certes moins prestigieux que celui de Fouquet (ms français 6465) mais fait découvrir un de ces trésors méconnus dont je vous entretenais justement quelques lignes plus haut. Avec son texte en une bâtarde absolument époustouflante de régularité mais aussi de souplesse, c’est tout de même un manuscrit royal de Charles VI, donc de belle facture, dans un style d’enluminure bien moins « classique », je dirais, que celui de Jean Fouquet mais bien plus sensible.

Les plus rapides d’entre vous auront déjà vu que le manuscrit numérisé est accessible en ligne mais si ce numéro d’Art de l’enluminure comme ses prédécesseurs fait la part belle à la reproduction de tout ou partie des pages de ce livre d’exception, on y trouve aussi une étude historique et stylistique de ce manuscrit qui vous fera voir et comprendre bien plus que ce que vous pourriez retrouver en affichant juste les pages dans votre navigateur, et je ne parle même pas du plaisir sensuel à feuilleter une si belle revue.

Alors courrez vite à la maison de la presse la plus proche ou, bien mieux, abonnez-vous à ces deux belles revues et profitez ainsi régulièrement non seulement des magnifiques reproductions de ces manuscrits, mais aussi des savantes analyses qu’en font les érudits du domaine !

>[Armand Luminure]

   
 11/3/15  KLi Rencontres à Luxeuil

[Rencontres à Luxeuil] Pour se reconnaître entre passionnés d’un même domaine, il est souvent facile de lâcher un mot ou une expression qui, si elle est reprise, vous fera savoir sans aucun doute que vous avez affaire à la bonne personne. Chez les typographes, graphistes et autres gens de lettres, parlez de Lurs, il y en aura toujours un pour noter qu’en dehors de l’affaire Dominici, ce petit village provençal est le lieu de rencontre tous les étés des plus passionnés de la chose imprimée, et calligraphiée je vous rassure, et ce depuis plus de soixante ans. Pour les amateurs d’écritures anciennes, paléographes amateurs ou professionnels, il suffit de citer Corbie ou Luxeuil pour que s’allume dans leur regards cette flamme qui accompagne la reconnaissance d’un être proche de soi, tant ces bourgs perdus ne sont connus pour rien d’autre que l’écriture née dans les abbayes qu’ils ont hébergées, au temps lointain de Mérovée. En effet, Corbie et Luxeuil sont deux types d’écriture mérovingienne les plus connus parmi les dizaines que compte ce genre et elles ont été particulièrement bien étudiées au point que l’on a parfois pu reconnaître la « patte » de tel ou tel scribe et reconstituer ainsi des carrières entières de moines copistes.

Tout ceci pour vous annoncer qu’aura lieu à Luxeuil les 2 et 3 mai prochain, un stage sur l’écriture justement de Luxeuil animé par Bruno Gigarel, que je ne m’oserai pas à présenter, tant il est une célébrité dans le monde, certes peu étendu, de la calligraphie de haut vol.

Mais ce stage ne sera qu’un prélude, une introduction, que dis-je, une mise en bouche aux prochaines « Rencontres européennes de calligraphie » qui auront bien entendu pour thème l’écriture mérovingienne et qui auront lieu les 3 et 4 octobre prochain à Luxeuil pour fêter dignement les 1400 ans de Saint Colomban. Elles rassembleront tout le gratin de la calligraphie, de la paléographie bref de tous les passionnés de l’écriture manuscrite des temps passés, et plus particulièrement de l’époque de Mérovée et de ses successeurs. Est-il besoin de rappeler que l’écriture mérovingienne est une des plus créatives, des plus fantasques voir même des plus délirantes de l’histoire, tant par la richesse de ses nombreuses variantes que par le fait qu’à l’époque, tout critère de lisibilité venait à être abandonné au profit du débordement de paraphes, d’étroitisation, de gigantisme des hastes et des hampes, bref, une période de créativité débridée, Bref, une grande époque de liberté graphique avant la normalisation carolingienne qui mettra de l’ordre dans tout ça en uniformisant l’Europe avec son écriture caroline.

Allez vite sur le site de Luxeuil, découvrir tous les événements prévues pour cette année festive et bien entendu ce stage et ces rencontres, à ne manquer sous aucun prétexte !

>[Edmée Rovingienne]

   
 7/3/15  Typo Jeux typo

[Jeux typo] La vie de calligraphe est peut-être une ascèse, vous diront certains, mais il ne faut surtout pas en oublier le côté ludique, à la fois dans la créativité débridée auquel elle peut donner lieu mais aussi dans la manière d'éduquer son œil à toutes les subtilités du maniement de la lettre.

Ainsi, la lettre peut, elle aussi, s'apprendre de façon agréable, et j'en veux pour preuve tous les jeux qu'a réuni un bienfaiteur de l'humanité sur cette page web. Je vous avais parlé de certains d'entre eux, comme KernMe ou Shape, mais beaucoup vous seront sans doute comme à moi totalement inconnus, une bonne raison d'aller les essayer. Il y en a des plutôt faciles, comme justement KernMe qui laisse quand même une part d'approximation dans les résultats qu'il demande mais d'autres sont franchement quasiment infaisables à moins d'avoir un écran parfaitement calibré comme RGB Challenge où il s'agit de reconnaitre une couleur parmi trois en ayant ses trois coefficients RGB, et ne croyez pas qu'ils se cantonnent à des couleurs bien reconnaissables ! Pas mal non plus pour exercer votre vision des couleurs, « The color! » dans lequel il s'agit de cliquer le plus rapidement possible sur une case d'un tableau ayant une couleur différente de toutes les autres. Ca parait facile au début mais quand le nombre de cases augmente et que les différences de couleurs diminuent, le challenge devient vraiment serré.

Beaucoup de ces jeux sont gratuits et peuvent être fait en quelques secondes, ce qui est idéal pour un peu de détente instructive à la pause de midi, mais d’autres comme TypeRider sont de vrais jeux demandant concentration et persévérance. Mais tous, conçus sans doute par des graphistes pour des graphistes ont un design d’une belle élégance, souvent d’une grande simplicité, et sont un régale pour les yeux en même temps qu’un bon moment de détente pour l’esprit.

PS : profitez-en pour visiter le reste du site qui sent vraiment le vécu du graphiste, comme cet article sur le design patronal, particulièrement bien vu, hélas.

>[Solange Typo]

   
 3/3/15  Typo Sacrés caractères

[Sacrés caractères] Je vous avais parlé il y a quelque temps de la semaine typo qui avait eu lieu sur France Culture, semaine au cours de laquelle s’étaient succédés quelques beaux documentaires sur la fondation Bodmer ou l’Atelier de Création Typographique, pour ne nommer que ceux qui, très subjectivement, m’ont particulièrement marqué.

Au cours de cette semaine, on nous avait annoncé la future réalisation de petits films sur la typo, mais ma mémoire de poisson rouge avait carrément remisé l’information au plus profond de la poubelle mémorielle. C’était sans compter la vigilance sans faille d’une fidèle lectrice du BdG qui m’a envoyé un lien sur la page regroupant sous le nom de Sacrés caractères ces douze petits films consacrés chacun à une typo bien particulière. Alors il y a les incontournables, Helvetica, Comic Sans ou le Times New Roman, mais il y a aussi d’agréables surprises comme l’Auriol, le Gotham ou le Trajan. Chaque film de quelques minutes explore souvent avec une belle dose d’humour l’histoire, la connotation ou les utilisations célèbres de ces polices. Pour ceux qui les connaissent, c’est une bonne occasion de rigoler un peu et d’admirer les subtiles associations que peuvent donner ces polices et pour les autres, c’est là encore une façon à la fois ludique et instructive d’aborder le monde de la typographie, en espérant ne plus jamais revoir une affiche comme celle-là dont, personnellement, je trouve qu’elle utilise la typo d’une manière pour le moins… euh… moche.

Cette série et son réalisateur ont bien entendu une page Fessebouc correspondante, page qui est visible par tout un chacun sans s’inscrire, merci Thomas Sipp, sur laquelle vous retrouverez quelques infos supplémentaire sur la genèse et la réception de cette série.

>[Rocco Miquesant]

   
 Février 
 
 28/2/15  Film Imitation game

[Imitation game] Étant donné ma grande admiration pour Alan Turing, je suis allé voir « Imitation game » au cinéma. Bon déjà, je ne comprends pas la flemme qui prend nos distributeurs dès qu’il s’agit de traduire les titres des films. Soit c’est un bon titre et il faudrait le traduire pour que tout le monde comprenne, je rappelle qu’il y a des français qui ne parlent pas anglais et c’est justement ceux-là qui devraient aller s’éduquer au cinéma, soit le titre est mauvais et la traduction est alors une grande occasion d’en trouver un meilleur !

Mais hélas, ce n’est pas le seul défaut du film. Je ne sais pas quelle manie prend les scénaristes de vouloir absolument faire rentrer les personnages dans des cases stéréotypées, et ici dans celle du scientifique solitaire et asocial, qui a raison envers ses chefs, ses collègues et le reste de l’humanité mais qui finalement démontre brillamment son génie et finit acclamé de toutes et tous qui se repentent de ne pas avoir su déceler son immense génie, sauf le méchant dans un coin qui enrage et reviendra se venger dans le film du retour de la revanche du fils de. Ce stéréotype était peut-être encore possible il y a quelques siècles où on pouvait faire avancer la science avec trois bouts de fil de fer et un peu de jugeote, mais il y a bien longtemps que ce n’est plus qu’un fantasme de réalisateur hollywoodien. Alors pourquoi vouloir absolument nous montrer le contraire ? Sans doute pour être sûr que le film sera bien lisse et que les spectateurs ne seront pas trop sortie de leur routine, des fois que cela provoquerait chez eux, horreur, une envie de réfléchir. Dans une société de consommation, le cinéma est là pour distraire et surtout pas pour faire penser ! Pas de scène à la Brokeback Mountain, l’homosexualité avérée de Turing est juste évoquée, pas de bisous ni de coucherie entre garçons, et encore moins dans sa phase collège, qui choquerait la morale bien pensante, on suggère juste que ce n’est pas bien de le persécuter pour ça mais c’est tout.

Ensuite il y a cette manie de romancer des faits connus historiquement, quitte à tordre le cou à la réalité, pour mieux conforter le spectateur dans ses idées reçues. Où est Alonzo Church avec qui Turing a travaillé toute sa vie et qui est le co-auteur d’un de ses théorèmes les plus audacieux, celui sur la calculabilité ? Pourquoi appeler la machine « Christopher » alors qu’elle s’appelait « La Bombe » ? Pourquoi dire qu’il a construit sa machine tout seul alors qu’il est parti d’un prototype polonais qui avait déjà fait ses preuves et qu’il a été accompagné par des électriciens, des mécaniciens, et toute une équipe pour arriver à construire et faire tourner la Bombe ? Pourquoi ne mentionner ni Babbage, ni Ada Lovelace, ni Pascal, ni Jacquard, ni, plus près de nous Von Neumann qui ont défriché avant lui le terrain alors vierge de l’informatique balbutiante, et prétendre que nos ordinateurs sont des machines de Turing, ce qui est informatiquement faux ? Pourquoi tout centrer sur cette machine alors que ses théorèmes, certes plus compliqués à expliquer au spectateur moyen, sont bien plus audacieux, innovants et ont bien plus fait avancer le domaine scientifique que la Bombe qui a sans doute sauvé bien des vies, mais qui n’est qu’une application concrète de ce qu’on savait déjà à l’époque ?

Alors certes, j’ai bien compris le propos, il ne faut surtout pas choquer, ni faire réfléchir ou éduquer les adolescents qui peuplent les cinémas, mais au contraire leur expliquer que l’individualisme est la seule voie de la réussite, que les autres sont tous incapables de reconnaitre leur génie et que plus ils trouveront des gens qui tenteront de leur expliquer qu’ils se trompent, plus il faudra qu’ils persistent dans leur opinions. J’ai un garçon de dix-sept ans à la maison et je vous garantis que régulièrement alimenté par ce genre de film, ce n’est pas du gâteau à gérer tous les jours.

>[Madmacs]

   
 24/2/15  K12 Enfants rois, enfin presque

[Enfants rois, enfin presque…] Les États-Unis sont le royaume de l’enfance. Tout est épargné aux enfants, ils sont choyés et protégés à l’excès… avec certains effets pervers, certes rigolos, mais tout demême relativement inquiétants quand on pense à ce que deviendront ces enfants une fois à l’âge adulte.

N’essayez pas de gronder votre enfant en public aux US, tous les adultes alentour vous feront les gros yeux et les plus vindicatifs iront sans doute jusqu’à vous sermonner vertement. Ne laissez surtout pas votre enfant faire pipi contre un arbre, si c’est un garçon, oser le laisser dévoiler sont petit moineau en public vous mènera tout droit au poste en tant qu'exhibistionniste grave voir même pédophile avéré. Quand à lui donner une tape sur les fesses, n’essayez même pas, vous serez abattu sans sommation pour maltraitance aggravée.

Mais la mauvaise conduite est également sévèrement réprimée chez les enfants gravement déviants, comme l’actualité récente (hélas, en anglais seulement) vient de nous en donner un exemple. Un enfant de neuf ans a été renvoyé pendant une journée de son école primaire parce qu’il avait menacé un de ses petits camarades… de le faire disparaître en lui envoyant un sort tiré de Bilbo le Hobbit ! « Aucune menace sur des camarades ne sera tolérée » a signalé leur surveillant, « qu’elle soit magique ou pas ! » La principale de l’école a été plus mesurée « tout ce qui concerne les enfants est confidentiel ». Elle est sans doute bien embêtée par la franche rigolade suscitée par cette sanction dans le monde entier connecté à internet, au détriment bien sûr de la réputation de son école, qui se nomme « Kermit », comme la grenouille du Muppet Show, ça ne s’invente pas. Bien pire, c’est la troisième fois que ce jeune délinquant multirécidiviste est renvoyé, et les deux fois précédentes pour des délits d’une toute aussi extrême gravité. Il avait auparavant qualifié un de ses camarades de « noir » alors que celui-ci est… noir ! Notez qu’il n’a pas dit « sale noir » ni « nègre » ni tout autre insulte raciste, juste « noir » au lieu du politiquement correct « africain-américain ». Une journée de renvoi. Mais le pire reste la cause de sa deuxième exclusion : il a osé amener à l’école une encyclopédie scientifique pour enfants où l’on voyait… que les âmes sensibles arrêtent de lire… où l’on voyait… j’ose à peine mentionner la chose tant je suis saisi du plus profond dégout… où donc il y avait un schéma montrant… horresco referens… une femme enceinte ! Mais oui, pas une femme nue enceinte, pas une coupe anatomique, non, juste une femme enceinte, comme il s’en trouve, je pense, quelques dizaines qui chaque matin et chaque soir viennent chercher leur bambin à l’école pendant que le suivant est encore en gestation.

Alors vous comprenez qu’il est normal de sévir devant des crimes aussi graves, mettant en danger toute la population de l’école. Combien aurait été bien préférable qu’il débarque avec un 357 magnum dans la poche, auquel cas, il aurait sans doute eu droit à un petit sermon et en aurait été quitte pour promettre de ne pas revenir avec… une arme de calibre supérieur au .45 ACP, que j’imagine tolérée pour la défense personnelle de tout citoyen, telle qu’elle est garantie par la constitution.

La morale de l’Amérique est à ce prix !

>[Raymond Précieux]

   
 20/2/15  Aïe Insoutenable…

[Insoutenable…] Un sujet fait énormément débat aujourd’hui sur la toile quant à savoir s’il convient de mettre en libre accès des vidéos au contenu « insoutenable ». Tout a commencé il y a quelques années alors que, sous un prétexte d’édification du public, un certain nombre de vidéo ont émergé montrant la « cruauté » de l’humanité envers les animaux. On y voyait telle tribu reculée tuer un chien pour le manger, telle communauté primitive sacrifier un bœuf ou bien tel bande de gamins mal élevés filmer leur vengeance sur tel ou tel animal qui avait eu le mauvais gout de leur déplaire. Notons que personne n’est allé voir nos abattoirs, bien plus civilisés. Et puis, on est passé à nettement plus « hard » avec l’émergence de Daesh, de l’Etat Islamique et autres mouvements fondamentalistes musulmans. Ces organisations ont vite compris que si elles voulaient se faire connaître, il convenait d’envahir les réseaux sociaux. Et quoi de mieux et de plus facile que de filmer décapitations, lapidations, exécutions diverses et même parfois immolation par le feu. L’efficacité du marketing de ces organisations est telle, couplée avec une joie non dissimulée de l’extrême droite montrant enfin au monde entier toute la barbarie des « arabes », qu’on ne peut plus ignorer ces images insoutenables où l’on massacre de façon la plus barbare des êtres humains, qui, je vous le rappelle, ont une famille, des amis et ne peuvent se voir réduire au rôle de sujet de propagande. Et encore, n’ayant pas la télévision, je suis épargné de maints cauchemars en ne cherchant jamais sur youtube à voir toutes ces atrocités.

Mais l’esprit humain est parfois bien étrange car une autre vidéo a reçu son compte de critiques. Cette vidéo est une démonstration d’un nouveau type de robot ayant la taille et l’aspect d’un gros chien, et dont les concepteurs, pour montrer l’efficacité de son équilibre, n’hésitent pas à lui donner de grands coups de pieds, à la jeter sur une plaque de verglas, bref à lui faire subir toutes sortes d’avanies (et framboise) pour montrer comment le bestiaux arrive à rester droit sur ses quatre pattes, non sans avoir des mouvements assez proches d’un animal biologique. Des personnes se sont plaintes que l’on faisait subir à cet engin des traitements inhumains. Non mais, allo la terre ! C’est une machine ! C’est comme si on trouvait inhumain de faire crisser la boîte de vitesse de sa voiture ! Ou de découper le couvercle d’une boite de conserve ! Tout cela me rappelle un superbe livre des années 90 « La Conscience expliquée » de Daniel Dennett dans lequel l’auteur montrait que la compassion humaine repose non pas sur la nature de la créature qui souffre, mais sur l’expression de sa souffrance. Ainsi on peut fort bien exécuter des femmes et des enfants qui ne manifestent pas extérieurement de souffrance, mais se trouver bien mal de devoir maltraiter une machine qui gémirait ou pleurerait ou bien qui laisserait échapper un liquide rouge sous les coups.

Ah, l’âme humaine recèle bien des mystères…

>[Robby the Robot]

   
 12/2/15  ^ 5 ans de soleil

[5 ans de soleil] Ah je vous disais récemment que les images de l'espace peuvent être tellement belles qu'elles nous font relativiser nos petits tracas quotidiens. Et un nouvel exemple nous en est donné par l'anniversaire des cinq ans du Solar Dynamics Observatory (SDO de son petit nom) véritable observatoire de la météo de notre étoile favorite, en tout cas celle qui nous est tant utile quand nous rôtissons sur la plage. La NASA a regroupé dans une petite vidéo de quelques minutes les plus beau instants du soleil tels qu'observés dans diverses longueurs d'ondes par ce merveilleux outil.

Rappelons nous que ces petites taches font chacun des milliers de kilomètres de diamètre, que ces éjection de masse coronale qui ressemblent à ce qui arrive quand on ouvre une bouteille de bière un peu trop agitée sont en fait des colonnes qui s'élèvent à des dizaines de milliers de kilomètres et que certaines de ces tornades sont si puissantes que nous en recevons les gouttelettes, si l'on peut dire, sous forme d'aurores boréales (ahhh) ou de perturbations électromagnétiques (aïe) dans les jours qui suivent.

Mais que tout ça est beau !

>[Sol Invictus]

   
 6/2/15  Vu House of books

[House of books] Je ne sais pas vous, mais moi, j'aime les livres. Les regarder, les toucher, les sentir, les feuilleter, en apprécier la lettre, la mise en page, les illustrations éventuelles, même parfois les lire, bref, c'est un plaisir de tous les instants. Quand je vais visiter des amis, la première chose que je regarde est s'il y a une bibliothèque et quel est son contenu. A mon avis, ce simple examen en révèle bien plus sur la personnalité intime de mon hôte que des heures de bavardage souvent mondain et convenu.

Alors quand un grand photographe se rend dans les bibliothèques les plus prestigieuses des grandes institutions, il doit sans doute aussi pouvoir en percevoir l'intimité, hors de toute communication formatée et filtrée par les relations presse. Est-ce que le bâtiment est clair ou obscur ? Moderne ou bien ancien ? Est-ce que les étagères vont jusqu'au plafond ou bien reste-t-elles à hauteur humaine ? A-t-on besoin d'une échelle pour atteindre les plus hautes étagères ? Les tables de lecture sont-elles alignées en vastes rangées ou bien chacune a-t-elle son intimité ? Groupent-elles les lecteurs par huit ou bien sont elles individuelles ?

Je ne peux que vous recommander d'admirer les splendides photographies que Franck Bohbot a faites de ces hauts lieux de conservation et d'adoration de la chose imprimée, bien entendu pour y admirer les rangées de livres dont on imagine que sous la couverture se déploie l'art de la typographie à son sommet, mais aussi les tables, étagères et autres décors somptueux qui servent d'écrin aux précieux volumes. Ah qu'on aimerait y être !

>[Habib Liautèkh]

   
 2/2/15  Bits Cybercondriaque…

[Cybercondriaque…] Un jour où vous aurez la déprime, que vous verrez tout en noir, que vous penserez sérieusement à vous acheter une corde, ce jour là, lisez « Trois hommes dans un bateau » de Jérôme K Jérôme. Ce petit concentré d’humour britannique, d’autodérision et de nonsense à leur sommet vous fera rire à un tel point que certaines fonctions corporelles normalement parfaitement maitrisées pourraient en ces moments sortir de votre strict contrôle. Bref allez faire pipi avant de lire ce livre.

Une des scènes les plus drôles dure plusieurs pages et explique la façon dont son oncle essaya de planter un clou dans un mur pour y accrocher un tableau. Je m’en souviens encore de A à Z. Mais, moins drolatique, grand-guignolesque et branquignol, il y a un passage dans lequel l’auteur, vieux gentleman anglais confit dans le flegme et le savoir-vivre, l’auteur donc, lit une encyclopédie de médecine et se voit affligé de toutes les maladies qui y sont décrites sauf une : l’arthrose des femmes de ménage, et cette exception est vraisemblablement due au statut social de notre britannique, totalement incompatible avec une maladie de si basse extraction.

Si je vous parle de tout ceci, c’est parce qu’il m’est tombé un article récemment sous les yeux concernant une nouvelle forme d’hypocondriaque, ce sont les cybercondriaques. Eh oui, si vous avez lu attentivement notre post du 15 janvier, vous savez qu’il vaut bien mieux expliquer ses symptômes sur un forum public, plutôt que se rendre à l’hôpital où rodent sans doute quelques médecins avides de faire monter les statistiques de mortalité de la population mondiale ! Et dans ce cas que se passe-t-il ? Préoccupés par la santé de leurs semblables, une foule de médecins amateurs se pressent pour vous expliquer toutes les maladies les plus graves dont votre petit symptôme est bien évidemment le premier stade, en attendant la phase terminale qui vous mènera tout droit au cimetière. Et ce genre de comportement n’est pas en passe de disparaître parce que si vous êtes au fait des nouveautés technologiques, vous aurez noté que toutes les nouvelles montres connectées, servent principalement à vous surveiller la tension, le rythme cardiaque, le nombre de calories que vous ingérez ou dépensez, bref, un bon vieux regardage de notre nombril assisté par ordinateur, qui, n’en doutons pas, vous signalera tout ce qui peut aller mal dans votre pauvre petit corps et donc pourra directement diagnostiquer votre gravissime maladie, et donc prescrire tout aussi automatiquement les remèdes fort onéreux qui vous sauveront la vie n’en doutons pas.

Bizness is bizness, et je crois que Jérôme K Jérôme n’aurait pas manqué de se gausser de ce nouveau travers technologiquement assisté !

>[Madmacs]

   
 Janvier 
 
 28/1/15  ^ Là-haut…

[Là-haut…] Quand l'actualité est morose, que le monde tourne au grisâtre et que mes frères humains me paraissent régresser au stade de la bête féroce, bref pour apporter quelques grammes de douceurs dans ce monde de brutes, comme le vantait la pub d'un chocolat, je reprends la bonne vieille recette des romantiques du siècle d'avant, le XIX, j'essaye de faire l'expérience du sublime de la nature. Oui, vous savez, ce sentiment si bien exprimé par les peintres de cette époque qui montrent un personnage face à un paysage dont la beauté le transcende, dont la grandeur l'infuse et dont la majesté le porte au delà de l'humain.

Bon, ben je ne sais pas vous, mais moi c'est quand je regarde des photos d'astronomie que je décolle. Même si elles ne montrent que notre pauvre globe terrestre vu d'en haut, mais encore plus quand elles nous dévoilent les profondeurs de notre univers, ces petits points dont chacun est une galaxie aussi imposante que la Voie Lactée ou même plus, alors que simplement d’imaginer la taille réelle du système solaire fait tourner les neurones en purée.

Et je ne dois pas être le seul, vus la floraison, le bouillonnement, bref, l'explosion de ces sites qui nous montrent les plus belles photos de nos télescopes géants, qu'ils soient sur notre bonne vieille terre ou dans l'espace. Il y a d'abord près de nous les extraordinaires photos et vidéos prises depuis la station spatiale internationale, l'ISS en bref, qui nous montrent que, vu de haut, toute l'agitation qui nous remue tous les jours n'est que peu d'importance face à l'immensité ne serait-ce que de notre globe. Quelques taches de lumière ça et là dans la nuit attestent de la présence de l'homme, mais quelle dérision par rapport aux incroyables aurores boréales filmées depuis l'espace.

Et pour finir dans l'immensité de l'espace profond, une belle rétrospective sur les photos dont Hubble nous abreuvent pour notre plus grand délice depuis 25 ans, voyez plutôt ici ou là !

C'est quand même plus beau que des massacres, des lapidations et des décapitations, non ?

>[Agnès Passe]

   
 24/1/15  SPQR Herculanum

[Herculanum] Vous savez sans doute que la plupart des livres écrits par les auteurs antiques ont disparu. Certains ont malheureusement été perdus lors d'incendies de bibliothèques, mais une bonne partie a tout simplement été censurée par les seuls détenteurs de la culture pendant dix siècles, j'ai nommé les moines. On a ainsi gardé une très grande partie des textes de Platon alors qu'on a perdu tous les écrits d’Épicure, vu que l'un était considéré comme un chrétien avant l'heure, je n'exagère pas, et l'autre au contraire comme incompatible avec les dogmes de l'église majoritaire, donc passé à la trappe. Toute ressemblance avec une situation actuelle dans certains pays n'est que pure coïncidence.

Heureusement la première mondialisation qui a eu lieu à la Renaissance nous a permis de retrouver parfois certains écrits perdus via les transcriptions qu'en avaient faites les arabes. Pour les malheureux qui n'ont eu la chance de plaire ni aux musulmans ni aux chrétiens, et ils furent nombreux, black-out.

Heureusement il y a aussi Herculanum. Comme quoi, ne catastrophe naturelle peut avoir de bons côtés. A Herculanum, une bibliothèque d'un érudit fut ensevelie lors de l’éruption du Vésuve en 79 après JC, et par un miracle incroyable, les rouleaux furent brulés suffisamment lentement pour qu'ils ne se désagrègent pas immédiatement. Ils ont été retrouvés et depuis, plusieurs tentatives ont été faite pour en retrouver le texte. Certains rouleaux pas trop endommagés furent déroulés et on découvrit ainsi, entre autres, des textes de Lucrèce, continuateur romain d’Épicure, justement, et de Philodème de Gadara, un de ses disciples. Une solution est peut-être trouvée pour la majorité des rouleaux trop fragiles pour être déroulés, il s'agirait d'utiliser la tomographie de rayon X en contraste de phase pour détecter l'épaisseur de l'encre qui a servi à écrire sur les papyri, pluriel cuistre de papyrus. Ne me demandez pas ce de quoi il s'agit, lisez ici si vous êtes curieux, nous ne fournissons pas l'aspirine en cas d'explosion cérébrale.

Rêvons du retour du refoulé antique, de la découverte de nouveaux textes oubliés depuis deux millénaires, garnissons nos bibliothèques de maints ouvrages érudits, en cas de réveil des volcans d'Auvergne, c'est peut-être la meilleure façon de leur faire traverser le temps !

>[Jasper Culanome]

   
 19/1/15  OMG Charlie, le retour

[Charlie, le retour] Je ne gloserai pas sur l’effet « je suis Charlie », mais je suis toujours amusé, en même temps qu'effondré, de voir la pensée unique à l’œuvre, amenant dans la rue des millions de gens dont une bonne partie, deux semaines plus tôt, auraient craché sur Charlie Hebdo moultes rasades de venin, au mieux. « Je suis Charlie » sans doute, mais surtout pour récupérer quelques miettes électorales. Gageons que la prochaine fois que le monde du journalisme satirique osera déborder un peu du strict respect du bon goût, ces mêmes hommes politiques qui défilaient dimanche dans la rue, leur feront parvenir via des avocats puissamment armés de vertueux articles de loi, quelques feuilles de papier bleu et des plaintes dûment enregistrées. Comme d'habitude, ils s’efforceront de les faire taire, avec des moyens bien moins définitifs que la kalachnikov, certes, mais tout aussi efficaces. Je suis sûr qu’ils doivent bien se marrer là haut… ou pas.

Heureusement, bon nombre de dessinateurs humoristiques ont bien noté le déferlement de la bien-pensance à l’œuvre, la palme revenant à mon avis à ce dessin paru dans Rue89 qui retourne une des couvertures célèbres (maintenant) de Charlie Hebdo.

Tout ceci pour vous signaler un petit trait d’humour que les typographes ne pourront pas manquer d’apprécier sous la forme d’un dessin d’un blog que je vous conseille de suivre, l’« Actualité en patates », lequel a produit à mon avis, une bonne série depuis la semaine dernière, série que je vous conseille de parcourir en toute hilarité !

>[Jesu Is Charlie]

PS : à l'heure où nous mettons sous presse, tout est rentré dans l'ordre, le Pape a clairement limité le droit de se moquer à tout ce qui ne concerne pas sa religion, certains politiques ont prétendu que finalement ils l'avaient bien cherché et ceux qui recherchent à tout prix une visibilité médiatique ont lâché les petites phrases qui leur ont permis de passer au 20h de TF1… bref, l'humanité est retombée à son niveau de réflexion de base.

   
 15/1/15  Killer doctors

[Killer doctors] Je vous en parle parfois, les chercheurs font en permanence plein d’études bizarres, parfois inutiles, et les Ig'Nobel Awards se font alors un plaisir de les recenser, parfois tout simplement étranges. Et leurs résultats sont parfois encore plus bizarres que le sujet de l’étude lui-même. Ainsi, une équipe de chercheurs a décidé d’étudier le taux de survie de patients atteints de grave dysfonctionnement cardiaque suivant que lors de leur arrivée aux urgences, les cardiologues étaient à leurs postes habituels ou bien en congrès à l’autre bout du monde, car tout le monde sait qu’on étudie bien mieux la cardiologie sur une plage aux Seychelles que dans les banlieues crasseuses de nos mégalopoles. Bon, déjà le sujet de cette étude était un tant soit peu… risqué, pour le moins, quelque soit le résultat attendu. Mais vous vous doutez bien que si cette étude est aussi largement diffusée, c’est que les résultats sont encore plus inattendus : il y a une augmentation de 45% de la mortalité quand les médecins sont présents par rapport au taux mesuré quand les médecins sont en congrès, on passe de 24.8% de taux de mortalité quand le cardiologue est en service à 17% quand il est à la plage ! Bon, il reste maintenant à expliquer cette différence, certains avancent le fait que l’absence du médecin entrainerait l’application de procédures de survie moins risquées en attendant son retour, mais les statistiques ont aussi été faites sur la survie à 30 jours, or le cardiologue est en général revenu avant la fin de ce délai.

Je vous vois venir avec vos gros sabots, mais l’article ne mentionne nullement le fait que les cardiologues ne soient qu’une guilde d’assassins camouflés, ou de vampires en blouse blanche ou simplement totalement incompétents. Ces hypothèses sont donc totalement exclues et doivent être considérées comme non-scientifiques, non mais alors !

>[Aimé de Saint]

   
 11/1/15  Argh Fumer tue

[Fumer tue] Fumer est très mauvais pour votre santé, ça vous le savez sans doute, mais cela peut aussi être mauvais pour la santé de… votre ordinateur ! Non, je ne vous parle pas des effets extrêmement néfastes de la fumée sur les ventilateurs, filtres et autres radiateurs que contient votre machine favorite. Si vous fumez, vous n’avez qu’à ouvrir votre ordinateur et vous aurez une idée de l’état de vos poumons, et pour l’avoir fait alors que j’étais un adepte de l’herbe à Nicot, je peux vous garantir que ça vous refroidit promptement.

Non, ce qui est dangereux pour votre ordinateur ce sont les cigarettes électroniques. Ah ben ça alors, vous entends-je répliquer du fond de votre bureau, mais la fumée de ces engins n’est guère différente de celle des cigarettes, sinon que l’achat de l’appareil et celui des couteuses recharges enrichit plutôt les firmes chinoises que l’état français… Et bien justement. Il semblerait que certaines sociétés chinoises fournissant ce genre de produits aient trouvé un moyen facile et pratique d’accéder aux ordinateurs européens en insérant un petit circuit ad-hoc dans les chargeurs USB de leurs cigarettes électroniques, circuit qui permettrait à ces firmes de prendre discrètement mais à volonté le contrôle des ordinateurs des fumeurs.

Décidément, fumer est un danger pour la santé de toute la famille, y compris les nombreux ordinateurs qui peuplent nos appartements. Heureusement, vos poumons ne disposant pas de prises informatiques, ils restent encore sous votre contrôle… pour un temps !

>[Sissy Garette]

   
 7/1/15  Non Je suis Charlie

[Je suis Charlie] Alors là, non. Pas Cabu, pas Wolinski, pas les journalistes, pas les autres non plus. Non. Pas d'accord.

 

 

>[ZePF]

   
 5/1/15  Vite Exposition Apeloig

[Exposition Apeloig] Vite vite, plus que quelques jours pour aller voir l’exposition Philippe Apeloig à la galerie Zola de la Bibliothèque Méjanes à Aix en Provence ! Si, comme moi vous avez attendu le dernier moment pour vous y rendre, je ne l’ai fait pour ma part qu'aujourd'hui même, je ne peux que vous inciter à vous déplacer, elle est absolument passionnante. Tout d’abord on y voit les superbes affiches créées pour de nombreux événements culturels, dont la Fête du Livre aixoise de l’automne, ceci explique cela, mais aussi pour divers théâtres et exposions y compris les siennes, belle mise en abîme. Mais surtout, on y montre aussi pour chaque affiche, toute une série d’alternatives qui n’ont pas finalement été retenues, ainsi que certaines étapes décisives mais habituellement invisibles qui ont permis la réalisation du travail final. Sur les cartels, une explication est également souvent donnée sur le processus et les idées de base qui ont servi au choix de l'affiche définitive.

Prévoyez quand même une petite heure pour avoir vraiment le temps de tout lire, de faire des comparaisons et surtout d’admirer les affiches en grandeur nature très bien mises en scènes dans ce lieu pourtant difficile. Mais dépêchez vous, l’exposition se terminera samedi soir par une conférence de Philippe Apeloig en personne en tant que bouquet final !

>[Cathy Po]

   
 1/1/15  2015 Bonne année !

[Bonne année !] Toute l'équipe du BdG émerge difficilement de ses brumes alcoolisées pour vous souhaiter une bonne année 2015, riche de belles écritures calligraphiées, typographiées ou même gravées dans la matière que vous choisirez !

Le BdG qui atteint l'âge respectable de neuf ans (et un mois pour être tout à fait exact) continuera à vous faire part de tous les événements concernant l'écriture sous toutes ses formes (n'hésitez pas à nous en informer) mais aussi de ses coups de gueule et billets d'humeurs divers, plus ou moins politiquement corrects, sur lesquels tous vos commentaires sont les bienvenus à notre adresse mail habituelle.

Alors profitons de ce nouvel élan vers la lumière, car comme vous le savez sans doute, s'il n'y a pas de solution alors il n'y a pas de problème !

>[ZeBdG]

   



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Eugène Poubelle
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